jeudi 28 avril 2011

Je suis vivante.

Juste un petit mot au beau milieu de mes révisions / exams, pour vous assurer du fait que je suis bien vivante...
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Maman est venue... et repartie. L'occasion de me faire bichonner pendant 10 jours et de me croire (presque) en vacances... En sa charmante compagnie, j'ai :
- marché l'équivalent d'un marathon
- fait pipi en territoire finlandais
- très bien mangé
- refait ma garde-robe estivale
- pris un coup de soleil ridicule façon "drapeau japonais inversé" dans le décolleté
- contemplé Washington au crépuscule depuis le roof-top d'un grand hôtel
- absolument pas travaillé !
Et la liste n'est pas exhaustive. Bref, c'était génial ! Je vous raconterai bien évidemment tout ça en détail... dès que j'en aurai fini avec mes exams / papers, c'est promis !
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En attendant, je vous laisse sur :
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* une dernière anecdote à la c** sur ce qu'on appelle à tort des "politics" américaines. Hier, Obama a rendu public son certificat de naissance à Hawaï, suite à la pression de cet abruti de Donald Trump qui n'a rien trouvé de mieux à faire que de se lancer dans la course aux présidentielles de 2012. Ou comment, après 3 ans de mandat présidentiel et je ne sais combien d'années au service de son pays, Obama a dû fournir la preuve qu'il en faisait bien partie. Et comme le ridicule ne tue pas et que quand on naît c**, on le reste, Trump conteste maintenant le droit d'Obama à avoir fait ses études à Harvard. Des Noirs à moitié africains dans la Ivy League, bouhhh, quelle horreur ! C'est dégoûtant !... Hier soir, en guise de vengeance, le journal satirique The Onion titrait : "Trump Unable To Produce Certificate Proving He's Not A Festering Pile Of Shit". Bien fait pour lui !
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* un nouvel épisode dans la série "Hélène a la poisse !". Marine et moi étions hier cordialement invitées à déjeuner à l'ambassade de France par Barthélémy, stagiaire à la Mission de Défense. Ou comment, dans cette institution très guindée grouillant de généraux, colonels, et autres amiraux, ma merveilleuse sandale bling-bling achetée 9 dollars à Little Havana à Miami a décidé de rendre l'âme, ne me laissant pas d'autre choix que de me promener pieds nus dans les couloirs de l'ambassade, avant que je ne décide d'attacher mon pied à la semelle de ma chaussure avec un élastique à cheveux, me coupant ainsi la circulation sanguine dans les orteils pendant 2 bonnes heures. Ri-di-cule ! Bouffonne je suis, bouffonne je reste !
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* une image de mon beau campus au printemps (entre 28° et 30°C à DC depuis 4 jours...). Il y a deux jours, l'une des rues était fermée à la circulation sur un block, permettant ainsi aux étudiants de donner libre cours à leur imagination. Ou comment en quelques heures à peine, le sol s'est couvert de dessins / slogans / poèmes / symboles à l'aide de craies multicolores. Super chouette !
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Bisous à tous. Promis, je reviens very very soon pour vos beaux yeux.

jeudi 14 avril 2011

Fox News, go to Hell !!!

Juste un post rapide avant mon départ en cours. Je suis outrée, dégoûtée, choquée...
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Hier, comme vous le savez peut-être, Obama a fait son deuxième speech de l'année à GWU. Utilisant comme toujours l'auditorium de l'université, situé tout près de la Maison Blanche et disposant d'un grand nombre de places, il a donné sa première grande conférence de presse sur la réduction du déficit et le budget depuis que le Congrès a enfin réussi à se mettre d'accord. Rappelant la nécessité de "se serrer la ceinture" cette année, il s'est quand même félicité de l'intransigeance des Démocrates sur des thèmes aussi importants que le financement du planning familial et la nécessité de préserver l'environnement.
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Au même moment, les étudiants et l'administration apprenaient qu'un étudiant de GWU venait d'être retrouvé mort dans sa chambre, à City Hall, 3 étages en dessous du mien. Le junior en question était apparemment dépressif depuis longtemps et il s'est suicidé. C'est son roommate qui l'a découvert. Je partais en cours au moment où ils l'embarquaient sur une civière... et ça m'a fait très bizarre. Il y avait la police dans le hall de l'immeuble et dans la rue devant, une ambulance, etc. Bref, ça m'a choquée, de la même façon que ça a choqué tous les étudiants de City Hall et tout le campus en général, même si on ne le connaissait pas personnellement.
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Le soir, en en parlant avec Marine, elle me dit : "C'était bizarre... Cette après-midi, j'ai bien cru voir des journalistes rôder en bas, avec des micros, etc." Et bien elle avait bien vu ! Malheureusement !...
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Fox News a finalement frappé ce matin ! En gros titre : "GWU Suicide Tragically Coincides With Obama Speech". Répugnant, voyeuriste, stupide, à vomir, gerbant... Je ne sais pas comment cette pu** de Kelly Chernenkoff - qui se dit journaliste ! - peut se regarder dans la glace ! Comment peut-on instrumentaliser la détresse d'un étudiant à des fins partisanes, à un débat politique qui vole à ras des pâquerettes ? Comment peut-on ajouter à la douleur des parents et des amis de cet étudiant en élevant son suicide au rang d'un gros titre de presse nationale ? Comment peut-on insinuer que le suicide de cet étudiant reflète la déception de la politique menée par Obama ?...
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C'est un scandale ! C'est une honte ! On devrait retirer toutes leurs accréditations aux journalistes de Fox News. Kelly Chernenkoff fait du tort à toute sa profession ! Et j'espère bien que les parents de ce malheureux vont lui coller un beau procès aux fesses, pour diffamation, intrusion dans la vie privée, ou je ne sais quoi ! Elle n'aura que ce qu'elle mérite !

mercredi 13 avril 2011

Bon Voyage Maman !!!

