Givre, petits fours et sauts de chat...

Etant de retour à DC depuis 2 semaines, j'ai déjà des tas de choses à vous raconter. Je marque donc une pause dans le récit de notre Winter Break - de toute façon, il ne me reste plus qu'à vous raconter la Nouvelle-Orléans - pour remettre les pendules à l'heure de Washington. Pour vous remettre dans le bain, je commence par vous montrer Union Station, la gare de Washington. Je vous en avais déjà parlé mais je ne vous l'avais jamais montrée, mais puisque nous sommes arrivées par là avec Marine...

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D'abord, si dans le sud il faisait beau et chaud, ici il fait toujours un froid de gueux. Nous avons eu de la neige, du verglas, des stalactites (bon OK, là j'exagère...). L'occasion d'aller faire un petit tour du côté du Mall, le week-end dernier, l'histoire de voir s'il y avait des jolies photos à faire... Et oui ! La Reflecting Pool, le Tydal Basin et jusqu'au Potomac, tout était complètement gelé et couvert de givre ! Résultat : des hordes d'oies sauvages se reposaient sur la glace, en regardant les avions passer. Et puis, comme on m'a demandé de le mentionner, j'ajoute qu'Antoine était parmi nous ce week-end là... et ce fut un plaisir de faire faire le tour du proprio à Messire Toinou ! :-)

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Le Tydal Basin et le Washington Monument en arrière-plan.

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Le Tydal Basin encore.

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Le Tydal Basin et le Jefferson Monument.

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Marinette-Cacahouette et son idole, Justin Bieber !

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La Reflecting Pool et le Washington Monument.

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Ensuite, aucun rapport avec la choucroute, mais puisqu'on a quand même eu un grand week-end pour nous à notre retour de Nola, nous sommes allées aux Archives Nationales. L'occasion d'en apprendre un peu plus sur les pères fondateurs, la guerre de Sécession et les techniques d'espionage inventées à cette occasion, et puis sur l'abolition de l'esclavage, consacrée par le 13ème amendement.

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Le clou du spectacle étant : la Déclaration d'Indépendance du 4 juillet 1776, la Constitution de 1787 et le Bill of Rights (autrement dit les dix premiers amendements à la Constitution). Oui, nous avons vu les originaux, préservés sous des vitres blindées, surveillés par autant de gardes qu'à Fort Knox... C'est qu'ils en sont fiers de leurs textes fondateurs les Ricains... Et celui qui s'aviserait de les déchirer ou d'y mettre le feu, il ferait encore plus fort que le 11 septembre 2001, symboliquement parlant ! Bref, c'était intéressant et amusant de déchiffrer la vieille calligraphie des Founding Fathers, d'autant qu'il y a plein de petites anecdotes à connaître autour de ça. La Déclaration d'Indépendance est presque complètement effacée - et un petit peu décevante du coup - car jusque dans les années 1950, ces boulets d'Américains l'affichaient encore en place publique, à droite à gauche, en ne se rendant pas compte de l'impact du soleil sur le parchemin.

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Toujours rien à voir avec la choucroute, mais puisque c'est plus ou moins de la politique, ça me fait penser qu'il faut que je me vante... Oui, nous avons un nouveau maire à Washington depuis 10 jours, Vincent Gray, et on en a beaucoup beaucoup entendu parler, notamment dans le journal du campus, parce que c'est un ancien élève de GW. C'est un Afro-Américain, qui a fait ses études au début des années 1960, en pleine lutte pour les droits civiques, et dans le bastion de Juifs très conservateurs qu'était GW à l'époque, ce n'était pas facile. Intégration plus que difficile en fait : interdiction d'intégrer l'équipe de base-ball, dizaines de refus essuyés aux portes des fraternités, racisme ambiant... Aujourd'hui, il a fort heureusement tourné la page et ne semble plus en vouloir à son alma mater. L'une de ses premières décisions après son élection a été de venir petit-déjeuner avec le dean (le doyen), le corps professoral et les graduates de GW, pour discuter pendant 3h et évoquer ses souvenirs. Fierté de GW donc !

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Bon, et puisque j'ai remis l'université sur le tapis, c'est le moment de vous expliquer ce que je vais faire de beau ce semestre, d'un point de vue académique.

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D'abord, j'ai un emploi du temps beaucoup plus léger que le semestre dernier. N'ayant plus envie de passer des dimanches entiers en bibli - aussi chouette soit-elle ! -, j'ai décidé de viser moins de crédits ce semestre et de ne prendre que des cours magistraux, sans TD inutiles où les Ricains se contentent de raconter leur vie... Ensuite, j'ai décidé de prendre plus de cours "pour le plaisir", que je n'aurai jamais la possibilité de prendre à Pipo. Résultat : ça donne 4 cours répartis sur 4 jours (et oui ! Pas cours le vendredi ! :-), deux hard, et deux "pour le fun".

