mercredi 30 mars 2011

C'est la cocotte-minute qui siffle !

Hier soir, j'étais énervée, excédée, déprimée. Comme tous les mardis soirs en fait. Pourquoi ? Parce que j'ai fait la bêtise de croire en début de semestre que les Américains avaient quelque chose à m'apprendre sur l'Afrique du Nord.
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J'ai choisi ce cours, "North Africa and the World", en pensant étudier l'histoire, la géographie et la politique actuelle des pays d'Afrique du Nord (et Dieu sait s'il y aurait des choses à apprendre !). Au lieu de ça, voilà maintenant dix fois trois heures que je passe à me retenir de me lever pour partir en claquant la porte, à me retenir de descendre le prof et la bonne moitié des élèves avec un bazooka, à me retenir d'hurler devant tant d'hypocrisie et d'impérialisme américain tel qu'on le caricature en Europe.
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Dans l'objet même du cours, il y a déjà quelque chose qui aurait du m'interpeller dès le début : l'omniprésence de "US". Il ne s'est pas passé un cours sans que le prof nous interroge sur : "Quels sont les intérêts des Etats-Unis à voir évoluer la société civile algérienne dans ce sens-là plutôt que dans celui-ci ?", "Quelle solution dans le différend sur le Sahara Occidental satisferait le plus les Etats-Unis ?", "Que peuvent faire les Etats-Unis pour la Libye à l'heure actuelle en en bénéficiant un maximum sur le long terme ?", "Comment, nous Américains, pouvons-nous aider les Tunisiens au bon déroulement du processus électoral ? Quel candidat devrions-nous soutenir ?", etc. Nous, nous, nous et encore nous ! Toujours nous ! Mais on étudie une région du monde là, où on se regarde le nombril ?!?
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Narcissisme, nombrilisme, américano-centrisme, impérialisme, fanatisme national... Tout est valable pour caractériser l'état d'esprit de la vingtaine de jeunes qui m'entourent, tous majoring en Relations Internationales, dans l'une des meilleures facs du pays, et qui pour beaucoup seront appelés à rejoindre les rangs du State Department un jour. Et bah c'est ça la future diplomatie américaine ?!? C'est ça la crème de la crème ?!?
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Un ramassis de grands moralisateurs qui ne pensent en fait qu'à l'approvisionnement gazier et pétrolier de la mère-patrie !
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On me pointe du doigt parce que je suis française. J'incarne l'abominable / l'atroce / l'horrible / la condamnable ancienne puissance coloniale. A les écouter, mes grands-parents eux-mêmes sont allés torturer les Algériens dans les années 1950... quand ils ne passaient pas leurs week-ends à visiter des zoos humains. Et moi-même, MA génération, celle de mes parents, nous sommes tous de fervents "lepenistes" n'aspirant qu'à zigouiller manu militari tous les Musulmans d'Europe. Nous n'avons aucune politique d'intégration ; notre loi sur le voile est un crime contre la dignité humaine ; nous martyrisons les immigrés... Bref, le mardi soir, je suis en procès permanent !
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Ce qui est très très bête dans leur attitude, c'est qu'en attaquant ma (petite) fibre patriotique si frontalement, ils me poussent à répondre violemment, et à avoir l'air plus à droite que je ne le suis, plus royaliste que le roi. J'essaie de garder mon calme, mais ce n'est pas facile... Je leur explique notre concept de laïcité, pilier fondateur de la République. Je concède que, oui, il y a bel et bien un problème d'intégration pour un grand nombre de Musulmans en France. Je leur explique qu'à moi aussi, la chienne Le Pen me fait peur, mais que j'ai encore confiance dans 89% des Français sains d'esprit d'ici 2012. Je leur explique aussi qu'il faut distinguer les générations, et qu'après tout, si tant de gens ont réussi, après 2 ou 3 générations, à s'intégrer si bien en France (et j'en connais !), c'est bien la preuve que les portes ne leur sont pas toutes fermées, contrairement à l'idée propagée par les médias américains. Rien à faire ! Ils n'en démordent pas ! Je suis xénophobe / raciste / anti-islamique... Bah oui ! C'est d'ailleurs pour ça que j'essaie d'apprendre l'arabe, que j'ai mis plus de fois les pieds au Moyen-Orient que toute la classe réunie, et que j'allais faire du soutien scolaire dans les cités à Marseille !
