vendredi 24 septembre 2010

Les choses.

Le jeu des sept différences :

Depuis mon arrivée, j'ai relevé 7 éléments de la vie quotidienne qui ne sont pas pareils dans notre Douce France et aux States... Petit contest...

Les transports

Bon, je suis désolée, mais là, Paris gagne sans aucune hésitation ! Le réseau de bus et de métro de ma tendre capitale est incontestablement meilleur qu'à DC.

> Explications :
Le métro de DC est très sombre ; quand on entre dedans, on serre les paupières comme pour s'habituer à l'obscurité. Aux arrêts, les noms des stations sont si mal indiqués qu'une fois sur quatre on reste dans le wagon au lieu de descendre. Quoi de plus malin en effet qu'indiquer le nom de la station en l'écrivant à la verticale, sur un pilier planté de façon oblique, sur un panneau noir sachant que TOUT dans la station est gris ou noir ?... Je vous le demande. Par ailleurs, le réseau des métros de DC ne se compose que de 6 lignes, soit moins de la moitié du nombre de lignes à Paris. En outre, sur ces 6 lignes, 2 sont "doublées" (allez savoir pourquoi...) si bien qu'en réalité, on n'a que 4 lignes à proprement parler. Ajoutez à cela qu'il s'écoule en moyenne 3 minutes entre deux arrêts, qu'aux dits arrêts, la porte du wagon met en moyenne 45 secondes à s'ouvrir, 45 secondes à se refermer... Et vous comprendrez pourquoi on a plus vite fait de se déplacer à pied. Trevor a essayé de m'attendrir en m'expliquant avec le sourire que le métro de DC était un "baby metro"... A tort ! Le métro de DC est un "granny metro" !
Quant aux bus, je ne m'en suis servi que deux fois jusqu'à présent, mais j'ai déjà eu le loisir de faire deux tristes constatations. D'une part, autant avoir de la monnaie sur vous quand vous avez un ticket à acheter, car le chauffeur met vos sous dans une machine qui NE REND PAS LA MONNAIE... mais ça, évidemment, il vous le dit après coup ! (Sinon c'est pas rigolo...) Et puis sachant que les Américains sont fainéants, qu'ils ont des gambettes mais qu'ils ne savent pas s'en servir, ils plantent leurs abribus à peu près tous les 10 mètres. De sorte que, certes, les arrêts sont plus courts que dans le métro, mais que quand vous voulez allez à 500m à vol d'oiseau, il faut bien compter 30 minutes de trajet en bus (en priant Sainte-Rita pour qu'il n'y ait pas de bouchon bien sûr...).

Les infrastructures de sports et de loisirs

Cette palme-là revient au pays d'Arnold Schwarzenegger, de Sylvester Stallone et de Bruce Willis bien sûr !

> Explications :
Les Américains mangent mal, c'est un fait. Ils mangent trop gras, ils mangent trop sucré, ils mangent trop tout court.
Néanmoins, contrairement à chez nous, ils valorisent vraiment beaucoup plus les activités physiques. Tout sur le campus est fait pour promouvoir le sport. Toutes les infrastructures sont « gratuites » à partir du moment où nous sommes en mesure de prouver que nous sommes bien étudiants à GW. Toutes sont ouvertes tôt le matin et jusqu'à tard dans la nuit. Si bien que TOUS les étudiants pratiquent à un moment ou un autre un sport ou une activité physique dans la semaine.
Juste à côté de mon dorm, nous avons un immense gymnase, abritant des salles de sports co', des salles de yoga, des studios de danse et de théâtre, des salles de gym, des salles de muscu' avec des rameurs et autres engins à gogo pour viser les gros biscotos, une piscine couverte... Dans la banlieue de DC, à 15 minutes en navette, GWU possède une annexe : le Mount Vernon Campus, qui s'apparente beaucoup aux campus américains classiques type Johns Hopkins pour le coup... Sur ce campus, nous avons accès à d'autres salles du même type, ainsi qu'à une piscine en plein air, à des terrains de base-ball / la-crosse / football américain / soccer, etc.
Le grand entretien de ces derniers coïncide d'ailleurs avec la promotion permanente des équipes de sport de l'université. Je vous ai déjà parlé des basketteurs... Contrairement à en France, les performances sportives sont mises à l'honneur autant que la réussite intellectuelle. Qu'importe s'ils ont le QI d'une huître, les joueurs de l'université seront des joueurs pro' d'ici 3 ou 4 ans. Par conséquent, on les bichonne et on les support fièrement dans les gradins, même s'il faut se déplacer aux quatre coins des États-Unis le week-end pour ça !

Le retrait d'argent

A ce niveau-là, le système américain est encore gagnant, même si ça ne tient qu'à moi bien sûr...

> Explication :
Les distributeurs d'argent (ATMs) ne sont pas très répandus ici. On est loin d'en trouver à tous les coins de rue, et quand on en trouve un, souvent on lui fait cadeau de $2 ou $3 parce qu'il n'appartient pas à la banque dans laquelle on possède un compte...
Pour remédier à ces petits inconvénients géographique et pécuniaire, les Américains ont inventé un système que je trouve fort astucieux : le cash-back ! Le principe est simple : quand vous allez faire vos courses, au moment de passer à la caisse, on vous demande si vous voulez du cash-back ou non. Ne vous emballez pas ; la caissière ne vous propose pas de payer vos achats. Elle vous propose simplement de payer davantage que le montant de vos achats par carte bleue et de vous rendre ensuite la différence en espèces... Ainsi, chaque fois que vous allez au supermarché et que vous demandez du cash-back vous remettez dans votre porte-monnaie $20, $40, ce que vous voulez... en espèces, sans avoir payé de commission pour cela, et sans avoir eu à parcourir 10km pour trouver un distributeur émanant de votre banque !

Les supermarchés

Le point précédent m'amène à me pencher d'un peu plus près sur le cas « supermarchés » et à déclarer vainqueur ma mère-patrie.

> Explication :
Les States, c'est LE pays de l'excès. Le pays où tout est plus gros, plus grand, plus diversifié, plus ceci, plus cela...
Pourtant, malgré leur offre impressionnante, ils n'ont toujours pas « percuté » que monter un supermarché proposant à la fois des légumes, des yaourts, du démaquillant et du papier-toilette dans un MEME local rencontrerait un grand succès. Le concept de notre bon vieux Carrefour où le terreau se trouve derrière les raviolis et la litière pour chats non loin du lait en poudre leur est encore inconnu...
Voilà pourquoi, depuis mon arrivée, j'essaie d'intégrer que quand j'ai besoin de légumes, de pâtes, de produits « secs », etc. il faut que j'aille au Trader Joe's sur la 24th Rue ; quand j'ai besoin de yaourts et jus de fruits, il faut que j'aille au Safeway dans le Watergate (si si, LE Watergate !!!) au bout de ma rue ; quand j'ai besoin de shampoing ou de coton, il faut que j'aille au CVS. Etc.
Pratique, n'est-il pas ?

