mardi 24 mai 2011

Mom in DC - Des Ganesh et des estampes

Aujourd'hui, ça va être une journée essentiellement "musées". On prend le métro (et j'en profite pour vous glisser une photo de l'une des stations-bunkers du métro de DC !), direction le Mall.
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On commence par la Freer Gallery of Art, très très beau musée créé à partir d'une immense collection privée.
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Petite explication sur le bâtiment d'abord.
Celui-ci date de 1923. Comme la bibliothèque du Congrès, il est de style "Renaissance italienne". Tout en marbre blanc et granit rose, les 19 galeries en enfilade qui le composent s'articulent autour d'une très belle cour intérieure.
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Petite explication sur la collection elle-même maintenant.
Elle appartenait au départ à Charles Lang Freer, un homme d'affaires originaire de Detroit ayant fait fortune dans le wagon de train. Neurasthénique, ses médecins lui conseillèrent à la fin du XIX° siècle de travailler un peu moins et de s'amuser un peu plus pour se détendre. Amateur d'art et déjà richissime, Charlie s'est ainsi lancé dans des voyages et l'acquisition de tableaux et d'objets d'art. Voyageant par exemple à plusieurs reprises en Egypte, il s'était fait de bons amis locaux là-bas, connaissant les marchés noirs et les arrières-boutiques dans lesquels acheter des antiquités de grande valeur pour trois fois rien.
Sur 19 galeries, 16 sont consacrées à 6 millénaires d'art asiatique, d'abord. Au total, 24 000 objets sont ainsi présentés : des sculptures indiennes, des éventails japonais, des poteries coréennes, des peintures chinoises, des carrelages iraniens, etc. Ça a l'air un peu rébarbatif dit comme ça, mais en réalité, c'était très très chouette !
A cela, il faut ajouter les peintures de James Whistler, un peintre américain de la fin du XIX° siècle, à mi-chemin entre le symbolisme, l'orientalisme et l'impressionnisme.
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La suite en images !
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Kongorikishi, Japon, XIV° siècle, temple de Sakaï.
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Bosatsu, sculpture japonaise de la fin du XII° siècle (période Heian tardive).
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Des amulettes égyptiennes
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Un masque chinois...
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Des estampes chinoises...
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Enjoying a cool evening on the Sumida river, par Aoki Hodo, Japon, XIX° siècle.
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Owl in moonlight on blossoming cherry tree, par Ozawa Nankoku, Japon, fin du XIX° siècle.
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De l'art islamique comme j'aime...
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Somaskanda (Shiva et sa femme Uma), Inde du sud, XII° siècle, dynastie Chola.
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Des miniatures indiennes...
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Bodhisattva, Népal, XIV° siècle, royaume Malla.
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Ganesh assis, Inde, XII°-XIII° siècle, dynastie Hoysala.
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(Bon, je suis désolée, c'est un peu le bazar niveau photos, mais en même temps, dans le musée aussi c'était le bazar, alors mea culpa !)
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Ci-dessous : le portrait de Charles Lang Freer par James Whistler réalisé en 1902 ! Deux illustrations en une ! Et puis un tableau de James Whistler qui date de 1864, "Caprice in purple and gold no. 2 - The Golden Screen", dans lequel on voit bien ce goût renaissant pour l'Orient.
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Enfin, une dernière curiosité très intéressante de ce musée : la Chambre du Paon. Je m'explique. C'est un riche armateur anglais qui commanda les peintures de cette salle à manger à Whistler. A l'origine baptisée "Harmonie en bleu et or", cette pièce était dotée de murs recouverts de cuir ancien, d'un plafond métallique au motif de plumes et d'étagères en bois doré pour exposer la grande collection de porcelaines chinoises de l'armateur. Whistler n'en réalisa donc que les peintures, dont "Princesse au pays de la porcelaine", la pièce centrale. Charles Lang Freer acheta la salle dans son intégralité à un marchand d'art londonien, et l'installa dans sa maison de Detroit, avant qu'elle ne soit transférée dans son musée à Washington en 1919.
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Voilà pour la Freer Gallery. Après ça, nous sommes passées brièvement par la Arthur M. Sackler Gallery, qui la jouxte, et qui présente à peu près le même genre d'objets, à la différence que ceux-ci proviennent de la collection privée d'Arthur Sackler.
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Nous avons également traversé les jolis jardins du Smithsonian Castle tout proche, centre administratif et sorte d'office du tourisme.
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Après un déjeuner dans un bon bar à tapas de Chinatown (si si !), on pénètre à nouveau dans un musée. Cette fois, il s'agit d'un énorme building de style néoclassique (un énième temple pseudo-grec dans la ville !) abritant à la fois le Smithsonian American Art Museum et la National Portrait Gallery. Le premier est le plus vieux musée national du pays et c'est là que Lincoln tint son bal d'inauguration. Le passage d'une collection à l'autre n'étant pas clair, on s'emmêle un peu les pinceaux là encore...
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En tout cas, ce qui m'a plu ici, c'est l'exposition d'artistes d'ethnies ou d'origines très différentes (des WASP, des Blacks, des trappeurs du grand nord, des Asiatiques, des Italiens, des chicanos, etc.), bien plus représentatifs de "l'art américain" au sens large que la plupart des musées nationaux. Petit tour en images !
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Snow Fields (Winter in the Berkshire), Rockwell Kent, 1909.
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Fall in the Foothills, Herbert Dunton, 1933.
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View of Artist's Home, Pedro Cervantez, 1938.
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Amarilla, Joseph Fleck, 1927.
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A reading, Wilmer Dewing, 1897.
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Homecoming, Norman Rockwell, 1924.
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Neapolitan Song, Joseph Stella, 1929.
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Strong woman and child, Yasuo Kuniyoshi, 1925.
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Enfin, dans la galerie de portraits, un espace est consacré à tous les Présidents américains depuis Washington, et l'on y trouve des portraits parfois non conventionnels, assez amusants.
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Franklin Delano Roosevelt - Presidential Hands, Douglas Chandor, 1945.
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George Herbert Bush jouant au lancer de fer à cheval, Pat Oliphant.
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Dans la cour centrale du musée se jouaient des impros de jazz quand nous sommes enfin parties, en fin d'après-midi. J'ai beaucoup aimé le plafond, en acier et verre gondolés, qui donne l'impression d'être dans une serre.
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Pour terminer, nous avons vite remonté K Street jusque chez moi, pour que je puisse quand même assister à mes cours du soir (c'est pas le tout ! Il m'arrive de travailler quand même).
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Une école sur K Street