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Non mais ça, ce n'est rien... J'ai véritablement explosé hier soir quand nous avons abordé l'intervention armée française en Libye. Bien qu'ils ne portent pas vraiment Sarkozy dans leur coeur, ils ne lui en veulent pas vraiment d'avoir intervenu. Ils lui en veulent surtout de leur avoir piqué la vedette ! Pour une fois, les Marines ne sont pas au 1er rang... L'UE s'est avérée plus prompte et plus efficace - et là je dis chapeau d'ailleurs ! Je suis POUR l'ingérence en Libye, pour qu'on balance une bombinette sur la tête de Kadhafi ! - que les Etats-Unis, et ça, ça les fait crever de jalousie. Bah oui, parce qu'une fois que tout ça sera fini, qui va décrocher les meilleurs contrats avec le nouveau gouvernement démocratique (on espère !) ? Celui qui aura aidé les rebelles de Benghazi pardi !
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Faute de s'être démarqués par leur leadership dans l'opération conjointe, les Américains se targuent maintenant de penser plus posément et plus rationnellement que les Français et les Britanniques. Après avoir écouté le verbiage de 3h de mon prof hier soir (un Libanais roulant les r mais se croyant plus américain que Lincoln lui-même !), je me suis indignée de l'hypocrisie de leurs propos sur :
- pourquoi on devrait plutôt "dialoguer" avec Kadhafi. Pourquoi dialoguer ? Ce mec a ordonné le tir à vue sur des ENFANTS du peuple dont il se réclame le souverain !!! Ce gars est taré et il ne se rendra JAMAIS ! Il n'y pas 36 solutions !...
- pourquoi bombarder son palais présidentiel n'est pas une solution. Excusez-moi les gars mais il fut un temps, vous bombardiez des palaces pour moins que ça ! 1973 ! Allende ! Tué sur le coup par la CIA ! Tout ça pour quoi ? Parce qu'il était socialiste ! Là on parle d'un psychopathe d'un autre niveau il me semble...
- pourquoi on devrait plutôt armer les rebelles, les entraîner et les laisser mener à bien LEUR révolution. Oui alors là, à la fin, je ne vois pas trop la différence... Entre attendre quelques semaines de plus, quelques morts de plus, et frapper fort MAINTENANT, d'un coup, directement... Mais bon, c'est pareil, on l'a déjà vu au Nicaragua, c'est plus rigolo de fournir des armes "en douce", en prétendant laisser aux rebelles une totale liberté de conscience et d'action ! En plus, c'est bien plus transparent, bien plus clair...
- pourquoi on devrait plutôt capturer Kadhafi vivant et laisser son peuple le traîner en justice et s'occuper de son procès. Oui, c'est ça, tirer les ficelles d'un faux procès national, comme celui de Saddam Hussein, avec un peuple au tribunal douteux qui arbitre en faveur du lynchage du Rais, c'est bien plus "propre". Sérieusement les gars, entre lui mettre une balle dans la tête maintenant et orchestrer une cérémonie macabre depuis les coulisses dans quelques mois, là encore, quel est la différence ?!?
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Après tant de démonstrations d'attachement à la morale, à l'éthique, à l'idéalisme, à la Justice au sens noble du terme, je me suis permise de demander au prof pourquoi, dans ce cas, les Etats-Unis n'avaient toujours pas ratifié les statuts de la Cour Internationale de Justice depuis George Bush Jr. Il a explosé de rire et m'a dit : "Ah ! Vous y venez ! Pourquoi ne les a-t-on pas ratifiés ? Bonne question... Mais parce que ma bonne demoiselle, l'idéalisme à la française ne vaut rien... La culture politique américaine est celle de la Realpolitik, celle du pragmatisme et du clientélisme ! Et le jour où un Président américain s'avisera de ratifier ces Statuts, c'est tout le Congrès qui montera au créneau !"
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Et bien voilà ! On y vient ! J'étais abasourdie de l'entendre me dire ça aussi franchement. Mais dans ce cas, quel était l'intérêt de ce pseudo-débat sur ce que les US devraient faire ou ne pas faire en Libye ? Aucun ! Juste travailler notre rhétorique. Et moi qui croyais que Kissinger était obsolète ! Que les Ricains avaient changé depuis toutes leurs manipulations désastreuses en Asie et en Amérique Latine ! Que l'idéalisme reprenait lentement le pas sur le clientélisme, depuis l'élection providentielle d'Obama et le retour en force d'Hillary Clinton !
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Et bah non ! Les Américains de ma génération sont toujours aussi impérialistes et arrogants que leurs prédécesseurs ! Ils décident toujours d'intervenir ou non dans le monde en fonction de ce qu'ils ont à gagner ou à perdre. Ils refusent de se conformer au droit public international que, paradoxalement, ils manipulent à leur guise, en faisant introduire des clauses par ci, en faisant abroger des clauses par là. Et ces petits péteux qui me servent de camarades de classe, au même titre que cette montgolfière de vanité qui me sert de prof, et bien ils ont 22 ans et une seule chose en tête : la sécurité énergétique de leur merveilleuse terre nourricière et la garantie de pouvoir rouler en 4X4 pendant deux siècles encore... Qu'importe si 6000 Libyens doivent y laisser leur peau... Et c'est moi la raciste ?

vendredi 25 mars 2011

Dans la Cité de l'Amour Fraternel !

