Aujourd'hui, Maman et moi partons en vadrouille hors de DC sur les traces de la famille Washington ! Direction : Mount Vernon !
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Georgie, sa femme, Martha, et leurs deux petits-enfants...
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En effet, à environ une heure de DC, en enchaînant métro et bus, se trouve la plantation de George Washington. Forte de 200 hectares, surplombant magistralement le Potomac, l'ancienne maison du premier Président des USA peut se targuer d'attirer chaque année le deuxième plus grand nombre de visiteurs après la Maison Blanche.
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'Ce grand monsieur de plus d'1m90 que Maman connut assez intimement dans sa jeunesse pour se permettre de lui tripoter le bedon, s'installa à Mount Vernon à l'adolescence. C'était alors la résidence de son demi-frère aîné, Lawrence. Une fois celui-ci décédé, en 1754, Georgie rachète la propriété à sa demi-belle-soeur (j'innove, j'innove...). Il a tout juste mon âge quand il entre en possession de cette grande plantation. Pendant toute la durée de la guerre d'Indépendance, en sa qualité de commandant en chef des forces continentales, il ne s'y rend plus beaucoup. Mais de 1883 à 1889, il revient y travailler à plein temps. Il acquiert toutes les terres avoisinantes, de sorte qu'en quelques années à peine, l'exploitation passe de 200 à 3207 hectares ! Quittant à nouveau Mount Vernon pendant ses années de présidence, de 1789 à 1797, il n'y reviendra que pour passer une courte retraite et mourir (je sais, c'est joyeux !).
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Chose originale : pendant la guerre de Sécession, la propriété fut considérée par les deux camps comme un terrain neutre. Symbole de l'unité du pays pour obtenir l'indépendance, personne ne se serait permis d'y toucher, de sorte que la propriété a gardé pas mal de choses d'origine.
Même si aujourd'hui, la ferme n'est plus exploitée et qu'un centre des visiteurs et tout le tralala ont été construits, les paysagistes ont pris garde à ne pas dénaturer le charmant côté pastoral des lieux... Petit tour du proprio en images !
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La maison vue de face, côté jardin / public (le côté fleuve étant réservé à la famille)...
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La serre (au centre), dans laquelle George Washington se livrait à des expérimentations avec des graines pour ensuite les réintroduire dans sa propriété. Les soubassements de chaque côté correspondaient aux maisons des esclaves.
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Le côté de la grande maison dont la grande fenêtre donne sur la salle à manger.
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Détail amusant : l'intérieur de cette salle à manger est d'un vert turquoise pétant, car au XVIII° siècle, les pigments verts étaient les plus chers sur le marché des couleurs. Aussi, avoir une pièce de cette couleur chez soi permettrait de démontrer à ses visiteurs qu'on était très fortuné. En des termes plus modernes, Georgie était donc l'équivalent de notre "bling-bling Sarko" => "il se la pétait grave !".
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La maison à trois étages est surmontée d'un joli petit clocheton vitré d'où l'on pouvait voir loin sur le Potomac...
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De chaque côté de la maison principale, on a deux espèces de coursives ainsi couvertes, permettant aux invités de passer de leur petite chambre d'hôtes au hall d'entrée du maître de maison sans se faire mouiller.
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Voici la vue de derrière la maison. Le jour où j'y étais, il faisait un temps de chien, donc ce n'est pas fou fou, mais en été, quand il faisait très chaud et que le ciel était dégagé, la terrasse donnant sur le fleuve (très large à cet endroit-là) devait être plutôt sympa...
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Et comme il ne s'agissait pas d'un hôtel particulier mais d'une véritable ferme, le domaine comporte aussi un grand nombre de petites maisonnettes en pierre dans lesquelles on stockait le grain, on logeait le contremaître et l'intendance, on ferrait les chevaux, on tannait du cuir, etc.
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Pour le plaisir des petits enfants, les enclos à l'ancienne sont encore habités de quelques ovidés, bovidés, sangliers, etc.
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Parce qu'on n'avait pas le droit de prendre des photos à l'intérieur de la grande maison, mais que c'était quand même rudement joli, je vous mets ci-dessous 3 photos d'une maquette géante très très bien faite et assez fidèle à la réalité, située dans le centre des visiteurs.
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La pièce en haut est une représentation de la chambre de Georgie et Martha. Dans la réalité, cette pièce était magnifique, de très bon goût et étonnamment moderne. Ironiquement, c'est la seule pièce de la maison que Georgie avait autorisé Martha à décorer entièrement à sa guise... Comme quoi ! La pièce était très grande et très lumineuse, parquetée, à la fois très blanche (par les murs et le plafond) et très colorée (avec le grand tapis et le tissu des baldaquins). C'est là que Georgie rendit son dernier soupir, provoquant la migration immédiate et définitive de Martha vers l'une des chambres plus petites sous les combles, tant sa douleur était grande...
