dimanche 29 août 2010

From joggin' to Palin...

Hier matin, c'est pleines de courage que Marine et moi avons décidé d'aller courir sur le Mall, malgré la grosse chaleur, pour éliminer les 4 tonnes de calories que nous avons absorbées en une semaine à peine de junk-food. Alors que nous sortions des dorms, nous nous sommes retrouvées prises au milieu d'un flot de gros "boeufs" américains se dirigeant tous vers le Lincoln Memorial et le Reflecting Pool... Par "flot", j'entends véritablement des dizaines de milliers de personnes.

Des dizaines de milliers :

- de sosies de Walker Texas Ranger, en santiag, vestes en jeans, et chapeaux de cow-boys...

- d'obèses, debout ou en fauteuil roulant...

- de drapeaux étoilés...

- de t-shirts et de badges "NOBAMA", pro-Texas, pro-Founding Fathers, pro-guerre, pro-vétérans à gogo...

- de tracts dénotant une certaine nostalgie de la vieille Amérique, bien unilingue, bien monochrome, bien agricole, bien sudiste, bien raciste...

En fait, il s'agissait de militants de l'ultra-droite américaine, les Teabaggers comme les appellent les Américains plus modérés, en référence à la Boston Tea Party, l'un des éléments fondateurs de l'émancipation américaine (se reporter au cours de ce cher Philippe Boutry pour les connaisseurs :-). Rien d'étonnant donc à ce qu'aucun Black, aucun Asiatique, aucun Arabe, aucun Latino ne fasse partie du meeting.

47 ans jour pour jour après le célébrissime "I have a dream" prononcé par Martin Luther King au même endroit (soit disant une coïncidence, si l'on en croit les organisateurs de l'évènement), ils s'étaient donnés rendez-vous pour "restaurer l'honneur" de l'Amérique, prétendûment "sali" par la corruption des financiers de Wall Street, la politique "anormalement" généreuse d'Obama en matière de santé, sa politique étrangère au Moyen-Orient plus timide et plus pacifiste que celle de ses prédécesseurs.

En fin de compte, il s'agissait tout bonnement et plus simplement d'une manifestation anti-Obama / anti-démocrates...

Entre autres personnalités présentes :

- un vétéran inconnu au bataillon (oho, le jeu de mooots...) qui nous a exprimé, de façon ô combien émouvante, la passion inchangée qu'il avait ressentie pour son pays après une bonne centaine de missions effectuées en Corée et au Viet-Nam et quelques années de prison/torture.

- Glenn Beck, un binoclard mormon ex-alccolique (rien que ça !) connu à la radio, paraît-il... Il s'est chargé de la partie "religieuse" du meeting en appelant les Ricains à se "turn back to God", mais n'a pas pu s'empêcher de dévoiler tout haut ce que tout le monde là-bas pensait tout bas : à savoir qu'Obama EST le raciste dans l'affaire, et qu'il "isole" les Blancs des postes-clés.

- Sarah Palin, toute pimpante en tailleur noir et blanc et arborant toujours son savant "chignon choucroute demi-queue"... Elle a essentiellement brassé du vent ! Tout en ne lâchant pas ses notes du regard, notre maverick préférée, notre chasseuse d'élans favorite, nous a tenu un discours démago au possible, éloge à gogo de la bravoure des vétérans, et a lancé un appel très "ségolènesque" à ce que les Ricains se "stand up to restore America's honor"...

Bref, tout ce baratin en aurait presqu'été drôle, si les manifestants/bourins présents n'avaient pas obéi bêtement à ses injonctions comme s'ils étaient dans une secte, s'ils n'avaient pas été pendus aux lèvres de ces idiots incohérents et xénophobes, incompréhensiblement élevés au rang de "personnalités politiques" !...

Fort heureusement, il est probable que ces milliers de protestataires n'auront pas d'incidence sur l'issue des mid-terms (ie les réelections de mi-mandat d'une grosse partie des sénateurs et des représentants américains) qui s'annoncent à l'automne prochain, puisqu'ils restent somme toute très minoritaires et très pointés du doigt par leurs propres concitoyens !... Et c'est donc sans grande inquiétude que Marine et moi avons donc pu reprendre notre jogging le long du Mall, contentes malgré tout de ce premier "contact" avec l'effervescence politique qui règne à Washington.