(Désolée pour la mise en page pourrie ; le site Internet déc***** ! Je ne sais pas pourquoi...)


Philadelphia ! Philly ! The City of Brotherly Love !!!

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Officiellement, c'est :

- la 6ème agglomération américaine d'un point de vue démographique

- la 2ème capitale américaine, historiquement parlant (juste après Annapolis et juste avant Washington)

- le 1er partenaire commercial et culturel de la Grande Bretagne au temps où celle-ci était encore un Empire

- le foyer de la révolution américaine et des Pères Fondateurs.

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En plus d'être tout ça, Philly aura été LE gros coup de coeur de mon Spring Break ! Que dis-je ? De mon année (bon OK, à ex aequo avec Chicago et Nola) ! C'est peut-être la ville la plus "européenne" qui m'ait été donnée de voir sur la côte est jusqu'à présent. Chargée d'histoire, avec ce côté plus "authentique" que toutes les autres, de taille relativement modeste mais vibrante à la fois, très verte et densément construite en même temps... En plus, le temps était magnifique, et la chaleur telle qu'on se croyait déjà en été... J'y ai passé 4 jours mais j'y aurais bien passé un an !

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Maire Castor, raconte-nous une histoire...

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La Philly historique s'est construite entre deux fleuves, le Delaware (oui oui, comme l'Etat !) et le Schuylkill (j'ai toujours pas compris comment ça se prononçait...), grâce à l'installation des Indiens Lenape. Les premiers européens arrivent sur place au début du XVII° siècle, en la personne des Hollandais, puis très vite, des Suédois (Camille, je te vois d'ici sourire et te gonfler d'orgueil :-). Tout ce petit monde rivalise en construisant des forts les uns à côté des autres sur les rives des deux cours d'eau. Très vite aussi, en 1655 en fait, les Hollandais rabattent le caquet des Suédois en leur disant qu'ils étaient là les premiers ; fin de l'épisode suédois (Camille, je te vois d'ici rougir et te ratatiner :-). Bon, la Nouvelle Hollande ne fait pas non plus long feu, puisqu'en 1664, les rosbeefs - toujours les mêmes ! - conquièrent le tout. Fin de la première partie.

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En 1681 intervient alors le fondateur mythique de Philly : William Penn. En effet, la couronne anglaise, incarnée par Charles II, doit un paquet de sousous à ce gros propriétaire terrien, philosophe à ses heures. Pour se faire pardonner et effacer ses dettes, le roi lui octroie une colonie en Amérique ; celle-ci deviendra peu après la Pennsylvanie. Premier geste noble de la part de Willy : au lieu d'imiter son souverain et de s'installer comme un bourrin anglais en son nouveau domaine, il insiste pour offrir une compensation financière aux Indiens Lenape. Il signe un traité d'amitié avec leur chef indien sous un arbre - la légende ne dit pas s'il fume aussi le pét' de la paix - et baptise officiellement Philly Philadelphia, dont l'étymologie grecque signifie "amour du frère". En tant que Quaker, Willy sait ce que représentent les persécutions religieuses. Il décide donc qu'il en sera autrement dans sa colonie, en promulguant immédiatement la liberté de culte. Hippie power !

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De ce côté "peace & love" découlent de très bonnes relations commerciales avec les tribus indiennes avoisinantes. La ville prospère à vue d'oeil, au point de devenir la première place économique et politique des treize colonies réunies. Les rives du Delaware s'industrialisent et donnent naissance à un grand port de commerce. Et au milieu du XVIII° siècle, la ville s'assainit et se modernise, notamment sous l'impulsion de Benjamin Franklin, citoyen natif de Philadelphie. Première banque du pays, premier hôpital, premier théâtre, première Bourse, etc. Philly devient THE place en vogue des futurs States. Avant-gardiste, elle attire non plus des paysans mais l'élite européenne : les scientifiques en quête de nouveaux terrains d'analyse, les peintres autodidactes, les financiers visionnaires (ou pas...), etc.

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Rien d'étonnant donc à ce que les penseurs de la révolution américaine s'y retrouvent. Les deux "Congrès Continentaux" s'y donnent rendez-vous pour signer la Déclaration d'Indépendance, le 4 juillet 1776. Après la guerre, la Convention Constitutionnelle s'y refait une bouffe, l'occasion de signer cette fois la Constitution (le 17 septembre 1787). Entre 1790 et 1800, la ville sert de capitale aux nouveaux Etats Unis, le temps que Washington se construise. Mais même après le départ du gouvernement fédéral pour DC, Philly reste pour un temps encore le vrai et l'unique centre financier et culturel.