Rendez-vous dans un peu plus de 24h à NYC !!! :-)

Et des bisous à Papa, pour compenser... :-)

mardi 12 avril 2011

Une parade, une basilique et un pique-nique sont les trois infos du jour !

Ce week-end, Théophane nous a rendu visite de Pittsburgh. Arrivé vendredi soir, reparti lundi matin, sa visite m'a permis comme toujours de parfaire la "gravure" de certaines vues de DC dans ma tête, et d'en "imprimer" de nouvelles. Même si après deux semaines largement pluvieuses, la floraison des cerisiers touche déjà à sa fin, la ville n'a jamais été aussi belle qu'actuellement. Les températures sont quand même bien remontées, de sorte qu'on commence à pouvoir sortir sans manteau. Les pelouses se remplissent de tulipes et de jonquilles. D'autres arbres roses et blancs fleurissent un peu partout. Bref, ça sent VRAIMENT le printemps cette fois ; je sens que la bronzette, c'est pour bientôt !...
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Je vous remets trois photos de Cherry Blossom, piquées à Marine. Un peu de narcissisme ne fait pas de mal...
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So romantic ! Un parterre de pétales de fleurs sous les cerisiers du Japon...
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Mes lunettes, ma fierté... $5 mais un maaaax d'effet ! :-p
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Samedi
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Marine étant occupée, je me charge de montrer les premiers classiques à Théophane. Maison-Blanche, FMI, Banque Mondiale... J'en profite pour vous caler une petite photo de la Banque Mondiale, assez jolie, surtout à cette saison !
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Nous nous dirigeons vers la parade annuelle de Cherry Blossom, clôturant le festival. A cause de cette histoire de government shutdown, l'itinéraire et les moyens de la parade ont été révisés au dernier moment. Malgré les 100 000 spectateurs sur Constitution Avenue, ça n'a rien d'exceptionnel... C'est même très tarte ! Entre les majorettes, les cornemuses, les blondes maquillées comme Roselyne Bachelot habillées en kimono et les flics à moto qui pétaradent, je me lasse vite. On regarde une petite demi-heure, et puis on s'en va.
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Les rangers et un castor géant...
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L'association des vieilles voitures du Maryland, ou quelque chose comme ça...
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Le char des organisateurs du festival... qui fait très Gay Pride !
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Après ça, j'emmène Théophane au Musée d'Histoire Américaine, où nous nous attardons un moment à un étage que je n'avais jamais fait auparavant : celui consacré aux différents Présidents américains et aux différentes guerres qu'ont connues les Etats-Unis. J'apprends de petites anecdotes intéressantes et je m'amuse de l'idolâtrie portée à Abraham Lincoln. Devant son haut-de-forme et sa montre à gousset, les Américains sont babas. Je m'étonne de la largeur de tonneau du Président Cleveland (gros salopard aux Philippines...), dont un manteau est exposé. En bref, c'est pas LA sortie culturelle de l'année, mais c'est très rigolo.
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Je lui fais aussi faire un petit détour par la NGA, comme toujours. Et puis on rentre vite retrouver Marine aux dorms et manger des pâtes, car Vincent est aussi à DC, avec sa mère, pour la journée, et il voudrait qu'on aille tous ensemble à Georgetown. C'est l'occasion pour moi de faire des photos supplémentaires de ce quartier chicos que j'aime décidément beaucoup. Je découvre toujours de nouvelles ruelles résidentielles. Je fantasme devant de très très belles maisons dans lesquelles il doit faire bon vivre. Et puis, j'apprécie de voir les jardins reverdir et les écluses se remplir à nouveau.
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Mais déjà, il est temps de dire au revoir à Vincent, qui doit reprendre le bus pour Philly. Marine, Théophane et moi décidons de nous poser dans un petit café, pour reposer nos pattes un moment. Nous découvrons ainsi "Snap", sur Jefferson, un micro-café tout esquiché dans une minuscule maison mitoyenne, et doté d'une arrière-cour ombragée minuscule elle aussi mais fort agréable. Il propose des crêpes dignes de Paris, ainsi que des cafés et des thés dans lesquels baignent de petites boules de tapioca qui ressemblent à des gommes à mâcher. Miam ! Maman, dans même pas une semaine, tu y seras assise ! :-)