Les noms des rues

Alors là, difficile de désigner vraiment un gagnant et un perdant. D'un point de vue pratique, les States l'emporte ; du point de vue du charme, la France l'emporte...

> Explication :
Washington (du moins le centre-ville) est une ville qui a été construite de toutes pièces et sur une période assez restreinte à la fin du XVIII° siècle, contrairement à Paris ou Besançon qui ont été construites, partiellement détruites, reconstruites, agrandies, élargies... des dizaines de fois en je ne sais combien de siècles. Par conséquent, la capitale américaine est très fortement quadrillée, au sens propre. Les pâtés de maison font globalement tous la même superficie, les lignes sont bien droites, les angles bien à 90°, etc.
A défaut d'histoire longue peut-être (ce n'est qu'une supposition), les Washingtoniens ont par conséquent décidé de baptiser leurs rues en fonction de leur direction et de leur position les unes par rapports aux autres. Les rues s'étendant d'ouest en est ont ainsi pour noms des lettres (j'habite H Street par exemple), tandis que les rues allant du nord au sud ont pour noms des chiffres (cf. l'adresse de Trader Joe's). Quant aux rares rues obliques qui sillonnent quand même la ville, les habitants sont allés chercher les noms bien loin... puisqu'elles s'appellent comme les différents États composants les States : Pennsylvania Avenue, Connecticut Avenue, Virginia Avenue, etc.
Ce système a l'avantage d'être très pratique ; quand je dois me rendre quelque part, je prends souvent le pari de sortir sans livre ni plan... Mais c'est vrai qu'il manque de charme : pas de mystérieux noms d'hommes politiques ou de poètes maudits tristement tombés dans l'oubli, pas de noms de batailles napoléoniennes, pas d'évocation de petits ruisseaux ou variétés d'arbres... Sniff...

La bibliothèque

Sur ce point, je ne peux pas dire que les US battent la France. En revanche, je peux affirmer sans mentir que GWU bat LARGEMENT Pipo...

> Explication :
Ici, comme pour le sport, tout est fait et prévu, structurellement parlant, pour que chacun y trouve son compte. L'étudiant à GWU paie si chers ses droits de scolarité ($42 000 l'année) que les administrateurs estiment qu'il doit pouvoir travailler dans les conditions qu'il préfère.
Par conséquent, la bibliothèque obéit à cet impératif et comporte un nombre de places largement supérieur au nombre des étudiants (Richie, toi qui veux imiter les facs américaines, pourquoi ne copierais-tu pas ça ?), réparties entre :
- des boxes comme pour les chevaux : des espèces de bureaux fermés par des planches de contreplaqué de chaque côté, avec un PC au centre (ça c'est pour toi Cécile...) ;
- des poufs et des coussins dans des salles recouvertes de moquette, pour ceux qui aiment faire leurs readings vautrés dans du moelleux (Popi, ça t'irait teeeeeellement bien !...) ;
- des tables pour travailler en petits groupes dans des salles où il est permis de chuchoter (Richie, tu devrais ENCORE prendre exemple...)
- des tables individuelles dans des petites salles closes ressemblant à des cellules monacales ;
- des chaises dures au dossier bien droit rivalisant avec les chaises de Vyt ;
- des chaises qui tournent, montent, descendent, s'inclinent ;
- des fauteuils de dentiste (bon, là, j'exagère...).
Résultat : si on fait abstraction de la merveilleuse bibliothèque de Mount Vernon, ça donne une Gelman Library à 2 blocks de mon dorm, comportant 9 étages, et ayant toujours de la place en veux-tu en voilà. Ajoutez à cela le fait qu'on a le droit de boire autant de thé/café qu'on veut en travaillant, livres sur la table ou pas, vous obtenez une bibliothèque universitaire qui fait office de paradis !
NB : Et puis comme j'ai un peu envie de me la péter, j'en profite pour ajouter ici le petit plus de la Gelman Library : GWU a l'honneur de stocker sur tout le 9ème étage toutes les archives dé-classifiées de la CIA depuis sa création... Et oui ! On a la classe à Washington ou on n'y est pas... ;-)

Le fromage

En tant que moitié-normande (mon côté camembert/crême fraîche), moitié-franc-comtoise (mon côté comté/cancoillotte/sapin/clarines et j'en passe !) , le fromage devait FORCEMENT constituer un article sur ce blog ! A lui tout seul, ce critère devrait réellement être décisif et faire pencher la balance générale sur « les petits détails qui font la vie quotidienne » en faveur de ma France chérie...

> Explication :
Le fromage américain est tout bonnement un scandale ! Impossible de trouver un bon fromage ici (bon, c'est vrai que je refuse de mettre $15 dans un fromage mais quand même...) ! Du fromage fibreux mis sous vide dans ce qui s'apparente à une saucisse blanche, au cheddar au goût et à la texture de plastique fondu (à l'exception du cheddar Amish, mais ça, j'en n'ai pas racheté, depuis que j'ai réalisé qu'il était fabriqué par des gens qui n'avaient ni l'eau courante ni l'électricité...), le fromage ici est un crime contre l'humanité ! Les légumes méditerranéens, je peux faire sans... Les p'tits Lu aux pépites de choc', je peux faire sans... Le chocolat extra-noir, je peux faire sans... Même le pain, du moment que je trouve du pain de mie ou des begels, je peux faire sans... Mais alors le fromage, vraiment ça, ça me manque ! A ce niveau, les Ricains ont encore beauuuuuucoup à apprendre !...

Résultat et conclusions de ce tableau comparatif donc :
Il n'y a pas de grand vainqueur ! Mon pays d'origine et mon pays d'adoption ont chacun des défauts et des qualités, mais à bien des égards, ma douce France reste inimitable !...

mardi 21 septembre 2010

The lady came TO Baltimore

Vendredi dernier, Marine et moi nous sommes rendues dans le Chinatown de DC, mais pas pour y manger des nems... Seulement pour y prendre un bus chinois, de la compagnie low-cost Megabus, direction Baltimore, le temps d'un WE ! Objectifs : rendre visite à Louise, mon amie qui effectue sa 3ème année à Johns Hopkins University, Aymeric un autre Pipo qui était dans la classe de Marine l'an dernier ; manger des crab cakes, LA spécialité culinaire de la ville ; voir le port, autrefois le premier port américain sur l'Atlantique ; voir les gratte-ciels au bord de l'eau.