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Et puis le temps passe et NYC lui vole la vedette, si bien que Philly se fait discrète, et recentre son activité sur les chemins de fer et le textile. Les vagues d'immigrants se succèdent, venant dans un premier temps d'Allemagne et d'Irlande, puis d'Italie, de Russie, d'Europe de l'est et d'Afrique dans un second temps. En 50 ans à peine, la population noire de Philly passe de 31,000 individus environ, à 220,000. Comme Pittsburgh, Cleveland, et ces villes de la première révolution industrielle qui ont raté leur reconversion, l'économie de Philly périclite dans la première moitié du XX° siècle.

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Les années 1960 sont marquées par le phénomène de gentrification (exode des classes moyennes/aisées vers les suburbs) et par plusieurs tentatives de revitalisation. Le centre-ville est complètement restauré, réhabilité. Le tourisme et les services s'y développent, donnant un nouveau souffle à la ville, et faisant d'elle ce qu'elle est aujourd'hui : une ville superbe, vivante, agréable à vivre !

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Voilà ! Maintenant que vous connaissez un peu l'histoire de la ville, vous allez comprendre d'où vient le mélange des styles architecturaux, les similitudes avec certaines vieilles villes européennes, etc. C'est parti !

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1er jour

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- Arrivée de NYC en tout début d'aprem. Erin, une amie de GWU en échange à Pipo l'an prochain, nous attend de pied ferme à la descente du bus, au volant de la superbe Saab noire décapotable de son Papa. Et ouais ! C'est comme ça ! :-)

- Premier aperçu très chouette des grandes artères du centre historique.

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Au bout de Market Street, l'hôtel de ville. Somptueux !...

' Et derrière lui, un mini-CBD avec peu de grattes-ciel, mais certains très chouettes... Contraste !

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- Nous garons la voiture dans le parking privé de la Union League, club très select dont son Papa est membre. Plus exactement, nous descendons DEVANT le parking et un chasseur vient la prendre pour la garer pour nous. Marine et moi ne sommes pas très habituées à tant de luxe ! On ne sait pas trop comment se comporter... Bon, il faut dire que vu le prix des parkings publics à Philly, on ne va pas se plaindre : 15 dollars de l'heure.

' - Et nous nous baladons un peu à pied dans les petites rues autour des monuments historiques... La brique est omniprésente, et les volets et les portes d'entrée de toutes les couleurs... Très anglais / irlandais ! Je sens que ça va me plaire... '

- Par contre, petit bémol qui donne lieu à une généralisation de plus sur les Ricains : Erin a beau vivre ici depuis plus de 12 ans, elle ne connaît RIEN sur sa ville, et ne sait pas que ce grand et beau bâtiment ci-dessus, c'est la mairie... Paradoxalement, elle est très cultivée, majoring en Affaires Internationales (c'est comme ça que je la connais), ouverte sur l'Europe, l'Afrique, etc. mais alors on dirait que chez elle, dans son propre pays, elle n'ouvre pas les yeux et ne s'intéresse à rien. On est un peu surprise...

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Voici justement les starlettes : Marine et Erin !


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Là, on est en plein quartier historique : juste derrière le bâtiment où furent signées la Déclaration d'Indépendance et la Constitution.

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- Parce que c'est quand même LE symbole de Philly, on dit à Erin qu'on aimerait bien voir Liberty Bell... De "How I met your mother..." aux timbres américains, des chansons populaires aux livres d'Histoire, le nom de cette grosse cloche est familier à tous les Américains. Et ben... Erin ne l'a jamais vue ! C'est un peu comme si un Parisien n'avait jamais vue Notre-Dame, c'est vous dire... Grande première pour elle aussi donc... Mais qu'est-ce qu'elle a de spécial cette cloche ?

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* Et bien la légende veut qu'elle ait sonné du haut de la tour d'Independence Hall le 8 juillet 1776, pour prévenir les habitants de Philadelphie de la toute récente Déclaration d'Indépendance. En réalité, les historiens pensent désormais le contraire, étant donnée la grosse fêlure qu'elle comportait déjà à cette date.

* Quoi qu'il en soit, elle fut fondue en 1751 en Angleterre, pour commémorer le 50ème anniversaire de la Charte des Privilèges promulguée par William Penn. Ce document correspondant à la première Constitution de Pennsylvanie, cette clochette consacrait plus ou moins les libertés et les droits individuels si chers à Penn - au premier rang desquels, la liberté religieuse - ainsi que l'implication des citoyens dans l'élaboration des lois.

* En 1837, elle connut sa troisième heure de gloire, en devenant le symbole des abolitionnistes.

