mardi 21 décembre 2010

Cape Canaveral - Somewhere over the rainbow

De retour à Washington, je retrouve mon ordinateur et je profite d'un laps de temps libre entre deux cours pour continuer à vous raconter mon fabuleux voyage étape par étape. Aujourd'hui, ça va te plaire Papa... M'en veux pas si j'y connais rien et que je dis des bêtises, c'est pas volontaire... En tout cas, j'ai mis un maximum de photos de cigares volants pour toi...
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C'est parti ! Troisième étape de notre voyage donc : Titusville (prononcé "Thaï-teuss-ville" à l'américaine...). Une petite ville qui ne vend pas du rêve en soi... Un alignement de snacks qui sentent le graillon, d'hôtels de différents standings, beaucoup de béton qui cache les belles plages... Le tout au nord de la Floride, sur la côte atlantique. Alors pourquoi est-ce qu'on s'y arrête ? Parce que Marine adoooooore les étoiles, les météorites, les vaisseaux spatiaux et tout le bataclan, et qu'ici, eh bien il y a la base de lancement de la NASA. Tout de suite, it makes sense donc ! Cape Canaveral !
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Après une nuit éprouvante en Greyhound une fois encore - qui fera l'objet d'un autre article - et des déboires mineurs avec l'hôtel qu'on avait booké à Titusville, nous posons vite fait nos valises et nous repartons, direction : le Kennedy Space Center Visitor Complex.
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La base de lancement, ainsi que le parc touristique qui la côtoie, se trouvent sur une grande île marécageuse, séparée de la côte par un grand pont. En fait, à cette hauteur-là, la côte de la Floride est un gros gruyère, plein de bassins, canaux, rivières naturels, où la frontière entre terre et mer est un peu floue. Quant à la végétation, elle est luxuriante, tropicale, et pousse dans un mélange de sable, de terre et d'eau. En fait, en plus de nous trouver dans l'un des centres névralgiques de la NASA, nous sommes aussi dans un grand parc naturel encore très sauvage, accueillant plus de 1000 espèces végétales différentes et plus de 300 sortes d'oiseaux : le Canaveral National Seashore.
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Nous arrivons donc au centre déjà émerveillées par le cadre qui nous entoure. Et là, on en prend encore plein les mirettes ! Alignement de fusées, missiles, navettes, diverses et variées. Bref, gros suppositoires en tous genres...
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Pour mon plus grand bonheur, je découvre que le centre est aussi peuplé d'alligators : les gators comme on les appelle ici.
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Au cas où l'on soit venu visiter le centre avec un poulet frit sous le bras...
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Bon, aucune idée du type d'avion super-extra-méga-sonique que c'est mais encore une fois Papa, spéciale cacedédi !
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Cette espèce de truc qui ressemble à un panneau solaire géant, c'est le mémorial en l'honneur des gens de la NASA qui sont morts en mission dans l'espace. C'est très sobre et de bon goût. Pas mal donc.
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En se penchant un peu sur les explications, Marine et moi faisons plusieurs constatations :
- d'abord, pour déjà 50 ans de conquête spatiale, seulement 24 astronautes morts dans l'espace, je trouve que ce n'est pas mal du tout. La plupart sont d'ailleurs morts immédiatement au décollage, pour cause de problème technique.
- enfin, ce qui est étonnant ce sont les parcours très différents de chacun de ces astronautes. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, la majorité d'entre eux ne sont absolument pas diplômés des universités américaines les plus prestigieuses. Pas de MIT, pas de Berkeley, pas de Princeton ni de Harvard... On trouve davantage des petites universités du Colorado, du Minnesota, voire de l'étranger, comme Tel-Aviv. Et pour ce qui est de leurs majors, il n'y en a pas deux pareilles : mécanique, électricité, chimie, physique... Pas de cursus tourné dès le départ vers une carrière dans "l'espace" donc. De toute façon, on l'a bien compris ; tu ne vas pas à la NASA, la NASA vient à toi.
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Petit aperçu de ce à quoi ressemble le centre...