Après pas loin de 2h passées dans le bus en raison des bouchons à la sortie de DC (la distance DC-Baltimore n'est pourtant que de 65km, ndlr), nous arrivons enfin à Baltimore, livrées à nous-mêmes non pas dans le quartier chinois de la ville comme nous nous y attendions, mais sur le parking d'Ikéa (prononcer « Aïe-qui-ah » ici...) à une bonne trentaine de minutes encore du downtown de Baltimore. Louise étant en train de faire du bateau quelque part dans la baie de Baltimore, Aymeric étant sans voiture, nous sommes un petit peu dans la panade. Fort heureusement, 20 minutes plus tard, un taxi passe miraculeusement sur le parking... Après moult péripéties, après $25 dollars dépensées chacune et pas $8 comme c'était initialement prévu, notre bienfaiteur à roulettes nous dépose enfin sur Charles Street, au cœur de Baltimore. Il est 18h et nous sommes devant le domicile d'Aymeric, qui nous attend tout sourire avec du cranberry juice.

Nous visitons sa charmante petit maison en briques rouges, qu'il partage avec une autre Française de Pipo, un Américain, une Américaine, un Péruvien, et un Français de l'ENS. Après ça, Aymeric nous emmène faire le tour du campus de Johns Hopkins University, à quelques blocks en amont dans la rue. Là, c'est l'immersion totale dans le cinéma américain : un campus très vert, clairement délimité par des grilles contrairement au nôtre, vallonné, alternant pelouses, parterres parfaitement soignés et vieilles bâtisses en briques rouges, avec des clochetons et des fenêtres à croisillons blanches. Un stade, une piscine, une salle de sport, des dorms, des cafétérias... Des écureuils partout, pour ma plus grande joie. Bref, le doux cliché du campus américain. Nous en regrettons presque d'avoir demandé GWU et pas JHU.

Le temps passe, la carte-mémoire de mon appareil-photo se remplit. Il est temps de rentrer chez Aymeric et de préparer des pâtes, avant que Louise et les autres Pipos débarquent pour le dîner. Joyeuses retrouvailles, rencontre des autres Français en échange et des colocataires américains d'Aymeric... Bref, dîner bruyant mais bigrement tordant. J'apprends alors que Louise habite elle aussi off-campus, c'est-à-dire non pas dans les dorms, mais dans un appartement qu'elle sous-loue avec deux Américaines, Chelsea et Claire. Ceci ne signifie pas pour autant qu'elle doit se lever tôt pour aller à la fac, puisqu'elle n'a que la rue à traverser, au sens propre. Claire étant partie en WE, c'est dans sa chambre que nous allons dormir pendant deux nuits.

Ce soir-là, après le dîner, nous réitérons l'expérience frat-party. En effet, John-Arthur et Clément, deux des autres Pipos, ont miraculeusement trouvé un appartement à louer dans l'une des frat-houses de JHU. Si officiellement ils ne sont pas devenus membres de la fraternité en question, ils sont très bien intégrés parmi les Américains qui la composent. Pour un loyer dérisoire (... en comparaison de ceux de DC !), ils ont accepté de renifler une odeur de moquette imprégnée de bière 24h sur 24 pendant un an. La fête en question s'avère être très différente et bien plus sympa que celle que nous avions « testée » à GWU. Il faut dire qu'un point joue entre notre faveur : à JHU, les étudiants internationaux sont loin d'être aussi nombreux qu'à GWU. En outre, ils viennent quasiment exclusivement de France ou d'Asie. Aussi, les Américains sont bien plus curieux vis-à-vis de la bande de frenchies que nous formons qu'à Washington. Ils viennent nous parler, nous interroger, nous complimenter pour notre accent français so cute. Très bonne soirée donc...

Le lendemain matin, pleines de courage malgré notre coucher très tardif (voire matinal), Louise nous tire du lit pour nous emmener au Farmers' Market. A quelques blocs à peine du campus et des apparts/maisons de nos amis, ce marché ressemble beaucoup à l'Eastern Market de Washington dont je vous avais déjà parlé. Les producteurs y sont moins nombreux mais les fruits et légumes tout aussi appétissants. Dans un stand de smoothies, pour le petit plaisir de nos papilles, Marine accepte de pédaler sur un vélo fixé au sol et entraînant un mixeur... Yummy yummy ! C'est un régal !



Après un déjeuner léger de nos victuailles achetées au marché, Louise, Marine, John-Arthur, Guillaume (un autre Pipo) et moi nous mettons en route pour le port. A pied, le trajet représente une sacrée trotte. Mais là n'est pas le problème !... Le problème réside dans notre sécurité. Baltimore est la ville au second plus haut taux de criminalité aux États-Unis ; « la capitale du vice et du crime », comme l'appellent les Pipos étudiants là-bas... [T'auras qu'à raconter ça à Roger Pantoufle, Papa... Il ne va plus en dormir...] La violence n'est pas seulement le lot des gangs qui sévissent dans les ghettos ; elle se trouve partout dans la ville, ou presque. Plus concrètement, pendant qu'à GW, la police de l'université nous envoie de fréquentes alertes par mails « Attention aux vols de vélo ! », « Tentative de racket au coin de la 23th St et de E St lundi dernier », la police de l'université de JHU (parmi les polices privées les plus puissantes et les mieux entraînées des États-Unis, avec celle de l'Université de Chicago et celle de l'Université de Pennsylvanie), envoie tous les jours aux étudiants des communiqués nettement plus sérieux : « Homme poignardé sur la Xth rue hier soir », « Échange de tirs dans le quartier de X », « Jeune femme violée sur le parking de X aux environs de 17h hier soir »... Aussi, quand Chelsea a appris le soir que nous nous étions rendus à pied au port, en passant par des quartiers pas forcément tous favorisés, elle a écarquillé les yeux et s'est exclamée : « Never ever do that again ! Take a cab... or a shuttle... But don't do that again ! »

Quoi qu'il en soit, nous aurons finalement survécu à notre imprudence, qui nous aura par ailleurs permis de nous promener le long de petites rues plus ou moins cossues. Ce qui est frappant à Baltimore, c'est comment, en deux blocks à peine, une rue où s'alignent de magnifiques maisons en briques aux jardins proprets, peut soudainement se transformer en une rue nettement plus modeste, avec des maisons ou des boutiques aux devantures miséreuses, délabrées. L'absence de gradation de la richesse dans l'organisation géographique des quartiers est flagrante : le fait que la misère côtoie littéralement l'aisance saute aux yeux.

A noter, parmi nos quelques arrêts sur le chemin du port :

- un mini-vide-grenier individuel sur un trottoir, où John-Arthur s'entiche d'un beau vélo vert dégonflé pour $50. Il paraît que c'est une habitude pour les habitants de Baltimore de sortir leurs vieux trucs sur le trottoir le week-end et d'attendre là que des passants s'arrêtent pour acheter un ramasse-poussière de plus. Ça marche ; la preuve...