* En 1915, on la balada donc à travers tout le pays pour que les gens lui "rendent hommage". (C'est un peu too much, je vous l'accorde, de vénérer une cloche).

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Malheureusement, j'ai pas pu la lécher comme Barney, étant donné le nombre de gardes alentour...


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- Une fois la visite terminée, nous nous rendons dans un dernier endroit : le marché couvert de Philly, non loin de Chinatown. On a beau être en fin d'après-midi, en semaine, les allées de ces espèces de halles sont bien peuplées... et ça sent bon la boustifaille, les fleurs et les objets artisanaux. C'est "l'instant smoothie"... Un régal !

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- Après avoir acheté un bouquet de fleurs pour sa maman - so French comme attitude paraît-il - nous récupérons la voiture, direction la banlieue chic. Erin habite en effet à 40 minutes de Philly, dans un suburb chic typiquement américain - non loin de Bryn Mawr, autre université partenaire de Pipo, très stricte, réservée aux filles -, dans une jolie maison avec piscine et tout et tout. Son papa étant issu de l'élite nigériane et administrateur d'une grande fac de médecine de Philly, la maison est très "africaine" et très comfy. Nous sommes logées comme des petites reines, et les parents d'Erin sont adorables. La maman CUISINE ; elle cuisine même très bien ! (Saumon à l'ananas, pâtes à la menthe, poulet aux raisins...) Toute la famille DINE ENSEMBLE, à l'heure américaine, c'est-à-dire vers 18h30, en regardant un jeu de CULTURE générale à la télévision. Tous nous posent des questions sur la France, sur nous, sur notre expérience américaine. Le petit frère s'apprête à rentrer à l'université à Brown ou à Harvard. Bref, on n'est pas chez des neuneus ni chez des boeufs américains ! Vraiment pas...

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- Suite à ce super dîner, nous ressortons brièvement dans Philly, en prenant l'équivalent du TER. En effet, nous connaissons quelqu'un d'autre à Philly : Vincent, en échange à U-Penn. Celui-ci nous retrouve à la gare et nous emmène sur son campus pas très loin de là... Etant crevées par notre lever matinal à NYC et ne voulant pas abuser d'Erin, nous nous contentons de prendre rapidement une bière avec lui ainsi qu'un autre Pipo aussi en échange à U-Penn dans un petit bar éthiopien au premier étage de ce qui ressemble vraiment à une maison particulière... Très bizarre, microscopique, intimiste, mais très chouette !

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- Et retour en banlieue pour dodoter comme des loirs !

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2ème jour

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- Après une bonne grosse nuit dans un grand lit hyper moelleux et dans un silence royal (rompant avec la nuit précédente dans un dortoir de 12 avec une grosse dame qui ronfle, des Argentines qui plient bagages et une autre dame qui gémit), Erin, Marine et moi reprenons la voiture, direction le downtown.

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- Déambulation dans les petites rues du vieux quartier, encore... Sur les vieux pavés qui font mal aux pieds... De square en square... Toujours aussi chouette !

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La première Bourse aux Etats-Unis.


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- Visite de Independence Hall, la fameuse maison ayant accueilli tous les Congrès des Pères Fondateurs et où été signées les deux fameux parchemins. Énervant que de faire ça en même temps qu'un groupe scolaire de 60 gamins complètement excités qui posent des questions stupides toutes les deux minutes, du type "Do you really mean that George Washington actually sat down in this armchair ?", et qui prennent en photo tout et n'importe quoi, y compris le sac à dos du couillon de devant...

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Voilà le fameux fauteuil de Georgie au centre, avec son porte-plumes... Wahouuu ! C'est émouvant !... (joke !)

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Perso, j'ai une petite préférence pour le bâtiment d'extérieur... Je trouve les briques et l'horloge murale bien plus jolies que les couleurs vieux rose et bleu lavande des lambris à l'intérieur...

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- Re-errance dans la ville, plus ou moins en direction du fleuve cette fois...

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... afin de voir la rivière Delaware et le front de mer. De l'autre côté de ce grand pont, adieu Pennsylvanie, bonjour New Jersey !

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- Re-promenade en centre-ville en direction du centre. Décidément, ça me plaît ! Par contre, aujourd'hui c'est la Saint-Patrick. Il est 16h30 et les Irlandais ont déjà commencé à picoler du Jameson et de la Guinness en terrasse... Ça promet ce soir !

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- Retour chez Erin pour un autre dîner familial. Sa maman nous a acheté de la baguette, pour nous faire plaisir à Marine et moi. Trop gentille...

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- Et puis à la nuit tombée, re-décollage pour les rues jeunes et animées de Philly, où fêter dignement la Saint-Patrick. Arrêt préalable dans une chocolaterie où Erin a rendez-vous avec une amie à elle, Rupalee (elle est indienne). Fondue au chocolat, chocolat liégeois, tiramisu... Chacune de nous quatre y trouve son compte de plaisir et de calories !