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Bon, après ça nous nous rendons au cinéma en 3D, pour visionner deux films produits par la NASA : l'un sur l'héritage et la dernière mission du satellite Hubble et l'autre sur la vie dans la station spatiale internationale. On rit devant les amusements complètement puérils des astronautes en apesanteur, qui ne manquent pas d'humour malgré leur vivacité d'esprit et leurs connaissances hors normes. Ex : une astronaute (la seule femme dans la station spatiale internationale à un moment donné) se met en position foetale et sert de ballon à deux astronautes masculins qui se l'envoient d'un bout à l'autre de la cabine. Et ils rigolent tous les trois comme s'ils avaient 5 ans !
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Etape suivante : visiter une vraie navette spatiale... Bon, ça n'a rien de fou puisqu'en fait, c'est très vide à l'intérieur. Pas de mobilier ; tout est encastré dans les parois... Un joli truc doré...
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Ensuite (et c'est là que ça devient vraiment cool), on monte dans un bus-navette interne au Centre, et on entame un grand tour de l'île, pour voir à distance les VRAIES installations de la NASA, où se fabriquent puis se lancent les fusées et autres projectiles...
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Un intermède "tatou-tout-flou-pris-du-bus-en-marche"... Eh oui, on aura vu au total 6 ou 7 de ces petites créatures bizarres en Floride, sur les bords des routes.

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Voilà l'espèce d'immense hangar d'assemblage. Ce n'est pas très joli mais c'est très très haut. A l'intérieur se trouvent des grues d'une précision de l'ordre d'1/600ème de pouce si mes souvenirs sont bons...
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Le tour en bus continue. On marque un arrêt au pied d'un point de vue métallique dressé sur trois étages. De tout en haut, on peut voir les bases de lancement des fusées, des navettes spatiales, ainsi que de certains missiles de l'armée de l'air. On a aussi une vue imprenable sur les paysages de mangrove dont je vous parlais au début. Palétuviers, joncs, palmiers... Ribambelle d'aigrettes, d'ibis, de hérons et autres échassiers. Et surtout... des dizaines de dauphins qui paradent et font des sauts dans l'eau !!! Marine et moi sommes scotchées à la balustrade pendant un bon quart d'heure.
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Je suis désolée : les photos ne rendent pas grand-chose...
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Dernière étape de la journée, un immense hall d'exposition, consacré à toutes les missions Apollo.
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Sur la première photo, le gros suppositoire qui a servi à la mission Apollo 7. Il est tellement long que c'est impossible de le prendre en photo en entier ; deux statues de la Liberté mises bout à bout. Difficile à croire qu'un truc pareil peut décoller. En même temps, quand on apprend que sa puissance au décollage équivaut à celle de 200 avions de chasse réunis, et que l'énergie nécessaire à son lancement suffirait à alimenter toute la ville de New-York en électricité pendant 1h15, on comprend mieux...
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Parmi les trucs anecdotiques mais fascinants que je découvre ici :
- la capsule spatiale complètement archaïque utilisée par les astronautes lors d'une mission Mercury, la Sigma 7 pour être précise.
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- les costumes bling-bling des astronautes. Pour ce qui est du casque aux reflets dorés que portait par exemple Neil Armstrong quand il a fait son petit pas lunaire, blahblah, vous saurez pour votre gouverne qu'il est en fait plaqué or 24 carats. Deux avantages en résultent : la perception des couleurs du cosmonaute n'était pas altérée et il n'était pas ébloui. Quant aux costumes argentés portés par les astronautes au cours des premières missions Apollo - qui les faisaient d'ailleurs un peu ressembler à des chevaliers en armures pour certains - l'argenté était en fait complètement bidon. Il n'avait aucune utilité particulière et avait été choisi par les designers de la NASA parce qu'il "faisait bien espace", plus que le blanc ou qu'une autre couleur...
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- la Corvette dans laquelle Armstrong, Collins et Aldrin ont défilé et été acclamés en héros à leur retour sur le plancher des vaches.