- Donna's. Quand Louise nous a demandé à Marine et moi si on aimait les cupcakes, on a répondu « Pas tant que ça ». Les fabriques de cupcakes réputées les meilleures de la ville à Washington ne nous avaient pas laissé de souvenir impérissable... Louise insiste : « Je vous jure que ceux-ci sont excellents... irrésistibles. » Les autres Pipos renchérissent. Bon, d'accord, on se laisse tenter pour la 3ème fois depuis notre arrivée sur la côte est. On s'assoit, on commande chacune un « chocolate cupcake »... Et bien on ne l'a pas regretté ! Une véritable tuerie, comme dirait Juliette ! Un orgasme culinaire, comme dirait Lucile ! Un cake moelleux, chocolaté et pourtant léger, aérien... recouvert d'une ganache ni grasse, ni over-sucrée, mais sacrément cacaotée !... Encore un point qui nous fait presque souhaiter de remonter le temps pour changer nos listes de vœux...

- la découverte d'un café-librairie-bibliothèque communiste fort amusant aux États-Unis. Une odeur de papier et de marc de café, dans une sorte de soubassement éclairé par de minces fenêtres, où se côtoient quelques tables crasseuses et des rayons en bois foncé bien serrés sur les Black Panthers, les féministes, les anarchistes, les communistes...

- la plus vieille bibliothèque de Johns Hopkins University, aujourd'hui détrônée par la construction d'une bibliothèque plus moderne et fonctionnelle au plus près du campus, mais qui vaut néanmoins le détour. La preuve en images...

Après un long trajet, les petites maisons laissent place aux grands buildings de verre et d'acier. Coup de cœur pour un gratte-ciel de 1924, le Baltimore Trust Building, de style Art Déco, doté d'un joli toit vert pâle aux arêtes dorées qu'on repère même de l'autoroute en sortant de la ville.





Enfin, le port d'Inner Harbor apparaît, avec ses faux-vieux voiliers pour amuser les touristes, son petit port de plaisance, ses restaurants de crab cakes, ses gros paquebots en cale profonde plus loin... Il est 17h30 et la lumière tombante sublime la skyline (l'horizon délimité par l'alignement des grattes-ciel) au bord de l'eau. Les promeneurs sont nombreux. Comme eux, nous longeons les quais le plus loin possible, et nous ne nous lassons pas de la vue. Avant de venir, j'avais imaginé Baltimore comme Marseille ou Le Havre : avec des gros paquebots, des cales, mais aussi des plages et une vue dégagée sur l'immensité de l'océan par endroits. Il n'en est rien... Baltimore correspond en fait à une anse, donnant sur la baie plus large de Cheasapeake, donnant enfin sur l'océan Atlantique. Mais qu'importe ! Le simple fait de sentir l'air marin, d'entendre les mouettes, et de regarder les petits bateaux tanguer devant les grattes-ciel est largement satisfaisant aussi !...

Le temps passe et la nécessité de remonter sur le campus pour dîner apparaît. Nostalgiques de notre douce France, nous marquons une pause à un supermarché, à la descente du bus, afin d'acheter de quoi faire des crêpes bien franchouillardes en grosse quantité. Grande réussite ! Les voisins américains de John-Arthur et Clément, qui nous accueillent dans leur frat-house une fois encore, reconnaissent avec le sourire la nette supériorité des Français en matière de gastronomie. Fierté, régal, et fête jusqu'à tard dans la nuit, rebelote...

Dimanche matin, sachant désormais que notre arrêt de bus pour rentrer à Washington est loin du centre où nous nous trouvons, nous n'avons pas beaucoup de temps devant nous... Louise est malgré tout bien décidée à nous faire découvrir un dernier quartier de la ville que nous n'avons pas encore vu : Hampden. Le quartier bobo de Baltimore par excellence : maisons en bois multicolores, friperies en abondance, antiquaires, magasins de déco, coffee-shops... Le tout dans une ambiance de détente... On dit oui !... Et on fait bien... C'est joli, agréable, et bigrement tentant... Mais je résiste : il faut payer le taxi, alors pas de folies ! :-)

A 15h30, je dis au revoir à Loulou, bien triste de la quitter déjà mais heureuse à l'idée que, c'est sûr, on reviendra à Baltimore. Nous sommes loin d'avoir tout vu ; il paraît que le Musée d'Art de la ville est splendide (normal ; j'ai ouï dire qu'il nous avait volé nos impressionnistes...) et puis, on n'a toujours pas goûté les crab cakes...

mercredi 8 septembre 2010

... et festive !


Voilà voilà... Je profite d'un des rares moments de légalité dont je dispose puisque, tenez-vous bien, j'ai FAIT toutes mes readings obligatoires pour le cours de cet après-midi. Objectif du jour donc : vous raconter les quelques activités extrascolaires qui ont rythmé la semaine passée...


Mercredi dernier :


C'était l'anniversaire de Mathilde. La jeune demoiselle Bras fêtait ses 20 ans, pour la première fois loin de sa p'tite famille et de ses amis habituels. Pour remédier à cette déprime passagère, Marine et moi sommes allées la cueillir à la sortie de son cours du soir, à 21h40. Nous lui avons bandé les yeux, et nous nous sommes mises en marche, direction... le Bureau Ovale ! Après 1/4 d'heure de marche, sous les cris incessants de Mathilde qui craignait qu'on la plante toute seule au beau milieu d'une autoroute à 8 voies, et après avoir soutenu le regard amusé et/ou incompréhensif d'une p'tite dizaine d'agents de sécurité, nous lui avons rendu la vue. Minute d'euphorie devant ce côté de la Maison Blanche que l'on n'avait pas encore vu depuis notre arrivée. Et puis nique-pique : salade de poivrons, pommes de terre/quinoa, brownie du Trader Joe's (notre supermarché) à tomber par terre ! Sans parler du fait qu'on l'a pourrie gâtée... Bref, surprise réussie et anniversaire qui restera mémorable je pense... C'est pas tous les jours qu'on fête ses 20 ans à 100m de Barrack !...


Vendredi dernier :


Direction le Sculpture Garden, le jardin jouxtant la National Gallery of Art, sur le Mall pour Mathilde, Flavia (l'Argentine), Connie (la Chilienne) et moi. Tous les vendredis soirs, en été, un concert de jazz s'y déroule. Chaque semaine, un groupe différent... Sachant que le dernier de la saison a lieu vendredi prochain, il fallait qu'on y aille. On a bien fait ! C'était absolument génial ! Cette semaine, le groupe à l'honneur était celui de Josh Bayer. Je l'ai cherché sur Youtube pour vous montrer ce que sa musique donnait, mais je ne l'ai pas trouvé. Malgré le mois de septembre qui pointe le bout de son nez, l'ambiance était encore très "estivale" : les pelouses recouvertes de nappes de pique-nique, les bancs autour du bassin overcrowded, des groupes d'étudiants, des jeunes travailleurs encravatés tout juste sortis du boulot, des touristes... Et puis des carafes de sangria et des bières, partout. Carafe de sangria qui, additionnée à la grosse chaleur, m'a valu encore une fois de me faire offrir une bouteille d'eau et une poignée de glaçons par un commerçant, si vous voyez ce que je veux dire... Bref, passons... On y retourne vendredi prochain, c'est certain !