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Un autre petit salon, une autre chambre... Bien que paraissant assez modeste d'extérieur, la maison de Washington était en fait savamment agencée et comportait de fait un nombre de pièces digne d'un petit château ! Pas loin d'une dizaine de chambres au total...
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Pour finir sur la maison, j'ajouterai deux p'tits trucs rigolos encore.
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1) Chose surprenante pour l'époque, la maison comporte un réseau d'aération très sophistiqué. L'été étant extrêmement chaud en Virginie, Washington avait fait doter sa maison d'un système de tuyaux, d'évents et de petits volets pour tenter de l'aérer en période de grosses chaleurs.
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2) Et encore une histoire de clim' : dans le bureau de Georgie, on se rend compte que son fauteuil de bureau (en bois tout ce qu'il y a de plus classique pour l'époque) est surmonté d'une espèce de carré de tissu un peu rigide pendu sur une barre en bois, et terminé aux pieds par deux pédales en bois (comme sur l'harmonium). Tout en travaillant à sa table, il avait ainsi la possibilité de pédaler, de sorte que "l'éventail" au-dessus de sa tête se mette en mouvement et lui procure un petit vent agréable au niveau de la tête.
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Quand à la propriété en elle-même, aux champs tout autour des logis, ils rappellent des tableaux de scènes pastorales anglaises... C'est peut-être à cause de la pluie de ce jour-là...
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La visite étant terminée, nous reprenons ensuite le bus et le métro pour quelques stations à peine, direction maintenant : Alexandria. Rien à voir avec les papillons de ma jeunesse ! Avec ses trottoirs en briques et ses vieilles maisons datant des premiers colons, Alexandria est une petite ville toute mignonne, rappelant énormément Georgetown.
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Egalement sise sur les bords du Potomac, la ville prospéra à partir du XVII° siècle, du fait de sa position stratégique pour expédier par bateau le tabac et le grain produits en Virginie vers l'Europe, ainsi que pour le commerce d'esclaves.
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Au moment de la guerre de Sécession, le port revêtit un intérêt particulier pour les deux camps, étant donné qu'il était à seulement 160km de la frontière entre les deux. L'Union s'en saisit, fortifia la ville, et des centaines de milliers de soldats y déferlèrent pendant 4 ans. D'interminables files de blessés en provenance du sud y débarquèrent. Les églises, les hôtels particuliers, les entrepôts des commerçants : tous furent réquisitionnés par les autorités militaires et hospitalières. A la fin de la guerre, soudainement vidée de ses habitants, la ville ne se remit jamais vraiment et fut condamnée à devenir une très jolie ville provinciale attirant des touristes en été pour ses fruits de mer et sa promenade le long des quais.
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Horreur de la ville, sur une colline : un grand mémorial maçonnique !
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En dehors de ça et malgré la pluie battante et le ciel gris-blanc, un régal que de se promener dans ces jolies rues et de finir par un crab cake divin (LA spécialité de la baie de Chesapeake et des rives du Potomac : une espèce de petit cake très fin au crabe et à l'oeuf...) dans un restaurant bien au chaud.
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'De vieilles maisons typiques d'Alexandria.
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Le petit détail architectural qui tue :
Notez sur la façade latérale de la maison de gauche la présence d'étoiles. On les appelle des "wall washers" ou "wall anchors" en anglais. Elles ont une fonction structurelle, puisqu'au bout sont attachées des tiges métalliques, qui traversent la maison de part en part (il y a les mêmes étoiles sur la façade latérale de droite qu'on ne voit pas), entre deux étages (cachées entre le plafond du rez-de-chaussée et le plancher du second par exemple). Elles sont censées servir d'armatures renforçant la maison et évitant que les murs ne bougent au fil du temps.
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'Une vieille vieille vieille maisonnette digne de "Boucle d'Or et les Trois Ours".
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Ville proprette, soignée, fleurie...
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Truc assez rigolo propre aux vieilles maisons riches ici : la présence de grattoirs en métal travaillé. Quand on rentrait chez soi et qu'on avait parcouru des ruelles non pavées ou bien arpenté ses terres, on pouvait se gratter les semelles sur ces objets, sans se baisser, et ainsi éviter du ménage aux domestiques...
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Et voilà ! La nuit tombe sur Alexandria comme sur cet article...