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Après un dîner aux dorms très chouette auquel sont venus se greffer deux stagiaires français de l'ambassade de France, Barthélemy et Quentin, nous ressortons pour montrer un peu à Théophane le DC de nuit... Direction Adams Morgan comme d'habitude ! J'en profite pour faire une parenthèse sur le comportement des Américaines en soirée (dans les clubs, dans les frat-parties, etc.), que je n'ai encore jamais évoqué. Il vous suffit de visualiser une chienne en chaleur, habillée d'une robe ultra-moulante "à ras le terrain de jeu", la bouche grande ouverte de façon suggestive, avec 12cm de talons-aiguilles scintillants sur lesquels elle semble aussi à l'aise que le serait un hippopotame. Il vous suffit de vous dire que les Américains n'ont de puritain que leur discours. Et vous imaginerez plus aisément ces filles se trémousser de façon plus choquante que si elles portaient une pancarte "Sodomisez-moi !" autour du cou. Bref, à vous donner la nausée ! Et surtout... à faire régresser le féminisme de 200 ans d'un coup ! Après avoir bien ri d'un Barthélemy assailli par l'une de ces créatures pendant un quart d'heure ne sachant comment réagir, retour à la case dorms... pour un court dodo !
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Dimanche
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Oui, ce matin, je vais à la messe (la 2ème fois en 8 mois !). Parfaitement ! Mais pas n'importe où s'il vous plaît ! Je me rends à la Basilique du Sacre National de l'Immaculée Conception (retenez juste "Basilique"...), dans le nord de DC. Il s'agit de la plus grande église catholique des Amériques, si l'on en croit nos guides touristiques et le site officiel de l'église. Pour ma part, je ne la trouve pas SI grande que ça... J'avais imaginé bien plus impressionnant !
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Si l'extérieur est assez joli de loin car reconnaissable à sa coupole et à sa flèche dans les tons bleus et ors, de près, il l'est beaucoup moins... Béton = caca !... Quant à l'intérieur, il m'a beaucoup fait penser à une version catholique de l'intérieur de la Grande Mosquée d'Abu Dhabi : pompeux mais dépareillé, luxueux mais kitsch à souhait ! Mosaïques flamboyantes de mauvais goût. Christ torse nu, gonflé aux hormones, blond peroxydé. Chapelles latérales sans cohérence. Pris isolément, certains trucs sont très jolis (cf. le plafond étoilé acidulé en mosaïques ci-dessous par exemple !) mais globalement, je suis loin d'être conquise. A vous de juger ! (En même temps, j'ai surtout mis les photos que je trouvais belles, alors c'est pas très représentatif !)
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Si c'est pas tarte... La Vierge à l'Enfant perchée sur son île... Avec des pièces d'1 cent au fond de l'eau...
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Photo floue mais je la mets quand même, car j'ai bien aimé la chapelle dédiée à Notre-Dame-de-Guadalupe. La représentation des fidèles mexicains de toutes les époques confondues était assez rigolote...
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Un truc que je n'avais jamais vu avant : une Vierge à l'Enfant sinisée... C'est assez drôle mais après tout, pourquoi pas ? On a bien des Vierges brunes, blondes, noires, blanches... (j'ai l'impression de parler de bières...)
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Après la messe, retour aux dorms. Je prétexte que j'ai du boulot, et je suggère à Marine d'emmener Théophane voir les Memorials pendant que je bouquine chez moi. En réalité, héhé, j'ai rendez-vous dehors avec une petite dizaine de personnes (Trevor, Mathilde, Irina, Madina, Erin, Barthélemy). Nous avons prévu d'offrir un goûter surprise à Marine (pour son anniversaire le 12 avril) le long du Tidal Basin, vu qu'il fait super beau et chaud. Une heure et demie plus tard (Théophane ne s'est pas montré très dégourdi pour emmener Marine au point voulu...), Marine a donc écarquillé les yeux sans comprendre, en nous voyant tous assis sur une pelouse, avec des brownies, des tournesols et des pitits cadeaux... Bref, c'était très réussi !!!
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En début de soirée, tout le monde s'en va un par un... et il ne reste finalement que Marine, Théophane, Barth et moi. On remonte tranquillement vers GWU, en longeant le Basin et le WWII Memorial et Constitution Pond. A cette heure-là, la lumière est vraiment superbe. La pierre prend un reflet rosé. Les étendues d'eau scintillent, d'autant qu'ils ont enfin remis les fontaines en route. Devant une cane et son adorable dizaine de micro-canetons (z'en veuuuuuux unnnn !), Barth, Marine et moi redevenons des gamins de 8 ans. Nous passons un quart d'heure à réduire en miettes des gaufrettes restantes pour les nourrir. On ne s'en lasse pas... C'est le moment "communion avec les canards" ! J'adore.
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WWII Memorial
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De g. à dr. : Théophane, la star du jour et Barth.
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Constitution Pond
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Et voilà grosso modo comment s'est achevé ce super week-end...