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- le journal de bord de l'un des cosmonautes d'Apollo. Et bien pour quelqu'un de brillantissime et de réfléchi, c'est un joyeux bor*** de gribouillis dans tous les sens, sans cohérence apparente. "Chili" est écrit à l'oblique entre "2 litres" et juste avant "200 MW"... Etrange !...
- des petits bouts de lune : du basalte essentiellement.
- et enfin, un véhicule pour se déplacer sur la Lune tout droit sorti d'un Tintin...
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La liste n'est évidemment pas exhaustive mais bon, il est difficile de se rappeler de tout... De toute façon, après avoir vu tant de choses, le soleil se couche déjà, et il est temps de quitter le centre... Les bagels, l'hummus et le fromage en plastique du Walmart le plus proche nous attendent dans notre chambre de motel... Mais qu'importe, nous sommes en Floride pour une semaine...
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Je vous laisse sur un coucher de soleil surréaliste sur des fusées... Bisous les rêveurs !

lundi 20 décembre 2010

Savannah - Georgia in my mind...

Ndlr : je tape sur un clavier americain, donc il faudra vous passer des accents et me pardonner mes fautes d'orthographe pendant quelques jours...
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Recit de 2 jours a Savannah.
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Pour situer geographiquement et historiquement :
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Savannah est un peu plus jeune que Charleston puisque la ville date de 1733. Elle fut fondee par des colons huguenots, ecossais, germains, juifs ashkenazes, etc. menes par un general anglais denomme James Oglethorpe. A la difference de Charleston, Savannah batit sa prosperite sur "l'or blanc" que constituait le coton.
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A la difference de Charleston encore, Savannah n'a jamais vraiment joue les rebelles. Beaucoup moins impliquee dans la Confederation, elle s'est rendue aux troupes de l'Union en 1864. Cette espece de passivite lui a d'ailleurs valu d'echapper aux incendies et a la destruction de son patrimoine.
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Au XXeme siecle, ses habitants n'ont pas vraiment su mener a bien la fin de l'ere de gloire agricole ainsi que la transition vers la modernite. Aujourd'hui encore, elle est quelque peu tournee vers le passe. Pourtant, avant les annees 1950, malgre cette nostalgie ambiante, la somnolence de ses habitants a bien failli lui couter ses plus beaux joyaux. Avant que l'elite locale ne se concerte pour preserver son heritage culturel et architectural, la ville tombait en ruines sans que personne ne s'en preoccupe vraiment.
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Quelle meteo ?
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Un temps frisquet le premier jour... mais alors une montee du thermometre en fleche et un grand soleil le deuxieme !
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1er jour :
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Nuit magistralement reposante dans un lit 'King size', dans un super hotel incluant trop bon petit dej', ecran plat dans la chambre, navette gratuite jusqu'au downtown, le tout pour une somme TRES modique !
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Par consequent, Marine et moi etions au taquet pour apprecier pleinement notre premiere visite grrrrratos, grace aux bons plans de mon guide touristique. Etant dimanche et ayant envie de visiter un presbytere parait-il magnifique sans depenser un radis ;-) nous nous sommes rendues a la messe dans une jolie eglise episcopale du centre de Savannah : Saint John.
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Observations en vrac :
- tout le monde etait sur son trente-et-un : robes Cyrillus et ruban rouge pour les petites filles, robes chic et talons hauts pour les dames, costards pour les messieurs, petits chandails et petites chaussures en cuir pour les petits garcons...
- les chants etaient superbes, grace a un VRAI choeur pas uniquement compose de personnes ages, et bien plus gais que dans le catholicisme tel que je le connais ;
- l'eglise etait decoree pour Noel, sobrement mais avec gout : feuilles d'arbres et grosses fleurs rouges dans l'abside.
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Apres la messe, nous avons serre la main du cure et nous sommes melangees aux fideles habituels afin d'acceder a la collation dans le fameux presbytere a cote de l'eglise. Reception chic-issime : petits fours, the, cafe, belle porcelaine, manteaux de fourrure, trois-rangs de perles... Nous detonions un peu - malgre notre natural French elegance - mais nous avons fait bonne figure, le petit doigt en l'air.