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- Africa : problems and prospects

N'ayant jamais étudié ce continent à proprement parler, ni en prépa ni à Pipo, j'avais envie de prendre un cours dessus. Et bien je ne suis pas déçue ! Le prof est passionnant : ancien ambassadeur américain au Kenya, en Tanzanie, en Mauritanie, au Soudan, au Liban, au Burkina Faso et j'en passe ; 38 ans au service du State Department dont 17 années de vie en Afrique... il connaît son domaine ! Le syllabus met l'eau à la bouche. Et quand ce vieux monsieur très maigre nous raconte l'ascension du Kilimandjaro, qu'il a faite en 1967, c'est encore mieux que Père Castor, et je suis suspendue à ses lèvres. Bref, un premier choix successful !

- North Africa and the World

Je ne l'ai pas fait exprès mais oui, ce semestre, je me consacre exclusivement à l'Afrique en fait. Sauf que là, c'est uniquement sur le Maghreb et un bout du Machrek. Un semestre sur 4 pays grosso modo : le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, la Libye. Et avec la révolution du jasmin en route, autant vous dire que ça devrait être très intéressant ! Le syllabus est génial lui aussi. Premier exposé mardi prochain : le cas du Sahara Occidental !... Trop chouette ! J'ai un peu plus de mal avec le prof, un petit trapu libanais dans la plus pure tradition moyen-orientale : volubile, souriant, parlant anglais en roulant les "r"... Il est très gentil mais il se répète énormément et me met un peu plus à l'épreuve que les autres, parce que je suis la seule étrangère dans le cours et qu'en plus, j'ai paraît-il une perspective d' "ancienne puissance coloniale" à apporter. Et ça, ça m'agace !

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- La nouvelle

Oui, parce que tant qu'à faire des readings dans mon lit, je préfère que ce soit des lectures romanesques que des essais sur la crise de Cuba, j'ai choisi un cours de littérature. En plus, ça me fait travailler mon anglais littéraire et ça me rappelle qu'il faut que je perde cette habitude américaine de mettre des "like" dans toutes mes phrases, même quand ils n'ont pas lieu d'être... Le programme est très chouette : Tolstoy, Hemingway, Hawthorne, Poe, Kate Chopin, Chekhov, Thomas Mann, Joyce, Kafka, Scott Fitzgerald, Woolf, Capote, Bradbury, Updike, Cortazar... Par contre, ce n'est pas un cours si cool que ça, car on a énormément de boulot. Quinze petits essays, deux présentations orales, un mid-term paper plus un final paper, je ne vais pas me contenter de lire ce semestre ; je vais aussi beaucoup écrire ! Quant au prof, il a un faux-air d'Albert Finney. Il est vraisemblablement anglais. Il est bedonnant, parle avec l'accent de la Reine, et fait des tas de mimiques et de gestes théâtraux...

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- Narrativos de desplazados en littérature hispanique

Mon cours de littérature espagnole de ce semestre. Un cours génial, bien que complètement déprimant, sur les récits d'exilés, de déplacés, d'immigrés, suite à des coups d'état militaires, l'instauration de régimes autocratiques en Amérique Latine, et tout le tralala ! 7 livres à lire au cours du semestre ; déjà 1 d'abattu... Il va falloir que je m'accroche ! Et surtout, il va falloir que je résiste à la tentation de me suicider à chaque fois que je repose le livre en cours sur ma table de chevet. Fort heureusement, le prof est très léger et plein d'humour. C'est le sosie du Professeur Lupin, l'accent colombien en plus. Quand il parle, il a les yeux qui pétillent, un sourire Colgate et il fait des grands gestes avec ses mains : un vrai Latin dans toute sa splendeur ! Captivant !

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Voilà pour mes cours donc. Beaucoup de boulot en perspective, mais aucun réveil de bonne heure le matin, donc c'est parfait ! :-)

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Et comme les divertissements sont au moins aussi importants que le travail, je me permets de vous retenir encore 5 minutes, l'histoire de vous faire l'article pour les derniers films en salle et les derniers ballets à l'affiche.

