lundi 20 décembre 2010

Savannah - Georgia in my mind...

Ndlr : je tape sur un clavier americain, donc il faudra vous passer des accents et me pardonner mes fautes d'orthographe pendant quelques jours...
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Recit de 2 jours a Savannah.
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Pour situer geographiquement et historiquement :
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Savannah est un peu plus jeune que Charleston puisque la ville date de 1733. Elle fut fondee par des colons huguenots, ecossais, germains, juifs ashkenazes, etc. menes par un general anglais denomme James Oglethorpe. A la difference de Charleston, Savannah batit sa prosperite sur "l'or blanc" que constituait le coton.
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A la difference de Charleston encore, Savannah n'a jamais vraiment joue les rebelles. Beaucoup moins impliquee dans la Confederation, elle s'est rendue aux troupes de l'Union en 1864. Cette espece de passivite lui a d'ailleurs valu d'echapper aux incendies et a la destruction de son patrimoine.
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Au XXeme siecle, ses habitants n'ont pas vraiment su mener a bien la fin de l'ere de gloire agricole ainsi que la transition vers la modernite. Aujourd'hui encore, elle est quelque peu tournee vers le passe. Pourtant, avant les annees 1950, malgre cette nostalgie ambiante, la somnolence de ses habitants a bien failli lui couter ses plus beaux joyaux. Avant que l'elite locale ne se concerte pour preserver son heritage culturel et architectural, la ville tombait en ruines sans que personne ne s'en preoccupe vraiment.
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Quelle meteo ?
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Un temps frisquet le premier jour... mais alors une montee du thermometre en fleche et un grand soleil le deuxieme !
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1er jour :
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Nuit magistralement reposante dans un lit 'King size', dans un super hotel incluant trop bon petit dej', ecran plat dans la chambre, navette gratuite jusqu'au downtown, le tout pour une somme TRES modique !
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Par consequent, Marine et moi etions au taquet pour apprecier pleinement notre premiere visite grrrrratos, grace aux bons plans de mon guide touristique. Etant dimanche et ayant envie de visiter un presbytere parait-il magnifique sans depenser un radis ;-) nous nous sommes rendues a la messe dans une jolie eglise episcopale du centre de Savannah : Saint John.
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Observations en vrac :
- tout le monde etait sur son trente-et-un : robes Cyrillus et ruban rouge pour les petites filles, robes chic et talons hauts pour les dames, costards pour les messieurs, petits chandails et petites chaussures en cuir pour les petits garcons...
- les chants etaient superbes, grace a un VRAI choeur pas uniquement compose de personnes ages, et bien plus gais que dans le catholicisme tel que je le connais ;
- l'eglise etait decoree pour Noel, sobrement mais avec gout : feuilles d'arbres et grosses fleurs rouges dans l'abside.
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Apres la messe, nous avons serre la main du cure et nous sommes melangees aux fideles habituels afin d'acceder a la collation dans le fameux presbytere a cote de l'eglise. Reception chic-issime : petits fours, the, cafe, belle porcelaine, manteaux de fourrure, trois-rangs de perles... Nous detonions un peu - malgre notre natural French elegance - mais nous avons fait bonne figure, le petit doigt en l'air.
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Le presbytere en question s'appelle le Green-Meldrim House. Ancienne demeure d'un grand marchand de coton de Savannah, elle s'inscrit dans le Renouveau Gothique. Achetee par la paroisse en 1940, elle est en train bon etat a l'interieur. S'incruster a cet evenement mondain etait pour nous la seule occasion de contempler ses boiseries, ses lambris, tout en appreciant la compagnie de la upper-class WASP de Savannah.
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A l'issue de la messe, petite promenade improvisee dans Savannah, au gre de ses squares, regulierement presents tous les 3/4 blocks, du nord au sud comme de l'est a l'ouest. Boises, fleuris, avec ou sans fontaines, avec ou sans sculptures, ils font veritablement le charme de la ville, et contribuent a valoriser les facades aux couleurs presque mediterraneennes : ocre, saumon, etc.
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Nous nous decidons a visiter la Andrew Low House. Il s'agit d'une maison du debut du XIXeme siecle construite encore une fois pour un riche marchand de coton anglais. Elle n'avait pas grand chose de plus que celles que nous avons visitees a Charleston, si ce n'est qu'elle a accueilli plusieurs personnalites de passage a Savannah. William Thackeray, l'auteur de Vanity Fair, ami de la famille, y resida quelques mois, comme en temoigne sa correspondance. Le general Robert Lee - le leader de la Confederation - y passa aussi quelques jours, six mois avant sa mort, puisqu'il etait venu faire une "cure de soleil" en Georgie pour lutter contre une sante defaillante. Ah si ! Nous avons quand meme appris quelque chose : le fait que d'une saison a l'autre, les chambres etaient completement remaniees, de la composition du tapis aux draperies, pour s'adapter aux temperatures tres changeantes.