lundi 23 mai 2011

Mom in DC - Des vieux grimoires et des orchidées

Premier jour de Maman à DC depuis 29 ans => revoir ses classiques semble impératif !
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Première étape de la journée : lui montrer mon campus bien évidemment, surtout que les fleurs de cerisiers ont bien tenu jusque là, et qu'en trois jours d'absence à peine, les tulipes, les jonquilles et les narcisses se sont tous épanouis. Kogan Plaza étant LE joli coin vert du campus, on le traverse forcément. Je lui montre notre école des médias dernier cri, avec alignement de télés allumées du monde entier dans le hall. Je lui montre les bâtiments où j'ai cours, la bibliothèque, le Starbucks (si important en périodes de révisions !), etc.
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J'en profite pour rectifier une petite erreur et vous montrer la maison du dean, qui est celle-ci et pas celle que j'avais montrée dans un post précédent (étant l'une en face de l'autre, j'avais confondu...).
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Ensuite, je montre à Maman le FMI, la Banque Mondiale, la Maison Blanche, Lafayette Square, Pennsylvania Avenue, etc.
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Dans ces immeubles que j'aime beaucoup, on trouve notamment l'hôtel Intercontinental. Nous y prendrons un verre quelques heures plus tard, en terrasse.
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On marque un arrêt Chester Dale Collection dans le sous-sol de la NGA. Et puis on reprend la marche...
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En arrivant au pied du Capitole, sur Capitol Hill, les cerisiers du Japon sont plus beaux que jamais. Toutes ces fleurs paraissent si mousseuses qu'on dirait du coton rose. Les pelouses sont bien vertes quant à elles, pas encore séchées par la chaleur estivale mais déjà remises du gel hivernal.
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A l'ouest du Congrès, sous les arbres, je découvre l'existence de deux petits bâtiments bizarroïdes que je n'avais jamais remarqués avant. L'un ressemble à une mini-tour de guet en pierre. J'imagine que c'est du bidon. L'autre, joliment baptisé "Pavillon d'été", accueille les voyageurs et les promeneurs décidés à gravir la colline du Capitole depuis plus d'un siècle. Petit abri en briques, on y trouve une fontaine ainsi qu'une jolie rocaille dans laquelle les oiseaux prennent leur bain.
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On continue la grimpette et on arrive sur le parvis au pied du Capitole, devant une fontaine là encore, côté Mall. Impression étrange que d'être à la fois "écrasées" par cette masse gigantesque qu'est le Capitole, et de surplomber la ville à des kilomètres à la ronde (puisque la vue s'étend au-delà du Potomac, jusqu'en Virginie).
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On contourne ensuite le Capitole, pour pouvoir entrer par l'est. J'en profite pour vous donner un aperçu de la Cour Suprême, ce bâtiment que je n'aurai finalement jamais eu l'occasion de visiter, malgré mon lever à 5h for this purpose un jour d'hiver.
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On tente en vain de visiter le Congrès. Deuxième epic fail en termes de visites d'institutions fédérales. Cette fois, nous sommes bien en semaine, mais les salles ferment à 14h, donc c'est raté. Encore quelque chose que je n'aurai finalement pas vu de l'année donc !
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Je montre à Maman la magnifique Library of Congress. Toujours aussi émerveillée par son style Renaissance italienne que la première fois, j'en profite pour vous donner quelques statistiques impressionnantes sur l'édifice. La bibli acquiert en effet 10 000 ouvrages PAR JOUR (sur les 22 000 qui lui sont envoyés). On y dénombre donc au total 134 millions d'ouvrages, parmi lesquels : 20 millions de livres, 5,3 millions de cartes et les manuscrits de 23 Présidents américains. Au total, tout ce papier représente plus de 852 km d'étagères. Parmi les choses que j'y observe aujourd'hui : l'un des rares exemplaires (je crois qu'ils sont quatre dans le monde si mes souvenirs sont bons) de la Bible imprimée par Gutenberg en Allemagne au milieu du XV° siècle, la Bible géante de Mayence, des cartes antérieures à la découverte du Nouveau Monde, et des récits illustrés des premiers explorateurs de l'Amérique latine. Très chouette !
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En milieu d'après-midi, on en ressort pour descendre un petit bout d'Independence Avenue, l'histoire d'aller jusqu'aux Botanical Gardens. Grande première pour ma part, mais il fait beau et chaud, c'est la saison parfaite pour voir des fleurs, alors on en profite !