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Vu hier soir au Kennedy Center, l'opéra de Washington : la Jacqueline Kennedy Onassis School, émanant de l'American Ballet Theatre. Petit ballet d'une heure, en trois parties, produit par les élèves de l'une des compagnies de danse les plus prestigieuses des Etats-Unis. Du ballet dans la plus pure tradition classique, avec une pointe de moderne. Des silhouettes à la fois gracieuses et musclées dans des costumes à la fois somptueux et épurés. Une musique superbe : Karl Jenkis d'abord, Boris Asafiev ensuite, Giuseppe Verdi enfin. Bref, une heure de régal et de grand art ! Mais comme les images sont plus évocatrices que les mots, foncez et cliquez sur ce lien pour voir par vous-mêmes : http://www.kennedy-center.org/explorer/videos/?id=M4529. Regardez par exemple entre 10min20 et 14min ; entre 17min15 et 21min50 ; entre 25min40 et 27min30 ; entre 34min20 et 36min10 ; entre 37min45 et 39min40 ou encore entre 47min55 et 49min30. Et Papa, tu devrais aussi regarder, pour te rendre compte que tu as encore du boulot avant de pouvoir imiter parfaitement les danseurs de classique dans la cuisine ! ;-)

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Vu le week-end dernier au cinéma : The King's Speech. L'un des trois films dont tout le monde parle en ce moment aux Etats-Unis, surtout quand on a des Anglais dans son entourage... C'est un Colin Firth au sommet de son art qui raconte l'histoire de George VI, qui était bègue et qui a eu beaucoup de mal à prendre ses fonctions en conséquence, en pleine entrée dans la Seconde Guerre Mondiale. Il ne l'a pas volé son Golden Globe ! Et il ne volerait pas son Oscar ! Helena Bonham Carter en reine-mère et Geoffrey Rush en médecin peu orthodoxe sont également épatants ! A voir (de préférence en anglais car les dialogues sont pleins de jeux de mots et de tac-au-tac in-restituables en français).

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Vu toute seule en pleine mood nostalgique de Paris : Paris de Cédric Klapisch. Génial ! Du Klapisch comme je l'aime ! Romain Duris tient toujours le haut de l'affiche, en malade en phase terminale. Karin Viard en boulangère raciste, Fabrice Luchini en vieux ponte de la Sorbonne, François Cluzet en architecte dans les nuages, Juliette Binoche en mère célibataire un peu perdue, Mélanie Laurent en étudiante allumeuse... Toute une galerie de portraits qui valent le détour, sans pour autant faire dans la caricature grossière. Des plans de Paris au petit matin à couper le souffle. Un savant entremêlement de petites intrigues autour d'une seule, plus globale. Bref, à voir absolument si ce n'est pas déjà fait !

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Vu dans le cadre d'une rétrospective organisée par les Archives Nationales : John F. Kennedy : years of lightning, day of drums. Documentaire réalisé par George Stevens Jr. au moment de l'enterrement de Kennedy - soit en novembre 1963, ce film reprend les grands moments des 1000 jours de l'administration Kennedy et en dresse un bilan plutôt positif. Si la vision à chaud du Président n'est pas aussi objective que celle qu'on en a aujourd'hui (notamment avec tout ce qui a trait à ses histoires de femmes, de fesses et ses liens avec la mafia), elle ne prétend pas non plus mentir. Aucune image montrant JFK et Jackie en "couple parfait et exclusif", aucune image d'un JFK charmant les secrétaires et les parrains. Une simple présentation des bons points Kennedy (et il y en a ! Un paquet même...) : les Peace Corps, la marche vers les droits civiques et l'égalité Blancs/Noirs, la course aux étoiles, la gestion réussie de la crise de Cuba, le discours de Berlin, les déplacements dans l'Europe de la reconstruction et dans le Tiers-Monde en développement, un charisme indéniable et un maniement parfait de la rhétorique... Bref, si on ne s'arrête pas à ce côté-là de la médaille, un documentaire très instructif et émouvant (puisque ponctué d'images de l'enterrement, de l'exposition du cercueil au Congrès à sa mise en terre à Arlington). Et puis la groupie-attitude d'avoir visionné le film assise juste derrière George Stevens Jr lui-même, beau vieux monsieur avec encore toute sa tête ! :-)

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Enfin, un dernier type d' "amusement" cette semaine : le cocktail dînatoire que nous a offert l'ambassade d'Australie, pile dans le prolongement de la Maison Blanche (pendant que Barack et Michelle mangeaient du homard avec Hu Jintao), dans le cadre de notre programme d'échange. Buffet absolument divin, tombola infructueuse pour moi (as usual j'ai envie de dire...), rencontre des Américains de retour d'un semestre à l'étranger et des nouveaux internationaux... Bref, une p'tite mondanité bien agréable !

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Voili voilou. Je crois que c'est à peu près tout pour ce qui est susceptible de vous intéresser dans ma p'tite vie depuis mon retour à DC. Une dernière précision quand même. J'avais du boire quand je vous ai donné ma nouvelle adresse en décembre dernier : le code postal n'a pas changé en fait, c'est toujours 20052, et pas 20008. A priori, le courrier est quand même arrivé mais bon... C'est juste au cas où ! Mille bisous à tous. Seeeeee ya !