Samedi dernier :


On en a fait des choses ce jour-là !


Tout d'abord, Mathilde et moi sommes allées au Museum d'Histoire Naturelle sur le Mall dans l'après-midi. Grosse déception... Certes, les musées américains ne manquent pas d'argent et ça se voit ! Certes, ils sont mis en scène de façon grandiose, à force de vitrines, de murs décorés, de grands espaces, etc. ! Et pourtant ! Celui-là nous a paru assez creux... Un alignement sans queue ni tête d'animaux empaillés... La juxtaposition d'animaux préhistoriques africains et d'animaux toujours existants dans le grand nord canadien... Zéro explication, une vulgarisation poussée à l'extrême... Bref, un musée qui s'adresse essentiellement aux moins de 6 ans. Petite déception donc.



Ah oui ! J'oubliais... On a quand même vu un beau caillou... Un diamant bleu de 45,52 carats prêté temporairement par Harry Winston !

Après ça, retour sur le campus en fin d'aprem. Direction la Fall Fest, cette fête traditionnelle organisée par l'administration de GW tous les ans, au début de l'année scolaire, pour accueillir les nouveaux étudiants. Ce que ça donne ? Une fête de freshmen (les étudiants de 1ère année) : un concert de musique techno assez bidon, des pop-corns et hot-dogs à gogo, des goodies (des objets publicitaires) distribués à la pelle, des freshmen surexcités, gloussant, aux hormones en ébullition, se courant après... Autant vous dire qu'on n'y a pas passé une heure !


Le soir, dîner dans l'appartement de Mathilde, avec Lexi, sa colloc' américaine, que l'on a rebaptisée Blair Waldorf. En effet, cette fille à papa de la high-society new-yorkaise sort tout droit d'un épisode de Gossip Girl. Elle est adorable et vraiment sociable, mais elle est chargée de la rédaction d'articles de mode dans le journal de l'université, elle a sa propre voiture pour se déplacer, elle a fait assez de courses la semaine dernière pour survivre 2 ans dans un abri anti-nucléaire... Elle nous avait proposé une soirée "makis". On avait dit oui. Résultat : à 20h, Lexi est revenue des courses avec assez d'ingrédients japonais pour faire l'équivalent de 4 plats à tarte et 3 tupperware de makis/sushis... ce qu'on a fait ! Flavia (l'Argentine), qui savait les faire, m'a appris. Je vous en fais quand vous voulez désormais ! Lexi a lancé un appel ouvert dans le dorm à tous ceux qui voudraient se joindre à nous. On s'est ainsi retrouvé une douzaine d'étudiants, de je ne sais combien de nationalités, à manger du japonais fait maison ! C'était génial !


A l'arrière plan, Lexi. Au premier plan, de gauche à droite : Mathilde, Flavia, Connie et moi.


Et comme Lexi est un peu over-enthousiasmée par tout, elle voulait absolument nous emmener à une frat-party après, l'histoire qu'on voit enfin en quoi consiste la Greek life si importante sur tous les campus américains.


De droite à gauche : Maya (une Suisse de Lausanne), Connie la Chilienne, Flavia l'Argentine, Lexi la new-yorkaise, Mathilde et moi.

En effet, en plus des traditionnelles associations étudiantes qui fleurissent sur les campus français, les campus américains comptent aussi un nombre impressionnant de sororités/fraternités, inspirées des associations qui existaient déjà dans l'Antiquité grecque. Rites d'initiation, importance accordée aux réseaux sociaux et à l'argent des parents, existence d'une vraie hiérarchie, etc. font de ces organisations de vraies sectes, une vraie franc-maçonnerie à échelle réduite. Avis à ceux qui connaissent la série américaine Greek, la vision donnée des sociétés grecques n'est pas exagérée. Exemple : l'une des sororités de GW n'est ouverte qu'aux blondes aux mensurations parfaites, capables de courtiser assez longtemps la Présidente pour finalement gagner le droit d'être bizutée, humiliée, et puis de rejoindre la société. Chaque sororité/fraternité possède une jolie maison, généralement à proximité du campus, dans laquelle ont le droit de vivre à plein temps uniquement les membres les plus populaires de la société. Les jardins des maisons en question ressemblent à des dépotoirs : canettes de bière, piscine hors-sol, barbecue encore fumant de la veille, panneaux en carton portant les lettres grecques de la société (ex : Omega-Chi ou bien Alpha-Beta-Zeta...)... Bref, un joyeux bordel !





Fin de la parenthèse explicative et retour à notre frat-party donc. Lexi nous a donc emmenées, Mathilde, Flavia, Connie et moi, à une fête organisée depuis 1935 par la fraternité 'Tau-Kappa-Epsilon'. Conclusions en vrac :

- What's the point ? Il y a de la musique et du bruit mais personne ne danse. Ca chope dans tous les coins. Ca descend des bières moins savoureuses que de la pisse. Ca ne parle pas. Bref, ça ne fait RIEN.

- Ce type de fêtes est plus populaire auprès des ados post-pubères que sont les freshmen qu'auprès des sophomores, des juniors ou des seniors. On comprend pourquoi...

- Ca fait peur quand, avant de rentrer dans la maison, Lexi nous donne comme dernier avertissement de "ne jamais boire un verre qu'on nous tend"... drogue du violeur oblige ! Juliette t'avais pas tort en fait...

- Les joueurs de basket de GW (les Colonials comme on les appelle) sont vraiment IIIIIIMMENSES ! Popi et Robin, vous pouvez aller vous rhabiller avec votre 1m90 ; vous êtes des p'tits joueurs... Ces types-là mesurent entre 2m05 et 2m10, 4 sur 5 étaient Black, ce n'est QUE du muscle. Complètement bling-bling comme dans les clips de rappeurs. Ils sont vraiment très intimidants ; j'aurais pas risqué un mot de travers avec eux... J'avais l'impression qu'au moindre dérapage, ils pouvaient me broyer le cou en utilisant leurs auriculaires uniquement... En tout cas, j'ai eu ma photo avec l'un d'eux. Sachant qu'aux US, le passage obligé avant de devenir un joueur pro est le jeu en université, où le niveau est autrement plus élevé qu'en France, il y a des chances pour qu'un jour ma photo vale une fortune ! Le basket-ball player à côté de moi est déjà en photo sur le sol du métro quand on débarque à la station Foggy Bottom alors, pourquoi pas ? C'est peut-être le futur Michael Jordan, qui sait...