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Créés en 1820 à la demande du Congrès, afin de recueillir, protéger et multiplier des plantes du monde entiers, les jardins botaniques sont une petite merveille moins connue (donc moins fréquentée) que les autres musées du Mall mais qui n'en vaut pas moins le détour. La collection de plantes y est très impressionnante, notamment pour ce qui est des épiphytes (ie les plantes qui se développent sur d'autres plantes) et des orchidées. En passant d'une serre à l'autre, on navigue entre la flore désertique, la végétation luxuriante de la jungle, les plantes médicinales ou encore les plantes des jardins tempérés. Dans la serre tropicale, qui constitue plus ou moins le clou du spectacle, une passerelle qui fait tout le tour de la serre et permet de contempler la canopée.
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Je vous préviens, j'ai pas mis autant de photos depuis les chats à Key West. :-p
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Hibiscus
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Du haut de la fameuse passerelle
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Des palmiers étonnamment aussi beaux qu'en Oman
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Le bal des orchidées !
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D'autres plantes grasses inconnues au bataillon...
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La starlette de la semaine...
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Le bal des orchidées continue !
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Des fougères
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Des plumeaux pour faire le ménage
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Des plantes des rocailles
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Des roses du désert (aussi en forme que celles du jardin dubaïote)
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Des mini-orchidées
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Des papayes
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Des rocailles tropicales
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Des orchidées encore...
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Des fleurs bizarres
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Et les jardins botaniques ne comportent pas QUE des serres, puisque celles-ci sont aussi entourées de différents jardins à thème.
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Et comme après tant de belles visions, il faut compenser un peu, voilà le 4X4 customisé qu'on découvre en redescendant le Mall : "Obama est moitié blanc, moitié étranger, mais entièrement mauvais pour l'Amérique !", "Tu as peut-être volé cette élection, mais tu devras me passer sur le corps pour voler ma liberté, ma religion, mon argent ou mes armes !", "Sauvez l'Amérique, arrêtez Obama !". Rien d'étonnant donc à découvrir en bas du panneau de ce gros pollueur la signature du Tea Party... PALIN POWER !!!
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[Bon là, il est vraiment mignon comme tout, je ne peux pas résister...]
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Nous traversons ensuite le Sculpture Garden du Hirshhorn Museum. Un peu comme dans celui de la NGA, il y a de tout : des me***s contemporiennes et des trucs très originaux et très chouettes.
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Coup de coeur pour "The Drummer", encore l'un des lapins géants de Barry Flanagan (1990).
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"Roi et reine", d'Henry Moore
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L'un des nombreux exemplaires des "Bourgeois de Calais", de Rodin
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"Femme du Yucatán assise", de Francisco Zúñiga (1973)
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Assez drôle, un clin d'oeil à Balzac en robe de chambre : "Post-Balzac", de Judith Shea (1991)
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En ressortant du jardin des sculptures, on passe à proximité du Smithsonian Castle et de ses jolis jardins.
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Comme on n'est plus à ça près, on a beau en avoir plein les gambettes, on traverse le Butterfly Garden qui relie le Mall à Pennsylvania Avenue. (En énumérant tout ça, je réalise à quel point DC est une ville verte et fleurie...)
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On passe à côté du bureau de Poste historique, reconnaissable à sa tourelle.
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Devant la Maison Blanche, la starlette fait LA photo d'usage.
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Et puis la partie touristique et marche à pied s'achève à peu près sur West Executive Avenue, devant de jolies maisons hautement surveillées (étant donnée leur vue directe sur la Maison Blanche).
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Sur ces bourgeons d'arbre de Judée, The End... avant demain !