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Le presbytere en question s'appelle le Green-Meldrim House. Ancienne demeure d'un grand marchand de coton de Savannah, elle s'inscrit dans le Renouveau Gothique. Achetee par la paroisse en 1940, elle est en train bon etat a l'interieur. S'incruster a cet evenement mondain etait pour nous la seule occasion de contempler ses boiseries, ses lambris, tout en appreciant la compagnie de la upper-class WASP de Savannah.
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A l'issue de la messe, petite promenade improvisee dans Savannah, au gre de ses squares, regulierement presents tous les 3/4 blocks, du nord au sud comme de l'est a l'ouest. Boises, fleuris, avec ou sans fontaines, avec ou sans sculptures, ils font veritablement le charme de la ville, et contribuent a valoriser les facades aux couleurs presque mediterraneennes : ocre, saumon, etc.
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Nous nous decidons a visiter la Andrew Low House. Il s'agit d'une maison du debut du XIXeme siecle construite encore une fois pour un riche marchand de coton anglais. Elle n'avait pas grand chose de plus que celles que nous avons visitees a Charleston, si ce n'est qu'elle a accueilli plusieurs personnalites de passage a Savannah. William Thackeray, l'auteur de Vanity Fair, ami de la famille, y resida quelques mois, comme en temoigne sa correspondance. Le general Robert Lee - le leader de la Confederation - y passa aussi quelques jours, six mois avant sa mort, puisqu'il etait venu faire une "cure de soleil" en Georgie pour lutter contre une sante defaillante. Ah si ! Nous avons quand meme appris quelque chose : le fait que d'une saison a l'autre, les chambres etaient completement remaniees, de la composition du tapis aux draperies, pour s'adapter aux temperatures tres changeantes.
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La promenade sans but continue a la sortie de la maison. Belles demeures toujours, aujourd'hui reconverties en restos chics ou clubs select...
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Petites eglises par dizaines refletant les multiples cultes et obediences du protestantisme propres aux US...
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Enfin, arrivee au Forsyth Park, grand square rendu celebre par sa grande fontaine vue et revue dans "Minuit dans le jardin du bien et du mal", de Clint Eastwood.
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Malheureusement, notre belle vue et notre repos bien merite sur un banc proche de la fontaine auront ete quelque peu gaches par le mariage d'un cachalot en robe meringue, dans la plus pure tradition beauf et paienne americaine. Mise en scene ridicule de garcons d'honneur en chapeaux de Pere Noel. Grosse lechouille / ravalement de facade en guise de baiser distingue. Et tout le tralala !
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Mais deja nous reprenons notre chemin. Direction cette fois la Owens-Thomas House. Pas forcement la plus belle mansion d'exterieur, cette visite etait pourtant la plus reussite et instructive de Savannah. Pour une fois, les conditions de vie des esclaves sont abordees. Nous visitons l'espece de maison mi-etable, mi-logement dans laquelle vivaient entre 8 et 14 Noirs. Au plafond, une teinte bleue subsiste ; resultat d'une peinture faite a la va-vite par les esclaves eux-memes, a base de beurre, de citron et d'indigo ecrase. Quant a la maison de maitre, nous y decouvrons quelques originalites :
- de nombreuses pieces ovales aux portes et meubles epousant les courbes des murs
- des trompes l'oeil pour augmenter l'impression de hauteur de plafond
- des vitres teintees dans les tons jaunes / oranges, de sorte que meme en cas de mauvais temps, une impression d'ensoleillement demeure a l'interieur
- un double escalier debouchant sur un petit pont en bois massif cire - facon "pont japonais de Giverny" - reliant deux mezzanines au dernier etage de la maison.
Enfin, derniere fierte de cette belle maison : celle d'avoir heberge La Fayette deux nuits en 1823. A cette occasion, il fit un discours depuis le balcon principal aux habitants de Savannah, portant sur la liberte. Raison pour laquelle le maire de la ville avait incite au prealable les maitres blancs a consigner leurs esclaves noirs chez eux cet apres-midi la.