Dimanche dernier :

Le matin, direction l'Eastern Market, le grand marché derrière le Capitole. Avec Flavia, on en a assez de manger de la m**** en barres américaine ; on a envie de VRAIS légumes, de VRAIS fromages. Alors on a décidé d'aller voir ce que donnait ce marché réputé, où se côtoient friperies, producteurs de légumes, de produits laitiers, bijoutiers fantaisie, artistes-peintres plus ou moins doués, antiquaires et vieux libraires. Et bien on n'a pas été déçu ! C'est grand, en plein air, très fréquenté, mais ça sent bon, on se sent parfaitement en sécurité, malgré la grande proximité du ghetto "qui craint". On a envie de tout acheter... Résultats des courses : on a acheté des légumes (dont des ocras Maman, les filles connaissaient pas, alors j'ai promis que j'allais en faire...), du cheddar QUI A DU GOUT fait par des Amish, des tacos et des sauces faites maison en vue du pique-nique du soir, et des cupcakes pour le dessert, faits maison également ! Je ne sais pas par quel miracle j'ai réussi à ne pas acheter de vieille couverture du New Yorker encadrée, mais j'y retournerai, c'est sûr... tous les dimanches si c'est possible !

Et puis le soir, en raison du Labor Day, grande fête nationale du 6 septembre (ils ont beau haïr les socialistes dans ce pays, ils se réservent quand même une journée dans l'année pour des réclamations symboliques), un grand classical concert était organisé sur les pelouses au pied du Capitole. Alors évidemment, avec Mathilde, Flavia et Connie, on y a été. Nous sommes arrivées 2h à l'avance, l'histoire d'être sûres d'y voir quelque chose, et d'être pas trop loin de l'orchestre. On a dîné dans l'herbe de nos délicieuses trouvailles du matin.



Et puis le concert a commencé. Le National Symphony Orchestra était dirigé par Emil de Cou, ne manquant pas d'humour lorsqu'il présentait les morceaux. Premier morceau : l'hymne américain bien sûr, qui nous a obligées à nous lever et nous tourner d'un même mouvement vers le Capitole, la main sur le coeur, pour ne pas faire tache au milieu des patriotes qui nous encerclaient...

En fait de musique classique au sens auquel nous l'entendions, il s'agissait plutôt de classiques américains de la Guerre de Sécession (Chloe, it reminded me of the Deep South class...) et du XX° siècle : Bernstein, Gershwin... "Un Américain à Paris", "Moon River", "West Side Story"... En commémoration de je-ne-sais-plus-quel-anniversaire de la mission Apollo 13, Charles Bolden, le chef de la NASA, est monté sur scène, et nous a tenu un discours digne de JFK pendant la Guerre Froide, sur la conquête de l'espace que les Ricains se promettaient encore d'accomplir après avoir déjà atteint la Lune.

Un très bon moment en fin de compte, bien qu'un peu surprenant par certains côtés donc...


Sur ce, une heure et demie s'est déjà écoulée depuis que j'ai commencé à écrire. Il faut donc que j'y aille... Bisous les copains !

lundi 6 septembre 2010

Premiers pas dans la vie active...


Bon, je prends mon courage à deux mains, ou plutôt ma lâcheté (vu qu'à l'heure actuelle, je suis censée bouquiner encore deux bonnes centaines de pages d'Edward Said avant mon cours de demain, et pas écrire avec plaisir...), et je vais vous raconter comment j'ai occupé cette première VRAIE semaine.

Commençons par les choses sérieuses : les cours ! N'oublions pas que même si je n'en ai pas beaucoup cette année, il faut quand même que je travaille un minimum, l'histoire de passer en 4ème année...

De façon générale, les cours fonctionnent ici très différemment d'en France. Alors qu'à Pipo, l'accent est mis sur la réflexion argumentée, organisée selon un vrai plan, écrite - via la dissertation - ou orale - via l'exposé, ici, les enseignants donnent la priorité à la lecture massive à la maison (les fameuses readings qui ont pourri ma soirée) et à la discussion à bâtons rompus en classe. Ce système présente l'avantage de nous pousser à approfondir nos connaissances peut-être plus qu'en France ; bye bye l'ère du Wikipédia à gogo...! Mais parallèlement, il donne lieu à des interventions en classe pas toujours pertinentes : des questions complètement déconnectées du thème du cours, des anecdotes personnelles qui ne volent pas toujours haut... C'est la liberté d'expression poussée à l'extrême... Vive la démocratie américaine !

Trève de généralités, petit aperçu rapide des cours que j'ai donc choisis :

- US Diplomatic History


Son syllabus me met l'eau à la bouche : crise des missiles de Cuba, guerre des Philippines, guerre du Viêt-Nam, guerre de Corée... Bref, l'occasion de réviser et/ou d'approfondir les évènements qui ont marqué la diplomatie américaine depuis 1898 ainsi que les grands concepts diplomatiques d'interventionnisme, d'isolationnisme...
Points noirs :
* Le cours s'adresse essentiellement aux seniors (c'est-à-dire aux élèves de 4ème année) alors que je suis une junior (c'est-à-dire une 3ème année). Par conséquent, il va falloir que je m'accroche et que je travaille cette matière encore plus que les autres.
* Le prof est intéressant mais assez surexcité et désordonné dans son discours. Il a un fort accent d'on ne sait où et il parle très très vite. Ajoutez à cela le fait qu'on doit être une bonne centaine dans l'amphi. Dur dur de suivre donc...

- Israeli-Palestinian Conflict

Ce sera l'occasion pour moi de me rafraîchir la mémoire et de réfléchir de façon plus impartiale à la guerre, qui sait. Au premier abord, la différence entre les regards français et américain portés sur le conflit est flagrante ! Petit sondage au 1er cours : la majorité de l'amphi se placerait davantage du côté israélien. (Marie-France, tu aurais bondi !) Mais la prof a l'air assez neutre elle, et c'est ça qui est important ! Elle nous assigne vraiment des readings défendant chaque côté à tour de rôle. Elle nous fait nous poser les bonnes questions.
Autres points positifs :
* Il est prévu qu'on regarde pas mal de films au cours du semestre. Lucile et Marie-France, je vous tiendrai au courant ;-) A noter d'ailleurs, si vous ne l'avez pas vu, dépêchez-vous d'acheter/de télécharger "Promises", un documentaire de la fin des années 1990 sur la perception du conflit par 7 enfants de tous "bords" à Jérusalem (deux Palestiniens du camp de réfugiés tout proche, un Juif orthodoxe, deux petits-fils d'un Juif déporté devenu athée, etc.). Une petite perle qui gagne à être connue !
* Au vu de l'alternance des kippas et des barbes noires dans la salle, le débat dans les semaines à venir promet d'être houleux mais enrichissant !

- Spanish Literature

Ce n'est pas parce que je vais certainement progresser en anglais cette année que je ne veux pas conserver mon niveau d'espagnol. J'aime cette langue (c'est bien utile pour se faire offrir des sangrias et des mojitos gratuits à Madrid, hein Maud et Marie ?) mais en même temps, j'en avais assez des cours de grammaire pure et dure répétitifs propres à l'enseignement français. Résultat : j'ai opté pour ce cours, qui va me permettre de continuer à parler espagnol tout en LISANT enfin de beaux textes hispanisants.
Au programme des réjouissances donc : poésie espagnole du Siècle d'Or, Garcia Lorca, Garcia Marquez, Neruda, Borges, Cortazar, Sepulveda... Miam miam !

