samedi 18 décembre 2010

Charleston - Singin' in the rain

Ndlr : je tape sur un clavier americain, donc il faudra vous passer des accents et me pardonner mes fautes d'orthographe pendant quelques jours...
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Recit de 2 jours a Charleston.
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Pour situer geographiquement et historiquement :
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Quand on se balade dans Charleston, on se sent comme sur un plateau de cinema. Les caleches, - et l'odeur du crottin par consequent - plus de 180 petites eglises, et bien sur, de tres jolies maisons par centaines ! Charleston, c'est le sud tranquille, calme, bourgeois.
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Charleston, bien qu'etendue, ne comporte en fait qu'une assez petite surface historique interessante. Ceci s'explique par les diverses catastrophes naturelles dont elle a fait l'objet apres la guerre de Secession (ouragan, tremblement de terre, incendie). Le downtown recouvre en fait une petite peninsule, encadree par deux rivieres, s'avancant sur une large baie, elle-meme debouchant sur l'Atlantique. Dans les faits, on a vraiment l'impression d'etre dans un petit port au bord de l'ocean, plus qu'au bord d'une riviere.
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Charleston a ete fondee en 1670, essentiellement par des huguenots francais fuyant les persecutions religieuses. C'est donc a l'epoque et pendant longtemps la premiere ville de Caroline du Sud. Elle a joue un role tres important pendant la guerre d'Independance, puis pendant la guerre de Secession (la Caroline du Sud etant le premier etat secessionniste).
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Quelle meteo ?
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Temps moyen le premier jour, execrable le deuxieme, ce qui explique malheureusement la mauvaise qualite des photos. En revanche, temps TREEEEEES doux. Adieu la doudoune et les gants, bonjour manteau sous le bras !
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1er jour :
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D'abord, apres une premiere nuit hyper relaxante puisque Marine et moi etions toutes seules dans une chambre de quatre et que nous dormions dans un vrai lit pour la premiere fois en 48h, nous etions pleinement d'attaque pour visiter Charleston.
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1ere etape : descendre Meeting Street, l'une des grandes arteres de Charleston, traversant verticalement la peninsule.
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On y decouvre avec etonnement ce sous-marin. Cette espece de cigare flottant est une fidele copie d'un sous-marin utilise dans la baie de Charleston au cours de la guerre civile (1861-1865). Tres spartiate, il ne pouvait pas etre completement immerge puisque les soldats qui se logeaient a l'interieur ne respiraient que grace a une espece de tuba geant en metal plante sur le dessus du sous-marin. La torpille a l'avant etait parait-il efficace, puisqu'elle a notamment detruit un bateau de l'Union (on fera abstraction du fait que les sous-mariniers ne sont jamais rentres au port !).
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Toujours sur Meeting Street, nous decidons de visiter ensuite Manigault House. Il s'agit d'une maison a la fois simple et elegante que fit construire Joseph Manigault en 1803. Le bonhomme etait un descendant de huguenots originaires de La Rochelle. Riche proprietaire terrien, il devait sa prosperite au commerce du riz - alors la culture-reine en Caroline du Sud - et possedait quelque 400 esclaves noirs. Hauts plafonds, gout pour la symetrie, mobilier europeen... La guide etait interessante ; et ses gouts vestimentaires egalement (gilet vert pomme agremente de Peres Noel en feutrine rouge vif du meilleur gout !).
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Nous continuons de descendre sur Meeting Street et voila typiquement le genre de maisons que l'on cotoie. Petite surprise personnelle : quand on voit de vieux Noirs ratisser les feuilles mortes dans les jardins, c'est a se demander si la segregation raciale a vraiment pris fin dans le sud...
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Une caserne de pompiers digne d'une maquette de petits trains... A noter : malgre la presence des palmiers, la ville est si bien paree pour Noel que l'on ne se sent pas dephase...
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On decouvre ensuite l'ancien marche aux esclaves. Il s'agit en fait de galeries couvertes en enfilade ou s'examinaient / se negociaient / se vendaient autrefois les esclaves pour les plantations avoisinantes. Aujourd'hui, on y trouve des babioles de mauvais gout, du type : gueules d'alligators et pattes d'iguanes sechees. On y trouve egalement des ladies' baskets - specialite de la ville : ces petits paniers tresses ornes de fleurs et de rubans que les dames du sud arboraient pour sortir autrefois...
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On tente sans succes de visiter cette eglise circulaire, parait-il magnifique. Il faudra se contenter de l'exterieur...
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En route pour aller dejeuner, je vous donne ici un petit apercu des rues qu'on a pu longer...
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L'estomac rempli d'un petit wrap, nous sommes pretes a attaquer la seconde jolie mansion de la journee : Nathaniel Russell House. Achevee en 1808 pour le compte du riche marchand d'esclaves, d'indigo et de riz Nathaniel Russell, elle est superbe et originale a la fois. Dotee d'un joli jardin, cette imposante demeure reflete bien la vie des elites sudistes du XIXeme siecle. Entre autres originalites :