lundi 11 avril 2011

Perles africaines

Non, je ne me relancerai pas ce soir dans une diatribe contre la bêtise et le manque d'ouverture d'esprit de certains Américains. Non, je ne re-démontrerai pas à quel point mes camarades d'Affaires Internationales n'en ont juste rien à péter de ce qui peut bien se passer en Afrique, pourvu que ça ne les affecte pas militairement ou énergétiquement (ça se dit ?).
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Ce soir, je vous fournis juste quelques anecdotes pêchées et notées dans la marge de mon cahier, en quelques semaines de cours sur l'Afrique. A vous de vous faire votre propre opinion !
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J'ajouterai juste une remarque préliminaire sur le fait que dans ce cours, le prof est génial et semble tout autant ébahi que moi par les réactions de certains étudiants. Malgré le fait qu'il ne connaisse pas la différence entre PIB et PNB - ce qui est un peu surprenant après 35 ans de State Department, et ce qui l'est d'autant plus que l'Afrique est le continent où l'écart entre les deux est le plus flagrant -, il a l'air d'aimer vraiment l'Afrique, d'avoir vraiment de l'estime pour ses peuples, et de vraiment vouloir qu'ils s'en sortent. Pour ça, je l'admire !
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Non, ce soir, c'est aux réflexions d'une petite dizaine de couillons / grandes gueules que je m'en prends...
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1°/ Cours sur "Les Relations Etrangères du Continent Africain".
Question du prof : "Avec quels pays africains, géographiquement et économiquement stratégiques, les Etats-Unis ont-ils récemment resserré les liens diplomatiques (en dehors de l'Afrique du Sud, du Nigéria et du Maroc) ?"
Réponse entendue : "Le Yémen ?".
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2°/ Cours sur "L'Economie Informelle en Afrique".
Question préliminaire du prof : "En dehors des différents trafics illégaux (drogue, armes, animaux, etc.), quelles sont selon vous les activités englobées par l'économie informelle d'un Etat ?"
Réponse entendue : "Bah... Les babysittings et la cuisine."
Le prof : "Oui pour les babysittings. La cuisine, en revanche, j'ai du mal à vous suivre... Qu'entendez-vous par là ?"
Le couillon : "Bah, parce que quand on cuisine chez soi, on produit de la richesse quelque part, en produisant des aliments... et c'est pas pour autant comptabilisé par le Ministère de l'Economie !"
Le prof : "Vraiment, je ne vous suis pas. Quand vous balayez, vous accumulez de la poussière, et c'est pas pour autant qu'on peut parler de "création de richesse". La cuisine n'a rien à voir avec l'économie informelle..."
Le couillon : "Je ne comprends pas..."
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3°/ Cours sur "La Question des Réfugiés en Afrique".
Question du prof : "Maintenant que vous savez quel pourcentage de réfugiés somalis ont été accueillis par les Etats-Unis au cours des dernières décennies, et après avoir étudié leur contribution à la croissance américaine, pensez-vous vraiment, comme certaines franges politiques extrémistes, que les réfugiés représentent une menace pour la sécurité nationale ?"
Réponse entendue par le débile en costard à ma droite : "Bah ouais... Ça pourrait être des terroristes parce que... on ne sait pas trop d'où ils viennent, on n'est pas toujours sûr de leurs papiers d'identité..."
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4°/ Cours sur "Les Relations Etrangères du Continent Africain".
Question du prof : "Depuis quasiment la naissance de l'Etat américain, l'Afrique a toujours été reléguée au dernier rang des préoccupations du State Department. Au vu de son potentiel (main d'oeuvre, minéraux, énergie, etc.) et de ses besoins (pauvreté, guerres constantes, HIV, etc.), pensez-vous que c'est justifié ?"
Réponse entendue : "Bah... oui, car vu qu'ils sont pauvres, les Africains ne représentent pas une menace militaire immédiate pour les Etats-Unis !"
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5°/ Cours sur "La Santé en Afrique".
Question du prof : "Au vu de l'étendue de la pratique de l'excision et de son caractère antique (ça remonte à l'Egypte ancienne...), quelle serait selon vous la solution pour mettre fin à ce problème ?"
Couillon n°1 : "Bah... mettre tout le monde en prison ! Les parents des petites filles excisées, les pseudo-médecins ou prêtres qui la pratiquent, et les maris qui attendent de leur épouse qu'elles soient excisées.
[C'est ça, allez, on va mettre la moitié de la population africaine en prison ! Youpi ! C'est réaliste !]
Couillon n°2 : "Bah... On n'a qu'à faire réaliser les excisions en hôpital, sous anesthésie, et tout et tout..."
[Allez, c'est ça ! On envoie l'OMS ouvrir des cliniques pour excision dans toute l'Afrique ! Brillant !]
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6°/ Cours sur "L'Union Africaine et le NEPAD".
Explication du prof : "Incohérence de nos politiques mondiales actuelles... le budget annuel de l'Union Africaine - chargée de missions de maintien de la paix, de programmes d'éducation et de santé, de développement des échanges interétatiques, etc. - est inférieur au budget qu'ont dépensé les Etats-Unis en balançant des missiles sur la Libye depuis le début des hostilités."
Réaction de mon voisin, toujours le même débile en costard : "Hahahahaha..."
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7°/ Énième point d'actualité sur la situation en Côte d'Ivoire, après plus de 3 mois à en parler au début de chaque cours.
Lu sur l'ordinateur de mon voisin (toujours le même débile !) : "Babo refuse de quitter la Côte de Voire."
[C'est dire l'intérêt porté au sujet...]
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Voilà ! Vous saurez ainsi pourquoi il m'arrive très fréquemment d'écarquiller les yeux ou de les lever au ciel dans mon cours sur l'Afrique. Je ne généralise pas du tout ; ce cours est un amphi où nous sommes bien 80... Il y a des gens brillants, qui ont l'air vraiment intéressé par l'Afrique et qui font des remarques constructives. Et puis il y a cette poignée d'imbéciles, dont je me demande encore pourquoi ils ont choisi d'étudier un continent pour lequel ils ont si peu d'égards...

dimanche 10 avril 2011

On n'est pas passé loin...