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La promenade sans but continue a la sortie de la maison. Belles demeures toujours, aujourd'hui reconverties en restos chics ou clubs select...
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Petites eglises par dizaines refletant les multiples cultes et obediences du protestantisme propres aux US...
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Enfin, arrivee au Forsyth Park, grand square rendu celebre par sa grande fontaine vue et revue dans "Minuit dans le jardin du bien et du mal", de Clint Eastwood.
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Malheureusement, notre belle vue et notre repos bien merite sur un banc proche de la fontaine auront ete quelque peu gaches par le mariage d'un cachalot en robe meringue, dans la plus pure tradition beauf et paienne americaine. Mise en scene ridicule de garcons d'honneur en chapeaux de Pere Noel. Grosse lechouille / ravalement de facade en guise de baiser distingue. Et tout le tralala !
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Mais deja nous reprenons notre chemin. Direction cette fois la Owens-Thomas House. Pas forcement la plus belle mansion d'exterieur, cette visite etait pourtant la plus reussite et instructive de Savannah. Pour une fois, les conditions de vie des esclaves sont abordees. Nous visitons l'espece de maison mi-etable, mi-logement dans laquelle vivaient entre 8 et 14 Noirs. Au plafond, une teinte bleue subsiste ; resultat d'une peinture faite a la va-vite par les esclaves eux-memes, a base de beurre, de citron et d'indigo ecrase. Quant a la maison de maitre, nous y decouvrons quelques originalites :
- de nombreuses pieces ovales aux portes et meubles epousant les courbes des murs
- des trompes l'oeil pour augmenter l'impression de hauteur de plafond
- des vitres teintees dans les tons jaunes / oranges, de sorte que meme en cas de mauvais temps, une impression d'ensoleillement demeure a l'interieur
- un double escalier debouchant sur un petit pont en bois massif cire - facon "pont japonais de Giverny" - reliant deux mezzanines au dernier etage de la maison.
Enfin, derniere fierte de cette belle maison : celle d'avoir heberge La Fayette deux nuits en 1823. A cette occasion, il fit un discours depuis le balcon principal aux habitants de Savannah, portant sur la liberte. Raison pour laquelle le maire de la ville avait incite au prealable les maitres blancs a consigner leurs esclaves noirs chez eux cet apres-midi la.
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La maison dediee aux esclaves
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Errance sur Broughton Street, LA rue marchande de Savannah, bien moins animee qu'a Charleston. Puis, bonne pizza partagee dans un petit bar crasseux du quartier du City Market.
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2eme jour :
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Aujourd'hui, nous visons les musees... Petite balade d'abord a la recherche du Post Office et de cartes postales "potables"...
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Premiere visite de la journee : le Jepson Center for the Arts. Bien qu'accueillie dans un magnifique building contemporain tres lumineux, la collection du musee se composait en grande partie d'art "contemporien" pas tres convaincant. Une belle expo temporaire toutefois : celle d'un portraitiste symboliste du debut du siecle, mi-americain, mi-libanais : Kahlil Gibran. Des portraits feminins au fusain, tres etheres, tres beaux... Des tableaux surrealistes jouant sur differentes tailles d'humains...
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Deuxieme visite de la journee : le Telfair Museum of Art. Une section tres interessante sur l'art afro-americain, rarement represente dans les collections des grands musees. Scenes de reunions de famille, portraits, representations naives des plantations... La presence d'une tres jolie sculpture qui est plus ou moins l'embleme de Savannah : 'The bird girl'. (Vous pourrez la trouver sur Google Images). Et puis des impressionnistes comme les Ricains en raffolent : francais, hollandais, americains, italiens.
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Enfin, pour finir cette journee ecourtee par notre bus pour Titusville, nous terminons la decouverte de Savannah par une petite balade le long des anciens docks de la ville, le long de la riviere. Vieux immeubles en briques, paves irreguliers et douloureux pour la plante des pieds... et surtout, boutiques touristiques de mauvais gout a gogo ! :-)
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Et la derniere image de Savannah que j'ai gravee dans ma tete : celle de l'ancien marche de coton sous les palmiers... Tout l'esprit du sud en un cliche !
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Pour ce qui est de mes impressions generales :
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Savannah est magnifique et tres plaisante, bien que moins enchanteresse que Charleston a mon sens. Moins dynamique, moins culturelle, moins citadine, on se voit beaucoup moins vivre ici qu'a Charleston. La visite vaut indeniablement le detour. L'atmosphere y est tres particuliere. C'est la nostalgie tranquille du vieux sud, a la limite de l'archaisme... Mais peut-etre qu'apres tout, Savannah est bien plus representative du Deep South des Etats-Unis que Charleston...

1 commentaire:

  1. Salut l'Oiseau. Toujours pas d'Etisalat à la maison. Les locaux sont indécrottables. Je continue d'enregistrer méthodiquement ton blog sur word: 220 pages déjà! Un vrai roman. Surtout n'arrête pas. Nous partons demain pour la France.
    Bisous
    K&Q

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