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La maison dediee aux esclaves
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Errance sur Broughton Street, LA rue marchande de Savannah, bien moins animee qu'a Charleston. Puis, bonne pizza partagee dans un petit bar crasseux du quartier du City Market.
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2eme jour :
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Aujourd'hui, nous visons les musees... Petite balade d'abord a la recherche du Post Office et de cartes postales "potables"...
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Premiere visite de la journee : le Jepson Center for the Arts. Bien qu'accueillie dans un magnifique building contemporain tres lumineux, la collection du musee se composait en grande partie d'art "contemporien" pas tres convaincant. Une belle expo temporaire toutefois : celle d'un portraitiste symboliste du debut du siecle, mi-americain, mi-libanais : Kahlil Gibran. Des portraits feminins au fusain, tres etheres, tres beaux... Des tableaux surrealistes jouant sur differentes tailles d'humains...
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Deuxieme visite de la journee : le Telfair Museum of Art. Une section tres interessante sur l'art afro-americain, rarement represente dans les collections des grands musees. Scenes de reunions de famille, portraits, representations naives des plantations... La presence d'une tres jolie sculpture qui est plus ou moins l'embleme de Savannah : 'The bird girl'. (Vous pourrez la trouver sur Google Images). Et puis des impressionnistes comme les Ricains en raffolent : francais, hollandais, americains, italiens.
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Enfin, pour finir cette journee ecourtee par notre bus pour Titusville, nous terminons la decouverte de Savannah par une petite balade le long des anciens docks de la ville, le long de la riviere. Vieux immeubles en briques, paves irreguliers et douloureux pour la plante des pieds... et surtout, boutiques touristiques de mauvais gout a gogo ! :-)
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Et la derniere image de Savannah que j'ai gravee dans ma tete : celle de l'ancien marche de coton sous les palmiers... Tout l'esprit du sud en un cliche !
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Pour ce qui est de mes impressions generales :
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Savannah est magnifique et tres plaisante, bien que moins enchanteresse que Charleston a mon sens. Moins dynamique, moins culturelle, moins citadine, on se voit beaucoup moins vivre ici qu'a Charleston. La visite vaut indeniablement le detour. L'atmosphere y est tres particuliere. C'est la nostalgie tranquille du vieux sud, a la limite de l'archaisme... Mais peut-etre qu'apres tout, Savannah est bien plus representative du Deep South des Etats-Unis que Charleston...

samedi 18 décembre 2010

Charleston - Singin' in the rain

Ndlr : je tape sur un clavier americain, donc il faudra vous passer des accents et me pardonner mes fautes d'orthographe pendant quelques jours...
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Recit de 2 jours a Charleston.
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Pour situer geographiquement et historiquement :
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Quand on se balade dans Charleston, on se sent comme sur un plateau de cinema. Les caleches, - et l'odeur du crottin par consequent - plus de 180 petites eglises, et bien sur, de tres jolies maisons par centaines ! Charleston, c'est le sud tranquille, calme, bourgeois.
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Charleston, bien qu'etendue, ne comporte en fait qu'une assez petite surface historique interessante. Ceci s'explique par les diverses catastrophes naturelles dont elle a fait l'objet apres la guerre de Secession (ouragan, tremblement de terre, incendie). Le downtown recouvre en fait une petite peninsule, encadree par deux rivieres, s'avancant sur une large baie, elle-meme debouchant sur l'Atlantique. Dans les faits, on a vraiment l'impression d'etre dans un petit port au bord de l'ocean, plus qu'au bord d'une riviere.
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Charleston a ete fondee en 1670, essentiellement par des huguenots francais fuyant les persecutions religieuses. C'est donc a l'epoque et pendant longtemps la premiere ville de Caroline du Sud. Elle a joue un role tres important pendant la guerre d'Independance, puis pendant la guerre de Secession (la Caroline du Sud etant le premier etat secessionniste).
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Quelle meteo ?