Dans l'actualité à Washington cette semaine, deux faits assez déments dont vous n'avez peut-être pas entendu parler à l'étranger, mais qui valent pourtant leur pesant de cacahuètes !...
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1°/ L'expo Gauguin
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Vous souvenez-vous de cette expo Gauguin dont je vous ai parlé il y a quelque temps ? Celle de la NGA consacrée à Paul Gauguin. Bon, et bien la semaine dernière, une américaine complètement tarée s'y est rendue librement et en est repartie en fourgon de police. La malheureuse s'en est en effet prise physiquement à un tableau, Deux femmes tahitiennes, en donnant des coups de poing dessus, en s'efforçant de le décrocher, tout en hurlant "This is evil ! This is evil !", sous le regard effrayé et incompréhensif des autres visiteurs. Est-ce parce que le tableau laisse voir les seins des Tahitiennes en question ? Est-ce par conscience puritaine ? Est-ce parce que les femmes n'ont pas la peau blanche ? Est-ce une manifestation raciste ? On ne sait pas... En revanche, on sait qu'elle va avoir droit à un procès en bonne et due forme pour "destruction de biens" et "tentative de vol". Quant au tableau, il a été décroché et la NGA va sans doute avoir quelques problèmes avec le Met, qui lui avait prêté...
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2°/ Le presque "government shutdown"
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Vendredi matin, alors que j'étais en train de courir au gym, j'ai été interpellée par les gros titres de toutes les chaînes de télé allumées devant moi : "Will there be a government shutdown tonight ?". "Est-ce que le gouvernement sera fermé ce soir ?" Tous les journalistes avaient l'air alarmé. A mon retour devant mon PC, plusieurs statuts Facebook d'Américains versaient dans l'apocalyptique... Mais qu'est-ce que ça pouvait bien vouloir dire ? Après lecture du Washington Post et discussion avec Trevor, j'ai enfin compris de quoi retournait ce pataquès politique...
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Il y a deux semaines, les Congressmen se sont réunis au Capitole afin de voter le budget allant d'avril à septembre (2011). Bien que ce vote prenne toujours du temps, négociations obligent entre les deux camps parlementaires, il s'effectue d'habitude en moins d'une semaine et prend acte quelque chose comme 72h plus tard, soit presque immédiatement.
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Mais qu'est-ce que cette année a de particulier ? Du fait de la crise économique actuelle et du poids colossal de leur dette extérieure (notamment vis-à-vis de la Chine), la Maison Blanche comme le Congrès s'accordaient sur la nécessité de réduire drastiquement le budget. L'Etat américain ne sera pas généreux cette année, c'est un fait !
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Problème : là où la Maison-Blanche proposait d'économiser 33 milliards de dollars, l'opposition républicaine, elle, voulait en économiser au minimum 40 milliards. C'est ainsi qu'ont commencé des tractations à n'en plus finir, au Sénat (dominé par les Démocrates, autrement dit par les partisans de "la petite coupe") et à la Chambre des Représentants (dominée par les Républicains, autrement dit par les partisans de "la grosse coupe").
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Pourquoi était-ce si problématique ? Il est vrai que 7 milliards de dollars, au regard du budget total des Etats-Unis, c'est une bouchée de pain !... Non, ce qui était embêtant dans cette histoire, c'étaient les domaines dans lesquels les Républicains proposaient d'effectuer ces coupes budgétaires...
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D'une part, ils voulaient faire des économies sur le planning familial. Derrière cette attaque contre cette institution au statut hybride (partiellement privée, partiellement publique) se cache bien évidemment le Tea Party, désireux de supprimer toute subvention étatique oeuvrant de près ou de loin à l'avortement. Dans un pays où le débat sur l'avortement est toujours d'actualité, cette demande de la part des Républicains n'était pas très surprenante. Ce qui choque bien davantage, c'est le fait que les avortements ne représentent même pas 5% du budget du planning familial ; le reste étant consacré à subventionner les familles nombreuses, à aider les couples ayant des problèmes de fécondité, à distribuer des contraceptifs, etc. Plus que l'avortement, ce serait donc un pan entier de l'action sociale qui s'effondrerait, si l'Etat arrêtait subitement de financer le planning familial.
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D'autre part, ils voulaient mettre fin au subventionnement par l'Etat de l'Agence pour l'Environnement. A ce jour, cette organisation réglemente les émissions de gaz toxiques des compagnies américaines et correspond de fait à l'un des seuls efforts faits par les Américains pour se montrer plus respectueux de l'environnement. Les Républicains conditionnent la reprise du subventionnement de l'Agence à la perte du droit à réglementer ces émissions. Indirectement, cette perte de droit conduirait la grande industrie américaine à polluer quasiment sans restrictions. Compte tenu du fait qu'elle est déjà beaucoup moins eco-friendly qu'ailleurs en Occident, cette mesure aurait été la porte ouverte aux augmentations des émissions de gaz toxiques.
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Evidemment, la Maison-Blanche et les Démocrates refusaient de faire de pareilles concessions sur des sujets aussi délicats et capitaux, d'où ce "piétinement" pendant deux semaines...
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Qu'est-ce ça révèle sur la politique menée par les Républicains de façon générale ? Ça révèle le fait que depuis plusieurs années, les Républicains aiment "prendre en otage le budget" pour défendre des réformes qui n'ont rien à voir avec la choucroute. Le débat sur le budget est relégué au second rang, derrière des préoccupations purement idéologiques, ce qui a pourtant à terme une incidence considérable sur l'économie du pays.
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Alors à quoi ont finalement mené les disputes au Congrès ? Et bien à une grosse frayeur ! En effet, dans un premier temps, les Congressmen ont voté la prolongation du débat d'une semaine, afin de gagner un peu de temps pour le vote. Malheureusement, jusqu'à vendredi soir minuit (date limite), malgré l'octroi de ce délai supplémentaire, ils n'avaient toujours pas réussi à se mettre d'accord sur le montant ni sur la nature des coupes budgétaires à appliquer.
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Vendredi matin, Obama avait donc convoqué le Président républicain de la Chambre des Représentants, John Boehner (originaire de l'Ohio, héhé...) et le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, pour une ultime discussion. Dans l'hypothèse où ils ne parviendraient à aucun accord avant minuit, il avait menacé de "shut down" le gouvernement, autrement dit de le "paralyser".
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Si le budget n'avait pas été voté avant minuit, tout l'appareil fédéral aurait été fermé. Les 800 000 employés de l'Etat fédéral - à l'exception des cadres en poste dans le domaine de la National Security - auraient été privés de salaires et on leur aurait interdit l'accès à leur lieu de travail. L'Etat aurait cessé le paiement des pensions et subventions à qui de droit. Les soldats actuellement dans les zones de combat de même que les pompiers et secouristes actuellement sur le terrain au Japon n'auraient plus été payés. On aurait arrêté de délivrer des visas et des passeports. Les parcs et sites nationaux auraient été fermés. Bref, l'Etat serait devenu un Etat sans budget, donc impotent. La Somalie quoi !
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Même si ça paraît surréaliste, c'est une disposition étrange mais légale aux Etats-Unis. Ça s'est déjà produit, en 1995 et 1996, quand Clinton se frottait aux Républicains (toujours les mêmes !) sur le financement de Medicare, de la protection de l'environnement, de l'éducation et de la santé publique en général.
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Pour éviter qu'une telle paralysie se reproduise et qu'un tel désordre s'installe, et sous la pression populaire - puisque c'est finalement pour rappeler aux Congressmen qu'ils doivent se dépêcher de faire leur boulot qu'on interdit aux fonctionnaires de se rendre au travail en cas de shutdown -, les deux lascars sont finalement parvenus à un accord, peu avant minuit.
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Alors ce budget 2011, ça donne quoi ? Et bien ça donne des économies d'un montant total de 38 milliards de dollars. On a donc coupé la poire en deux ! Les Démocrates ont réussi à faire renoncer les Républicains à leur chantage "anti-environnemental" sur l'Agence pour l'Environnement. Ils ont également réussi à "sauver" le financement du planning familial. En revanche, ils ont dû céder du terrain sur l'avortement. Et désormais, l'Etat ne pourra plus subventionner d'une quelconque façon, directe ou indirecte, une organisation en lien avec l'avortement à Washington.
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Conclusion :
Ainsi, le shutdown a été évité in extremis. Je suis bien évidemment contente qu'on n'en soit pas venue à cette extrémité et que les Démocrates aient réussi à défendre leur Etat-Providence et la cause environnementale. Quant à la concession sur l'avortement, ce n'est que partie remise ! La question est loin d'être close et elle resurgira tôt ou tard...
Pourtant, je ne peux pas m'empêcher d'être un p'tit peu déçue (stupidement, certes !) à l'idée de n'avoir pas "vécu" ce qui aurait été un moment-clé de l'histoire politique américaine : un troisième government shutdown. En pleine capitale fédérale en plus, voir ce à quoi ça ressemble aurait été très instructif je pense !...