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- Enfin, débarquement sur South Street, LA rue des bars, des restos et des sex-shops. La Bourbon Street locale quoi ! Nous y retrouvons Vincent et son coloc' anglais Tom. Première escale dans un bar irlandais, forcément ! Première Guinness, sur fond de musique irlandaise jouée par des papys, des pères de famille et des p'tits jeunes réunis dans la joie et la bonne humeur. Ce soir, tout le monde est de sortie : toutes les générations, toutes les origines ethniques (même les Blacks et les Asiatiques arborent des chapeaux verts de Leprechaun ! C'est assez drôle...), toutes les classes sociales... C'est sans prétention et c'est très marrant ! A coups de sourires et de paupières clignotantes, Marine dépouille des gens dans un état d'ébriété avancé pour nous revêtir de colliers en plastique vert de trèfles clignotants... Bref, on passe une excellente soirée, que je ne conterai pas plus en détail, par crainte d'un redoublement des mails de Maman sur "l'alcoolisme dans les grandes écoles".

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Excellent !

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Tom jouant de la trompette en papier sous le regard désabusé de Rupalee...

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Marine, Erin et Tom

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Vincent et Marine

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- Retour chez Erin tard dans la nuit et dodo comme des bébés.

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3ème jour

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- Aujourd'hui, nous partons de chez Erin, pour ne pas abuser trop longtemps de son hospitalité, et parce qu'il est quand même plus commode d'être dans Philly même qu'en banlieue quand on n'a pas de voiture. Ce soir, nous dormirons chez Vincent, sur le campus de U-Penn. Nous disons donc au revoir à sa famille si chaleureuse et accueillante, reprenons le TER, et allons poser nos petites valises chez Vincent. Nous sommes vendredi et contrairement à nous, Vincent n'est pas en vacances. Marine et moi avons donc quartiers libres pour visiter la ville par nous-mêmes. Conscientes du fait que le temps passe vite et que l'on n'a encore pas vu autant de choses que ce qu'on voulait voir, on retrouve notre rythme de marche habituel en voyage : on TRACE ! Armées du plan de Vincent, nous n'écoutons pas ses conseils relatifs au métro : on va tout faire à pied ! Et bien, autant vous dire que le soir, on ne sentait plus nos orteils...

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- On sort de U-Penn, on traverse la Smk%^ù* River (je fais plus l'effort de retenir son nom), et on remonte Walnut Street, l'une des grandes rues du downtown, et l'équivalent de 5th Avenue sur une portion...

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- Nous marquons l'arrêt sur Rittenhouse Square, un grand espace vert très agréable où les jeunes mamans se promènent avec leurs bambins, où des couples paressent sur la pelouse, où des hippies font du oula oup pieds nus, où des étudiants répètent à haute voix des exposés ou des bouts de théâtre... Ca fait très européen, cette douceur de vivre et ce temps de glandouille les pieds dans l'herbe. Ca me rappelle le Luco et ça fait du bien !

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- Nous nous dirigeons ensuite vers City Hall, car nous avons en projet de monter dans la tour surmontée de William Penn, d'où on a paraît-il un panorama superbe sur la ville...

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- En attendant l'heure de la visite officielle (l'ascenseur microscopique de la tour accueillant maximum 4 personnes, il faut prendre un ticket pour une heure précise), nous déambulons un peu dans le quartier des affaires...

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- Enfin, nous montons. Je ne sais pas à combien de mètres de haut on est ; ce n'est pas fou fou fou comme à Chicago. Mais c'est génial quand même car comme nous sommes en plein quartier historique, nous n'avons pas de terrains vagues ou de zones de construction moches à nos pieds. En outre, les grattes-ciel étant assez rares, rien ne nous bouche la vue et on peut voir très très loin.

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Nous sommes juste en-dessous de William Penn.

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Vue sur le Ben Franklin Bridge que nous voyions hier, du front de mer, et sur le ghetto craignos de Camden, dans le New Jersey, de l'autre côté du fleuve.

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Vue sur l'Avenue des Arts (le Mall local en quelque sorte), au bout de laquelle se trouve le Musée d'Art de Philly et les marches rendues célèbres par Rocky.

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La petite (mais jolie) skyline ! A gauche, le plus emblématique, construit en 1987 : le Liberty Place Building !

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North Broad Street, la plus long rue "urbaine" aux Etats-Unis. 12,5 miles !

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- Et puis en redescendant, le guide arrête manuellement l'ascenseur à un autre étage intéressant de la tour, où nous sortons quelques secondes. Nous sommes derrière le cadran de l'horloge gigantesque de la place de l'Hôtel de Ville... en fait dirigé/régulé par une horloge minuscule située dans une petite boîte en plexi et posée derrière. C'est assez rigolo !