- Film & Politics

LE cours que j'attendais avec impatience, quand on connaît ma cinéphilie, et qui pourtant m'a bien déçue la semaine dernière. Il s'annonce comme un cours un peu fourre-tout où la prof, une Américaine au look un peu hippie, va nous faire regarder pleeeeein de films américains, vieux ou récents, réalistes ou complètement science-fictifs, ayant un quelconque rapport avec le milieu politique américain... Ca m'a l'air un peu tangent c'te affaire-là ! Quand on sait qu'on a même un épisode de 24h Chrono au programme (si si Angèle ! si si...)... Je sens que le jeudi soir, ça va être "vacances" !

- Dance & Theater

Le cours de danse de music-hall auquel Marine aura finalement réussi à me traîner, au prix d'une désinformation sans pitié (quant à l'existence d'une performance en public en fin de semestre par exemple...). Ca bouge beaucoup ! La prof, une rouquine à la silhouette filiforme de ballerine et au port altier, m'a l'air bien ambitieuse, puisqu'elle projette de nous apprendre plusieurs numéros de comédies musicales célébrissimes, types Oklahoma !, Chicago, etc. Enfin, ça m'oblige à éliminer la junk-food, et puis je pense qu'on va bien rigoler !

- Yoga

Malgré mon apriori sur cette espèce de discipline bizarre (c'est quand même asiatique à l'origine... ;-) en vogue chez les bobos new-yorkaises, j'ai beaucoup aimé le premier cours. La prof est une Indienne toute souriante et très zen. On ne bouge pas vite, mais on bouge bien, on s'étire dans tous les sens, on contrôle notre respiration. Serait-il possible que d'ici la fin de l'année j'ai perdu mon tempérament de grosse angoissée de la vie ? P'têt bien...

Au total, j'ai donc une petite semaine d'environ 20h de cours, réparties sur 4 jours (je voudrais consacrer mon 5ème jour à un stage si j'en trouve un), mais qui me demandent pas mal d'investissement personnel en fin de compte. Lire, prendre des notes, écouter... tout ça dans une langue qui n'est pas la vôtre, c'est très stimulant intellectuellement mais aussi très fatigant !...

Sur ce, vous l'aurez compris, il faut que j'aille me coucher... sans avoir fait la moitié de mes readings pour demain... Shame on me !


dimanche 5 septembre 2010

Memorials - episode 4 !

Allez, malgré l'heure tardive et mon envie de dodoter, je me donne un bon coup de pied aux fesses et je termine de vous raconter la visite des Memorials du WE dernier, sinon je ne rattraperai jamais mon retard...

Après, le Korean War Veterans Memorial, direction le Tidal Basin, cette espèce de retenue d'eau naturelle formée par l'entrée du Potomac dans les terres, au sud du Mall (j'essaie d'être la plus claire possible mais c'est pas facile...). Cette partie de la ville est complètement déserte. En s'y promenant, on a vraiment l'impression d'être à des dizaines de km de Washington. C'est vert, plein d'arbres, et surtout, très calme. Une promenade est aménagée tout autour du bassin. Sur le chemin du Franklin D. Roosevelt Memorial, une poignée de joggers et de cyclistes, c'est tout !


Le Franklin D. Roosevelt Memorial donc... Bon, j'imagine que vous commencez à comprendre comment les Américains conçoivent leurs mémoriaux ; c'est toujours un peu la même recette. Prenez un Founding Father ou un Président bien mûr, ou bien une guerre bien saignante, au choix. Mettez-le à l'honneur en édifiant des murs, en creusant des bassins, et en coulant massivement du bronze (pas de mauvais esprit, SVP !). Ne lésinez pas sur les proportions surtout ! Enfin, saupoudrez de quelques lettres/chiffres par-ci par-là, ainsi que de quelques gerbes de fleurs. Et le tour est joué !


Le choix de rendre hommage au 32° président des Etats-Unis était un passage obligé dans la construction des monuments de DC. Son élection en pleine Grande Dépression, le succès représenté par sa politique de New Deal (bénis soient les cours de Madame Crémieux :-), sa décision d'entrer dans la Seconde Guerre Mondiale... Tous ces éléments concourant à faire de Roosevelt le Président américain le plus idéalisé au XX° siècle sont bien rendus par de massives et nombreuses sculptures. Et parce que les Ricains n'ont pas inventé le mélodrame hollywoodien pour rien, Roosevelt ne manque pas d'être représenté dans le fauteuil roulant qu'il occupa de ses 39 ans à sa mort (des suites d'une polio paralysante), ni en compagnie de son chienchien (qui s'appelait de façon assez amusante George Washington by the way).



De ce mémorial, je retiendrai surtout le sens de la formule et de l'histoire que possédait Frankie, comme en témoigne la ribambelle de discours géniaux qu'il a prononcés et qu'on retrouve fréquemment dans des préfaces, dans des livres d'histoire de 3ème ou bien sur les bords du Tidal Basin !


Je passerai très rapidement sur le tout petit et tristement insignifiant monument réservé à George Mason, ce p'tit bonhomme injustement méconnu des Européens, alors qu'ici il est considéré comme un Founding Father à part entière.

Petit topo : notre Georgie est donc celui qui a écrit le premier la déclaration d'indépendance de la colonie de Virginie, déclaration qui servira de base à la Déclaration d'Indépendance plus générale des 13 colonies anglaises du 4 juillet 1776 quelques mois plus tard. Mon autre Georgie chéri (Washington !) (ça va, vous suivez ?) dira au moment de son élection que Mason était son "père spirituel"... Important notre p'tit gars donc... [Loulou, Lucile, Popi, vous allez rire ; je vous promets que j'ai pas fait exprès, c'est mon côté gossip sans doute, mais j'ai ENCORE retenu un truc inutile sur George Mason en visitant son mémorial... La p'tite histoire qui n'intéresse personne, eh bah moi, elle m'intéresse : Mason était d'autant plus respecté par ses pairs qu'il s'est retrouvé veuf avec 9 gamins à élever sur les bras et qu'il s'en est plutôt bien sorti ! :-) Voilà ! C'est dit !]

Purée, j'avais dit "court"... Vraiment, j'ai pas l'esprit de synthèse...

[En même temps, je sais que ça plaît au moins à Papa et Maman quand je mets plein de trucs alors...]