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Temps moyen le premier jour, execrable le deuxieme, ce qui explique malheureusement la mauvaise qualite des photos. En revanche, temps TREEEEEES doux. Adieu la doudoune et les gants, bonjour manteau sous le bras !
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1er jour :
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D'abord, apres une premiere nuit hyper relaxante puisque Marine et moi etions toutes seules dans une chambre de quatre et que nous dormions dans un vrai lit pour la premiere fois en 48h, nous etions pleinement d'attaque pour visiter Charleston.
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1ere etape : descendre Meeting Street, l'une des grandes arteres de Charleston, traversant verticalement la peninsule.
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On y decouvre avec etonnement ce sous-marin. Cette espece de cigare flottant est une fidele copie d'un sous-marin utilise dans la baie de Charleston au cours de la guerre civile (1861-1865). Tres spartiate, il ne pouvait pas etre completement immerge puisque les soldats qui se logeaient a l'interieur ne respiraient que grace a une espece de tuba geant en metal plante sur le dessus du sous-marin. La torpille a l'avant etait parait-il efficace, puisqu'elle a notamment detruit un bateau de l'Union (on fera abstraction du fait que les sous-mariniers ne sont jamais rentres au port !).
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Toujours sur Meeting Street, nous decidons de visiter ensuite Manigault House. Il s'agit d'une maison a la fois simple et elegante que fit construire Joseph Manigault en 1803. Le bonhomme etait un descendant de huguenots originaires de La Rochelle. Riche proprietaire terrien, il devait sa prosperite au commerce du riz - alors la culture-reine en Caroline du Sud - et possedait quelque 400 esclaves noirs. Hauts plafonds, gout pour la symetrie, mobilier europeen... La guide etait interessante ; et ses gouts vestimentaires egalement (gilet vert pomme agremente de Peres Noel en feutrine rouge vif du meilleur gout !).
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Nous continuons de descendre sur Meeting Street et voila typiquement le genre de maisons que l'on cotoie. Petite surprise personnelle : quand on voit de vieux Noirs ratisser les feuilles mortes dans les jardins, c'est a se demander si la segregation raciale a vraiment pris fin dans le sud...
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Une caserne de pompiers digne d'une maquette de petits trains... A noter : malgre la presence des palmiers, la ville est si bien paree pour Noel que l'on ne se sent pas dephase...
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On decouvre ensuite l'ancien marche aux esclaves. Il s'agit en fait de galeries couvertes en enfilade ou s'examinaient / se negociaient / se vendaient autrefois les esclaves pour les plantations avoisinantes. Aujourd'hui, on y trouve des babioles de mauvais gout, du type : gueules d'alligators et pattes d'iguanes sechees. On y trouve egalement des ladies' baskets - specialite de la ville : ces petits paniers tresses ornes de fleurs et de rubans que les dames du sud arboraient pour sortir autrefois...
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On tente sans succes de visiter cette eglise circulaire, parait-il magnifique. Il faudra se contenter de l'exterieur...
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En route pour aller dejeuner, je vous donne ici un petit apercu des rues qu'on a pu longer...
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L'estomac rempli d'un petit wrap, nous sommes pretes a attaquer la seconde jolie mansion de la journee : Nathaniel Russell House. Achevee en 1808 pour le compte du riche marchand d'esclaves, d'indigo et de riz Nathaniel Russell, elle est superbe et originale a la fois. Dotee d'un joli jardin, cette imposante demeure reflete bien la vie des elites sudistes du XIXeme siecle. Entre autres originalites :
- une superbe porte entre le vestibule - reserve aux affaires - et les parties privees de la maison : a double battant, plus large que haute, en bois rouge perce de rosaces de verres ;
- un free-flying escalier de 3 etages, ayant la particularite de s'elever dans les airs sans aucun support apparent, puisque chaque marche repose exclusivement sur celle d'en-dessous ;
- des frises et des plinthes en trompe-l'oeil a gogo ;
- des grands panneaux glaces pour refleter la lumiere et illuminer davantage les pieces...
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Tout au bout de Meeting Street, nous debouchons sur le bord de mer/riviere, ou se trouvent evidemment de luxueuses maisons. Plus modernes sans doutes, mais tout aussi enviables... Papa/Maman, pour la retraite, pensez-y...