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- En sortant, nous décidons de descendre Market Street jusqu'au fleuve, l'histoire de découvrir encore certains quartiers nouveaux...

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- On découvre, complètement par hasard, une très jolie église du quartier historique : Christ Church. Datant de 1685, ce fut pendant longtemps le plus haut édifice de Philly, ainsi que la première église anglicane de Pennsylvanie. L'intérieur est très sobre, très lumineux, avec plein de fenêtres et des murs d'un blanc très légèrement jaune... Bref, +++ !

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- Nous débarquons ensuite dans des quartiers tout aussi vieux mais un peu moins classy que le reste de Philly. Le quartier des anciens entrepôts et des petits ateliers d'artisans... Ca a son charme aussi...

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- Et puis nous découvrons Elfreth Alley, la première rue pavée des Etats-Unis. Autrement dit, la plus ancienne, continuellement habitée depuis l'arrivée de William Penn d'Angleterre. Trèèèèèèès joli ! Je m'y achèterais bien une petite maison...

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Les mini-chemins perpendiculaires...

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Un chat visiblement aussi mal-nourri que Béhémoth...

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- En se promenant dans toutes ces petites rues résidentielles, nous découvrons aussi un aspect non négligeable de Philly : les peintures murales ! Il faut savoir que Philly est la capitale américaine de "l'art de rue" et qu'on ne trouve nulle part ailleurs autant de peintures / mosaïques / tags artistiques... Certains sont très réussis !

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- Nous rentrons dans un adorable petit café bobo pour avoir accès au pipi-room. Il y règne une atmosphère très agréable. De la chouette musique de fond, avec des bruits de tasses qui s'entrechoquent et de percolateurs... Une odeur de café et de pâtisseries... Des jeunes gens en train de travailler sur leur laptop ou de papoter... Philly stylé !

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En carrelages peints cette fois...

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- On remonte ensuite toute la 4ème rue... Une petite rue comme les autres du vieux quartier... Petites églises / temples religieux... Maisons particulières cossues...

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La starlette fait son show...

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Et moi aussi ! :-)

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- Enfin, nous tournons sur South Street, la rue arpentée la veille au soir pour la Saint-Patrick. De jour, cette grande rue commerçante est aussi vivante que de nuit. Là encore, on y trouve des peintures murales, des façades très originales colorées de peintures flashy, de petits miroirs et de tessons de bouteilles...

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LE sex-shop emblématique de Philly... Une véritable institution de la capote ! :-)

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- Et puis à un moment donné, on bifurque pour rejoindre Antique Row, c'est-à-dire une portion de Pine Street sur laquelle se trouvent de nombreux antiquaires et jolies boutiques très chic de déco d'intérieur, etc. '
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- La nuit tombant, nous marquons un arrêt par le supermarché avant de rentrer chez Vincent, l'histoire d'acheter du bon fromage et de la baguette pour le remercier de son accueil. Nous dînons à 4, toujours avec Tom, un nerd obsédé par les maths d'après ce que dit Vincent.

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- Après le dîner, nous ressortons pour découvrir un peu le campus de nuit et faire des photos rigolotes. Il faut dire que les élèves de U-Penn jouissent du plus beau campus que j'ai pu voir jusqu'à présent...

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Fondée en 1750 par Benjamin Franklin lui-même, l'Université de Pennsylvanie est l'une des huit universités-membres de la prestigieuse Ivy League, regroupant les plus anciennes et les meilleures universités de la côte est (les autres étant Brown, Columbia, Cornell, Dartmouth, Harvard, Princeton et Yale). Exceptionnelle dans le projet de Franklin d'en faire la première école de commerce, de finance et de services des Etats-Unis - contrairement aux projets académiques de toutes ses concurrentes, dédiées à la théologie et aux humanités -, Penn n'a cessé dès lors d'être à la pointe de l'éducation et du progrès. Première fac de médecine du pays, premier hôpital universitaire du pays (1874), premier ordinateur au monde (1946), 15 prix Nobel parmi ses profs depuis 1923, premier syndicat étudiant du pays, etc. Penn n'a rien à envier à ses consoeurs plus célébres !

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Le campus est un campus urbain, en plein coeur de Philly, doté d'une longue voie piétonne qui la traverse de part en part. Bien que certains buildings soient très récents et que les pelouses accueillent certaines sculptures contemporaines, la plupart des édifices sont très anciens et pleins de charme. Fenêtres à meneaux, corniches travaillées, sculptures en bronze, pierre de taille... Très très chouette !

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Une reproduction sur le campus de cette statue très connue située ailleurs dans la ville.