mardi 5 avril 2011

DSK à GWU !

Concentration...
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(Irina à droite)
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(Madina à g., moi à dr.)
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... action !
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Lundi dernier, le Directeur du FMI a franchi LE block (en voiture) qui le sépare de GWU, l'histoire de donner une conférence aux journalistes et aux étudiants qui le désiraient, sur le thème "Global challenges, global solutions ?". Moment de grande fierté pour l'université, qui n'avait jamais reçu un Directeur du FMI avant lundi, malgré la grande proximité géographique des deux institutions. C'est donc tout naturellement que, d'une part, la communauté de Pipo ainsi que les francophiles (Erin, Irina, Madina...) se sont retrouvés assis au 2ème rang, et que, d'autre part, le Dean en personne, Steven Knapp, l'a accueilli et introduit dans les règles de l'art.
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Après avoir été élogieusement présenté par le directeur de la School of Business, DSK a donc donné une demi-heure de conférence sur les enjeux économiques mondiaux du moment, pour les pays développés et ceux moins avancés. 1 minute de cirage de pompes sur : "Je me sens infiniment honoré d'être accueilli par l'une des meilleures écoles au monde... blahblah..." puis il est entré dans le vif du sujet...
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Tirant les leçons de la crise, il a rappelé l'importance d'un retour à la régularisation des marchés financiers ainsi qu'à des agences de notation impartiales, notamment via une plus grande implication étatique. S'il fait une grande distinction entre mondialisation des échanges et mondialisation financière, il se félicite de la première, productrice de richesses, et déplore les dérives de la second, génératrice d'inégalités accrues. Quelque peu critique du "laissez-faire" prêché par Adam Smith, il a eu un mot d'humour pour "la main invisible du marché", ne devant en aucun cas devenir "le poing invisible" pour l'unique bénéfice de quelques cupides. Afin de calmer l'appétit des financiers, il a réaffirmé son intention de les taxer davantage, sur la taille de leur bilan ET sur leurs profits annuels. Mais malgré ce tableau assez sombre, il a fait preuve d'optimisme dans sa conclusion, en rappelant les prévisions assez positives sur la croissance mondiale et le chômage pour cette année, et ce malgré la récente hausse du coût du pétrole et le séisme au Japon.
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Observations en vrac :
- DSK avait l'air ra-vi d'être là ! Très souriant, avenant, ne manquant pas d'humour, visiblement pas pressé, il s'est prêté avec plaisir au jeu des questions/réponses avec les étudiants à l'issue de la conférence. Agréable !
- Son discours était très accessible, presque vulgarisé... Je ne dirai pas qu'il s'est contenté d'énumérer des platitudes pendant 1 heure mais il n'a rien dit non plus de transcendant. Malgré ce, sa capacité à répondre du tac-au-tac à des questions très pointues sur des mesures financières particulières ou des pays en particulier par les étudiants en business après coup m'ont prouvé qu'il était beaucoup plus calé qu'il voulait bien le laisser croire en première partie.
- Il parle plutôt bien anglais, même si de temps en temps, sur certains mots, l'accent français réapparaît de façon très prononcée... Il est tout petit et vraiment gros ; il a un peu une silhouette de petit ténor italien, avec un sacré coffre... S'il est élu en 2012 (s'il se présente !), ça fera 2 nains à la suite !
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Ravi d'être là... et ravi de se voir offrir une casquette aux couleurs des Colonials (nos basketteurs) !
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Mais tout le monde n'était pas aussi content que nous à l'idée de le rencontrer, et les altermondialistes l'attendaient de pied ferme à la sortie du bâtiment... (D'ailleurs, on nous a distribué clandestinement des tracts complètement négatifs sur le FMI, c'était assez drôle...)
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Bref, un moment privilégié quand même que d'avoir pu approcher de si près notre potentiel futur Président de la République ! [Même si on n'a pas osé lui demander s'il se présentait en 2012...]