- une superbe porte entre le vestibule - reserve aux affaires - et les parties privees de la maison : a double battant, plus large que haute, en bois rouge perce de rosaces de verres ;
- un free-flying escalier de 3 etages, ayant la particularite de s'elever dans les airs sans aucun support apparent, puisque chaque marche repose exclusivement sur celle d'en-dessous ;
- des frises et des plinthes en trompe-l'oeil a gogo ;
- des grands panneaux glaces pour refleter la lumiere et illuminer davantage les pieces...
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Tout au bout de Meeting Street, nous debouchons sur le bord de mer/riviere, ou se trouvent evidemment de luxueuses maisons. Plus modernes sans doutes, mais tout aussi enviables... Papa/Maman, pour la retraite, pensez-y...
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Nous remontons ensuite dans le centre, en arpentant cette fois la grande rue commercante : King Street (Papa, te sens pas vise...). Jolies facades pastels toujours de rigueur... Boutiques bien tentantes auxquelles, non, aucune de nous n'avons succombe.
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Petit crochet par le College of Charleston, l'histoire de voir a quoi ressemble l'universite publique de la ville. Grandes colonnades, grands chenes... Pour la p'tite histoire, des scenes de "Retour a Cold Mountain" ont ete tournees ici. Marine est toute emoustillee a l'idee de fouler la meme terre que Jude Law une fois dans sa vie...
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Lasses d'avoir tant marche, nous nous accordons un trooooooooop bon diner 100% local : patates douces au four et soupe de crabe !!! Miam... Orgasme culinaire !
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Mauvaise nuit, contrairement a la premiere... La version suedoise de "Laurel et Hardy" produit des ronflements dignes de l'appareillage d'un paquebot... Ps : siffler pour faire taire les ronfleurs ne marche QUE dans "La Grande Vadrouille".
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2eme jour :
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(Marine insiste pour formuler cette phrase ainsi) : Nous partons a l'abordage de Fort Sumter. Yahouuuuu ! Treve de plaisanteries. Je rentre a nouveau dans la peau de Phillipe Boutry.
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Situe dans la baie de Charleston, ce fort est un lieu emblematique de la guerre de Secession, puisque les premiers coups de feu a l'origine de la guerre ont ete tires ici. C'etait au depart un grand fort defensif le long de l'Atlantique, par consequent garde par l'armee federale. Le 12 avril 1861, les Confederes, qui viennent de faire secession, tirent plusieurs boulets de canon en direction du fort. Apres 34h d'echanges armes, le General Anderson est oblige de se rendre ; le fort tombe aux mains des Confederes. Jusqu'en 1865, ceux-ci parviendront a l'inverse a le defendre vaillamment. Anecdote rigolote : les Confederes arrivent meme a repousser l'attaque d'un gros navire, par consequent deserte par l'Union, et a en recycler les canons afin de tirer sur leurs proprietaires d'origine.
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Visite glaciale pour le coup, mais tres interessante donc.
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A noter, du ferry, on a une vue imprenable sur ce pont qui, quand il n'est pas cache par la brume, est l'un des plus grands d'Amerique du nord. (Le pont de Normandie peut aller se rhabiller a cote...)
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De retour sur la terre ferme, on s'offre une petite visite du quartier de Battery, l'histoire de faire un dernier plein de jolies maisons bourgeoises...
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Si vous n'avez pas d'idee de cadeau de Noel, celle ci-dessus je la veux bien...
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Fin des visites. 19h : il est deja temps de foncer vers notre etape suivante, en train cette fois.
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Pour ce qui est de mes impressions generales :
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Charleston est une tres jolie ville, raffinee, elegante... Les couleurs, la vegetation luxuriante (meme en hiver !), les maisons somptueuses. Il doit faire bon y vivre, d'autant que d'apres ce qu'on a pu en juger, la vie culturelle est tres riche. Les theatres, les restaurants, les salles de concerts et de spectacles en tous genres, ainsi que les festivals l'ete en temoignent.
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La ville semble avoir su aller de l'avant. Malgre la defaite de la Caroline du Sud lors de la guerre de Secession, Charleston est loin d'etre une ville nostalgique ancree dans une autre epoque. Et meme si comme je l'avais dit au debut, une certaine aristocratie semble perdurer, Charleston est aussi moderniste que le nord de la cote est.
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Enfin, malgre l'horreur indeniable de l'esclavage, dont on prend conscience quand on voit les appentis dans lesquels ils vivaient, en marge des belles demeures, ainsi que le marche aux esclaves, on ne peut s'empecher de se demander si a la place des riches blanches dans ces jolis salons, nous n'aurions pas nous aussi fait l'autruche devant un tel systeme inegalitariste...

1 commentaire:

  1. Comment ça le pont de Normandie peut aller se rhabiller ??? non mais ...
    Continue à profiter ma loutre, bisous !

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