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Nous remontons ensuite dans le centre, en arpentant cette fois la grande rue commercante : King Street (Papa, te sens pas vise...). Jolies facades pastels toujours de rigueur... Boutiques bien tentantes auxquelles, non, aucune de nous n'avons succombe.
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Petit crochet par le College of Charleston, l'histoire de voir a quoi ressemble l'universite publique de la ville. Grandes colonnades, grands chenes... Pour la p'tite histoire, des scenes de "Retour a Cold Mountain" ont ete tournees ici. Marine est toute emoustillee a l'idee de fouler la meme terre que Jude Law une fois dans sa vie...
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Lasses d'avoir tant marche, nous nous accordons un trooooooooop bon diner 100% local : patates douces au four et soupe de crabe !!! Miam... Orgasme culinaire !
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Mauvaise nuit, contrairement a la premiere... La version suedoise de "Laurel et Hardy" produit des ronflements dignes de l'appareillage d'un paquebot... Ps : siffler pour faire taire les ronfleurs ne marche QUE dans "La Grande Vadrouille".
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2eme jour :
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(Marine insiste pour formuler cette phrase ainsi) : Nous partons a l'abordage de Fort Sumter. Yahouuuuu ! Treve de plaisanteries. Je rentre a nouveau dans la peau de Phillipe Boutry.
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Situe dans la baie de Charleston, ce fort est un lieu emblematique de la guerre de Secession, puisque les premiers coups de feu a l'origine de la guerre ont ete tires ici. C'etait au depart un grand fort defensif le long de l'Atlantique, par consequent garde par l'armee federale. Le 12 avril 1861, les Confederes, qui viennent de faire secession, tirent plusieurs boulets de canon en direction du fort. Apres 34h d'echanges armes, le General Anderson est oblige de se rendre ; le fort tombe aux mains des Confederes. Jusqu'en 1865, ceux-ci parviendront a l'inverse a le defendre vaillamment. Anecdote rigolote : les Confederes arrivent meme a repousser l'attaque d'un gros navire, par consequent deserte par l'Union, et a en recycler les canons afin de tirer sur leurs proprietaires d'origine.
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Visite glaciale pour le coup, mais tres interessante donc.
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A noter, du ferry, on a une vue imprenable sur ce pont qui, quand il n'est pas cache par la brume, est l'un des plus grands d'Amerique du nord. (Le pont de Normandie peut aller se rhabiller a cote...)
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De retour sur la terre ferme, on s'offre une petite visite du quartier de Battery, l'histoire de faire un dernier plein de jolies maisons bourgeoises...
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Si vous n'avez pas d'idee de cadeau de Noel, celle ci-dessus je la veux bien...
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Fin des visites. 19h : il est deja temps de foncer vers notre etape suivante, en train cette fois.
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Pour ce qui est de mes impressions generales :
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Charleston est une tres jolie ville, raffinee, elegante... Les couleurs, la vegetation luxuriante (meme en hiver !), les maisons somptueuses. Il doit faire bon y vivre, d'autant que d'apres ce qu'on a pu en juger, la vie culturelle est tres riche. Les theatres, les restaurants, les salles de concerts et de spectacles en tous genres, ainsi que les festivals l'ete en temoignent.
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La ville semble avoir su aller de l'avant. Malgre la defaite de la Caroline du Sud lors de la guerre de Secession, Charleston est loin d'etre une ville nostalgique ancree dans une autre epoque. Et meme si comme je l'avais dit au debut, une certaine aristocratie semble perdurer, Charleston est aussi moderniste que le nord de la cote est.
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Enfin, malgre l'horreur indeniable de l'esclavage, dont on prend conscience quand on voit les appentis dans lesquels ils vivaient, en marge des belles demeures, ainsi que le marche aux esclaves, on ne peut s'empecher de se demander si a la place des riches blanches dans ces jolis salons, nous n'aurions pas nous aussi fait l'autruche devant un tel systeme inegalitariste...