Turning 22 in the USA - The DC part !

Me revoilà ! Et oui ! Je REconsacre un post à mon anniversaire... Ça fait un peu égocentrique me direz-vous, mais en même temps, je ne fêterai pas plein d'anniversaires aux Etats-Unis dans ma vie, et je n'aurai plus jamais la même "troupe" internationale autour de moi que cette année, alors je fais les choses comme il faut ! :-)
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Cette fois, c'est à DC que ça se passe...
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Dimanche dernier, j'ai pour consignes de bien m'habiller, de faire péter robe et talons hauts... On m'emmène au restaurant ! Qui ? Un panel représentatif de presque tous les continents :
- deux Frenchies : Marine et Mathilde (la fidèle team !)
- une Slave : Irina-la-Moldave
- une Asiatique : Hyuna-la-Coréenne
- une Indo-Américaine : Shonali (dont les parents sont arrivés tout droit de Calcutta peu avant sa naissance pour s'installer dans le Connecticut)
- une Africano-Américaine : Erin (à moitié nigériane, à moitié "pennsylvanienne")
- un Latino : Mario-le-Brésilien
- un Américain aux origines germaniques : Trevor.
Où est-ce qu'on m'emmène ? Je ne le sais pas moi-même... Il faut dire que Marine a galéré pour organiser ça : les gens étaient plus disponibles le dimanche soir que le samedi soir, mais en même temps, Amérique puritaine oblige, le dimanche soir, tout ferme à 21h à DC.
Après 10 minutes de marche, il s'avère qu'on atterrit chez Founding Farmers, un restaurant réputé excellent tout près du campus qui, ô miracle, ferme à 23h !
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Eh bien le resto n'a pas volé sa réputation ! Cocktails maison excellents ! J'opte pour un Presidente : rhum, ananas, citron vert et grenadine. Plats excellents ! Je me décide pour un truc plein de légumes méditerranéens (on ne se refait pas !). Je pique à gauche dans les bruschetta d'Erin, absolument divines (brie + confiture d'oignon + pommes en lamelles). Je pique en face dans le crab cake de Shonali, à tomber par terre. Et puis arrive le moment des desserts... Deuxième fois que je me fais avoir en 3 jours (je ne grille JAMAIS ! Je sais pas comment je m'y prends) : le serveur arrive avec un gâteau au chôôôcolat, et des bouzies dezus... Tout le monde chante ; je rampe sous la table ; je souris niaisement... et ze suis trôôôp contente ! :-)
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En plus, je suis pourrie gâtée, une fois encore. Joli bouquet de fleurs de la part d'Irina, carte chantante de la part de Trevor et Mario, boules de bain de la part d'Hyuna (message subliminal : tu pues ! Va te laver !), jolie écharpe (ndlr : j'en suis donc à 25 !) que j'avais repérée à NYC de la part de Marine et Mathilde, accompagnée d'une carte à mourir de rire... Une vieille photo d'un tournage de péplum à Hollywood... Bref, je passe l'une des meilleures soirées de mon année à l'étranger, entourée des gens qui m'y auront le plus marquée et avec qui j'espère sincèrement ne jamais perdre le contact. (De toute façon, avis à la population : je me suis fixée une deadline. D'ici 4 ans, il faut que je sois allée en Corée du Sud ! J'ai promis à Hyuna ! Et puis je suis aussi invitée en Moldavie pour les étés qui viennent...)
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Bon, au cas où ce ne serait pas évident, de g. à dr. : Mathilde, Hyuna, votre dévouée, Erin, Mario, Trevor, Shonali, Irina, Marine.
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Et dans l'esprit "c'est-tarte-mais-je-m'en-fous-au-moins-je-m'en-souviendrai", j'ai immortalisé mon trop zoli bouquet ! Et puis c'est pas tous les jours qu'on m'offre des fleurs ! Zut !
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Bon, et puis le cadeau-de-la-mort-qui-tue, c'est quand même celui que j'ai "consommé" hier soir... Celui de Marinette-Cacahuète-que-j'aime-trop... Une place pour aller voir le New York City Ballet au Kennedy Center (l'opéra de Washington, pour rappel) !
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Alors ça, c'était TOP CHOUETTE !
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Le cadre d'abord : toutes les deux de nouveau en mode "super-chic", à attendre sur la terrasse de l'Opéra surplombant le Potomac, en plein crépuscule...
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Le hall d'entrée du Kennedy Center.
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La fameuse terrasse...
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... et sa vue !
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Georgetown à l'arrière-plan, plus les avirons, emblématiques du Potomac...
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Au pied des escaliers pour accéder à l'une des deux grandes salles de concert.
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Dans la salle de concert.
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La performance : oufissime !
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La compagnie du New-York City Ballet est l'une des meilleures compagnies de danse au monde. Basée à NYC et créée notamment par George Balanchine, elle doit à ce grand chorégraphe russe la quasi-totalité de ses chorégraphies.