Finally (je vous promets : plus de Memorial avant longtemps après ça !), nous avons fait le mémorial que j'attendais le plus... Celui qui fait office de "page de garde" de mon blog... Celui qui m'apparaissait sur toutes les photos comme étant le plus joli au moment de la floraison des cerisiers... Celui qui honore le Président américain pour lequel j'ai véritablement le plus d'attachement... Le Jefferson Memorial, que j'aime à appeler le "Tomtom Memorial" (Tom Bert, si tu me lis ;-) !



Ayant la forme d'une rotonde ouverte, inspirée du Panthéon à Rome paraît-il, il se dresse au bord du lac, à moitié caché par les arbres, selon le côté du bassin où l'on se place... Il s'en dégage vraiment une impression so romantic !


A l'intérieur, en haut d'une volée de marches : la statue de Thomas, en bronze, mesurant 6m de hauteur. Il est magnifique ! Grand, droit, mince, avec un visage aux traits fins et réguliers... Bon, il n'y a que le catogan qui pêche (ça fait un peu "informaticien Linux", hein Popi...) ! Mais à part ça, il est vraiment envoûtant !... Je cherche dans mes souvenirs pourquoi et depuis quand il me plaît tant, et je crois que ça remonte à la 3ème, quand tu m'avais fait lire La Virginienne, Maman... En dehors de ses talents d'écrivain (cf. la Déclaration d'Indépendance dont j'ai déjà parlé plus haut + la Constitution américaine) et de diplomate (ambassadeur à Paris, passé notamment dans les actuels locaux de Sciences Po, rue de l'Université... Nina, si t'as lu les plaques ;-) (purée, il faut vraiment que j'arrête d'ouvrir des parenthèses inutiles) (j'essaierai d'y penser désormais...), il a eu une histoire personnelle assez folle qui le rend bigrement attachant ! Bon, j'arrête de jouer les Gala ou les Public des années 1780 et je laisse planer le mystère... Ceux que ça intéresse n'auront qu'à chercher qui était Sally Hemings et ils comprendront...


Voili voilou ! Je crois que j'ai ENFIN fini de raconter ma découverte des Memorials du week-end dernier. Tant mieux, comme ça, demain soir, je pourrai ENFIN vous raconter mes activités plus terre-à-terre mais aussi divertissantes de la semaine qui vient de s'écouler...

Spoiler du prochain épisode :


- Je vous parlerai de mes cours (et oui, je suis quand même venue là pour ça...), du métro de DC, de la vie sur le campus, de l'Eastern Market...

- Je vous raconterai ma première confrontation avec le milieu des fraternités, lors d'une frat-party.

- Et si vous êtes sages, je vous raconterai aussi le super concert que j'ai vu ce soir...


Mais là, il est 1h23 du matin, et je crois que j'ai mérité mon oreiller ! Bisous les copains !

samedi 4 septembre 2010

Memorials - episode 3 !

Pour que vous puissiez visualiser plus facilement ce dont je parlais plus haut vis-à-vis de la perspective qu'offre le Mall, voici 2 photos :
Imaginez donc que derrière moi se trouve le Lincoln Memorial. Je suis sur son parvis en fait et je tourne le dos à Abraham. Devant moi s'étend donc la fameuse Reflecting Pool, dans laquelle se reflète le Washington Monument. Nous n'y sommes pas encore allées à la nuit tombée mais nous ne manquerons pas de le faire, car il paraît qu'à ce moment-là de la journée, c'est encore plus beau que d'habitude ! Derrière l'obélisque, on a des pelouses rectangulaires très très longues, bordées par Independence Avenue (à droite) et Constitution Avenue (à gauche), et sur lesquelles s'alignent divers musées et bâtiments officiels.

On ne présente plus Oliver... (Vous noterez ses cousins d'Amérique sur la gauche...)
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Maintenant, quelques mots sur mon Mémorial /coup de coeur ! Celui en l'honneur de la Guerre de Corée... Il est tout simplement génial ! Ce n'est ni le plus grand, ni le plus haut, ni le plus apparent, mais il est diablement surprenant !
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Dissimulé dans un bosquet quelque part sur la droite de la Reflecting Pool, il se compose de murs incurvés et de bassins... Au milieu de l'esplanade ainsi formée, 19 fantassins en acier, presque à taille humaine (2m), tous différents, tous vêtus d'uniformes de camouflage comme les GIs en portaient en Corée, l'air hagard pour certains, inquiet et alerte pour d'autres, mais tous visiblement épuisés... Une armée de fantômes gris-vert en somme, déroutante et inattendue au détour du chemin qui borde le Pool, dans le silence de mort qu'impose le caractère sacré du Mémorial...

Ajoutez à cela les nombres et les visages des victimes américaines de la guerre, gravés dans le marbre à proximité, et vous vous sentirez franchement déprimé...

Memorials - episode 2 !

Bon bon bon... Les photos s'accumulent et le temps libre se fait plus rare... Enfin, je vais essayer de me rattraper et de vous parler brièvement des Memorials que nous avons continué à visiter le WE dernier, toujours avec Marine et Mathilde, le lendemain de cet édifiant meeting de rednecks dont je vous ai déjà parlé...

Tout d'abord, le Lincoln Memorial !
Il s'agit du monument à la gloire d'Abraham Lincoln, situé à l'une des extrémités du Mall, tout au bout de la Reflecting Pool (un grand bassin rectangulaire, tout allongé), dans le prolongement de Capitol Hill, du Washington Monument, du World War II Memorial. Avec ses airs de temple grec (malgré le fait qu'il ne date que de 1922), ses colonnades, sa blancheur, ses dizaines de marches, il s'inscrit parfaitement dans la perspective et l'esthétique du Mall.

A l'intérieur, on y trouve une gigantesque statue (6m de haut) de ce cher Abraham, aux joues creusées, à la barbe bien dessinée et aux yeux perçants, comme à son habitude. Autour de lui, sur les murs, on retrouve ses plus célèbres discours gravés dans le marbre. Les rares auditeurs de Melonio se souviendront de celui de Gettysburg par exemple, aussi mythique que la Constitution américaine elle même, par les référence sacrée à l'Union (pourtant en pleine guerre de Sécession en 1863), à l'égalité des hommes et au "gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple" qui y figurent.

NB : la photo ci-dessus mérite une explication... Le petit anatidé noir que vous aurez le plaisir de contempler aux pieds d'Abraham s'appelle Oliver. Il a 3 ans et il a déjà escaladé l'Aiguille du Midi, il a paradé à Monaco, il a pris la pluie à Londres et Oxford, il a bronzé à Madrid et Tolède, il a même fait un saut en Nouvelle-Zélande... C'est le fils adoptif de Mathilde, qui le promène partout avec elle quand elle ne le confie pas à ses copines (voire aux collègues de son père !) en vadrouille, un peu à la manière de l'hôtesse de l'air avec le nain de jardin dans Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain. Il entame donc lui aussi une fabuleuse année aux States et désormais, vous aurez sans doute l'occasion de le revoir sur mes photos... J'espère que sa p'tite frimousse ne vous dérange pas !