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Parmi les domaines d'excellence de Penn ces dernières décennies : le business ! La Wharton School of Business est la meilleure école de finance aux Etats-Unis. Elle a formé les plus grands filous du siècle ! Rien d'étonnant donc à ce que l'on trouve parmi les plaques commémoratives un gros don à l'école de la part de ses plus célèbres alumni... les frères Lehman ! Moment de recueillement... Vincent nous a confié qu'il comptait bien trouver la plaque commémorative de Bernard Madoff sur le campus avant son départ cet été ; il est persuadé qu'il y en a une !

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- Voilà ! Je vais m'arrêter ici pour le récit de cette dernière soirée à Penn. Je ne mentionnerai pas la vie nocturne débridée de tous ces bons élèves cravachant à longueur de journée qui s'encanaillent rapidement le soir venu... Je ne mentionnerai pas non plus l'existence d'un certain bar clandestin (le seul ouvert après 2h du matin, dans cette ville Quaker puritaine que reste Philly) où l'on croise des étudiants, des maquereaux et des prostituées...

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- Dodo sur un matelas gonflable abominable pour le dos et les cervicales, dans le salon de Vincent et ses colocs !

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4ème et dernier jour :

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- Levés de bonne heure, Vincent nous propose d'aller prendre un bon petit-déj / brunch dans le marché italien de Philadelphie. Affamées et curieuses, on dit oui ! On retraverse donc le campus de jour, et cette fois, j'ai fait quelques photos !

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La fameuse allée piétonne bien commode pour se déplacer rapidement !

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Marine et Vincent dans un bouton géant...

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Benji et son chapeau de Quaker, comme sur les boîtes de céréales...

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- Nous retraversons la Sù$*ù^% River, qui nous offre une panorama magnifique sur le downtown !

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- Et après une heure de marche, nous arrivons enfin dans le quartier italien historique de Philly. Des enseignes en italien de tous côtés, une grande peinture murale représentant l'un des anciens maires italiens de Philly, des journaux gratuits avec Mazzini, Garibaldi et Cavour en couverture, des pizzerias et des épiceries italiennes... pas de doute, nous y sommes ! '
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- On succombe à trois douceurs italiennes en moins d'une heure : un frappucino divin, une part de pizza à la croûte très très fine et au vrai fromage (pas du plastique américain quoi !), et une glace au tiramisu ! Miam miam !!! Ca valait le coup de marcher ! ;-)

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- Nous tombons aussi sur quelque chose qui n'a rien d'italien mais qui est pourtant emblématique de Philly : un stand de "Philly Chease Steak" ! Je vous explique le concept... Un gros sandwich, rempli de morceaux de steak finement coupés et trempés dans du fromage fondu... Léger, raffiné, savoureux, parfait pour un petit creux quoi ! Non, je plaisante... Ca a l'air dégueulasse ! De toute façon, c'est pas moi qui vais goûter cette horreur !

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- Suite à ce petit-déj' converti en déjeuner, nous retraversons la ville dans l'autre sens, direction cette fois le Philadelphia Museum of Art. Sur le chemin, nous passons devant :

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l'un des plus grands temples de scientologie des Etats-Unis

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la statue LOVE sur Love Park ; la vraie, l'originale

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des grandes chaînes d'hôtel qui se prennent au jeu des peintures murales

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- Nous remontons Ben Franklin Parkway, d'où on a une vue très rigolote de William Penn de profil en haut de sa tour... Jugez plutôt ! ;-)

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En réalité, il n'est pas en train de pisser ; il est juste en train de bénir la ville avec sa main droite...

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- Comme cette avenue est un peu l'avenue des grands musées, les sciences et techniques sont aussi mis à l'honneur... L'occasion d'offrir une énième vue de coucou à Papa !

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- Enfin, nous arrivons devant le musée d'art, majestueux, et rendu célèbre par ses marches...

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... puisqu'en 1976, Rocky y triomphait et embrassait la ville du regard !

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Dans les pas de Stallone...

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- Derrière le musée, encore un fleuve, bordé par un joli parc.

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Quant au musée en lui-même, il est chouette mais pas non plus aussi bien que l'Art Institute ou que la National Gallery of Art. Tout y est assez mal rangé... Bref, je suis un petit peu déçue pour une fois...

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- Suite à une visite un peu rapide dudit musée, nous repartons au pas de course chercher nos valises chez Vincent. Le Spring Break est malheureusement terminé et notre Megabus nous attend pour rentrer à DC.

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Dommage, je serais bien restée ici, car comme le disait Rudyard Kipling :
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If you're off to Philadelphia this morning,
And wish to prove the truth of what I say,
I pledge my word you'll find the pleasant land behind
Unaltered since Red Jacket rode that way.