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Uniquement danseur à l'origine, quand il fuit le régime soviétique et s'exile à Paris dans les années 1920, Balanchine se rapproche de Diaghilev, autre exilé russe à Paris. Après une blessure au genou, celui-ci le pousse à se mettre à la chorégraphie... ce qu'il fait à 9 reprises. Il se lie d'amitié avec Stravinsky, Ravel, Satie, Debussy, etc. dont il reprend beaucoup la musique. Picasso et Matisse dessinent les costumes de ses danseurs à plusieurs reprises. Au début des années 1930 et après un bref passage au Ballet de Monte-Carlo, Balanchine monte sa propre compagnie : Les Ballets. Il attire ainsi l'attention de Lincoln Kirstein, un jeune mécène diplômé d'Harvard et versé dans la danse, qui le recrute pour monter une compagnie de grande qualité aux Etats-Unis. Le projet prend forme peu à peu, et en 1948, le New York City Ballet officiel naît ! Balanchine chorégraphie la quasi-totalité des performances (68 au total, si mes calculs sont bons), et y danse encore de temps en temps (jusqu'à sa mort en 1983).
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C'est donc bien évidemment du Balanchine que j'ai vu hier soir. 3 pièces ; 3 esprits complètement différents :
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- Square Danse, 1957. Ma partie préférée ! Composée d'un concerto de Vivaldi, du premier mouvement d'un autre concerto de Vivaldi, ainsi que d'une sarabande, d'une gigue et d'une badinerie de Corelli. Coup de coeur pour la Gigue et la Badinerie, à écouter ici : http://www.youtube.com/watch?v=-8Y4GsNSVhY, où ça swings à partir de 3min16 ! Balanchine y a mêlé du folklore américaine et du ballet classique. Ça donne quelque chose de très carré (sans jeu de mots), très métrique, très mathématique... et en même temps, un peu original, avec des pas ou des poses asymétriques, beaucoup plus "populaires". J'ai particulièrement aimé les moments synchro "en groupe" (6 danseurs, 6 danseuses), même si je dois reconnaître que les passages avec juste le couple de solistes étaient sublimes aussi.
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- Episodes, 1959. Celle que j'ai le moins aimée. Martha Graham et George Balanchine ont travaillé ensemble sur ces quatre pièces d'Anton von Webern (Autrichien de la première moitié du XX°, ndlr). La musique était tellement dissonante et déstructurée que je n'arrivais pas à "rentrer dedans". Une juxtaposition abstraite de notes sans vraiment de mélodie. Beaucoup (trop) de cuivres et pas assez de cordes. Ça n'enlevait rien au talent des danseurs qui, au contraire, profitaient de cette musique erratique de mouise (excusez...) pour faire des mouvements assez "isolés" et du coup extrêmement travaillés, millimétrés, gracieux jusqu'au bout des ongles. La seule partie assez chouette coïncidait avec la toute dernière, sans grand étonnement en fait, puisque Webern y a plus ou moins "remixé" la Ricercata de Bach.
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- Concerto pour violon de Stravinsky, 1972. A nouveau très chouette ! De nouveau un ballet "de groupe", harmonieux et en même temps asymétrique, classique et minimaliste à la fois, le tout sur ce concerto de 1931.
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De manière générale, ce qui m'a le plus frappée/émue/plu :
- la technique absolument im-pec-ca-ble / ir-ré-pro-cha-ble des danseurs. Eux, ils font vraiment pas de la gnognote ! Une souplesse folle (surtout pour les danseurs solistes) ! Une maîtrise du geste de la nuque à la plante du pied en passant par l'auriculaire et la fesse droite ! C'est hal-lu-ci-nant !
- l'esthétisation réussie de ces corps tous maigres, sans un pét' de graisse, tendus comme des strings jusque dans le petit doigt de pied, et qui pourtant, arrivent à paraître aussi légers / aériens / gracieux que des plumes !
- le mélange de différentes influences, jusqu'à des emprunts au flamenco et à la danse slave.
- les costumes extrêmement épurés, puisque dans la plupart de ses ballets, Balanchine faisait danser la compagnie en juste-au-corps noir / bleu ciel / gris et en collants / leggings couleur chair ou bien noirs... Alors ça perd de son côté tutu un peu nunuche, certes, mais ça permet de sublimer les lignes du corps. De plus, ça permet au spectateur de se concentrer sur le mouvement pour le mouvement, et pas sur le "virevoltement" [je ne sais plus comment on dit] de la jupette et le scintillement des sequins et des paillettes.
- le nombre de danseurs : assez grand pour créer un très bel effet de groupe et de synchronisation, mais assez petit pour ne pas faire "nord-coréen" ni "sardines en boîte".
- le côté "symbiose avec les musiciens" puisque, chose assez rare pour être soulignée, la compagnie du NYCB se déplace avec son propre orchestre, avec qui elle travaille toute l'année.
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Je suis désolée de ne pas pouvoir vous mettre de liens... J'ai cherché partout sur Youtube et sur divers sites Internet mais ils doivent bien protéger leurs droits d'image... impossible de vous mettre un petit bout du spectacle ! Vous devrez donc vous contenter de trois belles photos...
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Bref, vous l'aurez compris à la longueur de ce post, j'ai beaucoup beaucoup beaucoup aimé ! Encore mille fois merci à Marine pour ce cadeau original et cette opportunité de voir une troupe excellente que je n'aurai peut-être jamais la chance de revoir...
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Bisoutations.