PS : N'ayant pas pour habitude de courir avec mon appareil-photo, je n'ai malheureusement pas pu immortaliser cet évènement - même si Dieu sait s'il y avait des photos à faire !... En compensation, voilà 3 photos-cadeaux de choses que j'ai déjà vues et dont je vous ai déjà parlé, mais que je ne vous ai pas encore montrées...

Le quartier de Georgetown by night

Rigolade devant le Washington Monument

Nous les groupies de Barack devant sa maisonette

vendredi 27 août 2010

WWII Memorial

Bon, je m'accorde une p'tite pause dans les réjouissances du Welcome Program, le temps de vous raconter 2-3 anecdotes de plus...

- Le World War II Memorial

Hier soir, lassées par les réunions d'information stupides s'adressant essentiellement aux freshmen (comprendre les jeunes bacheliers en 1ère année à l'université...) sur les méfaits de la drogue, de l'alcool, sur le safe sex, sur comment entretenir de bonnes relations avec ses roomates, Mathilde, Marine et moi avons décidé de sécher et d'aller ENFIN voir le Mall de près, cette grande avenue arborée allant du Lincoln Memorial au Congrès, et autour de laquelle s'articulent la majorité des memorials et des musées nationaux.

Ne pouvant tout voir d'un coup, nous avons opté pour le World War II Memorial, l'un des plus proches du campus. Nous avons ainsi longé un bassin artificiel grouillant de canards, de grenouilles et d'insectes piquants, le Constitution Garden Pond, pour finalement débarquer au milieu d'une place elliptique ceinte de grands blocs de marbre, représentant chaque Etat américain à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. A noter : rien d'étonnant donc à ce que l'on ait vu un bloc pour les Philippines, un pour Puerto Rico, un pour l'île de Guam... en plus des 50 Etats actuels et du District of Columbia dans lequel se trouve Washington.


Je ne saurais expliquer pourquoi, c'est un peu difficile à décrire, peut-être est-ce dû à la lumière qui régnait là-bas quand nous y sommes allées, mais ce mémorial est vraiment émouvant et esthétique. Le jeu de fontaines au centre de la place, les bassins, tous ces grands blocs de marbre sur lesquels on trouve des citations de Truman, Roosevelt, Eisenhower, etc. en rapport avec le courage des Américains pendant la WWII, les couronnes de fleurs en bronze... Tout concourt à rendre le lieu très harmonieux, très cérémonieux et très calme, malgré l'afflux de touristes et le crépitement des flashes. Devant un mur incurvé comportant 4000 étoiles en bronze, chacune d'elles représentant 100 morts américains, on ne peut s'empêcher d'être "sonné", même sans être une huge fan du sens du "sacrifice" propre aux Américains...


Un mémorial vraiment réussi donc !

- La découverte de GWU, la suite...


Au fil du temps, nous commençons à bien nous familiariser avec le campus, à nous repérer dans Foggy Bottom, à connaître les grands bâtiments constitutifs de l'université, sachant qu'il existe à peu près autant de bâtiments que de départements et de services administratifs. Nous avons essentiellement repéré les squares où se trouvent les bancs marqués GWU (très important les jardins... hein Popi ;-) Il faut savoir où travailler et où glander...).

Pour ma part, étant donné les cours que j'ai choisis, je passerai la plupart de mon temps dans la Elliott School of International Affairs à partir de lundi prochain...


Ah oui ! Phénomène amusant également... Le nombre de produits GWU qu'on se voit offrir à longueur de temps ou bien que l'on peut acheter dans la boutique de la fac (Robin, à côté à l'ESCP ils sont radins...). Je m'essuie désormais avec une serviette GW, j'écris avec des stylos GW sur des post-its et des cahiers GW, je me défoule sur une balle en mousse GW, je me désinfecte les mains avec du savon GW, je porte un badge "GW Legacy", je vais faire mes courses avec un sac GW, je me repère dans la ville avec un plan GW, je paie dans les restos avec une carte de débit GW... Bref, je ne vis plus que grâce à GW ! On comprend pourquoi les Amerloques paient des tuition fees si élevés...


Sur ce, je dois justement aller faire des courses à Pentagon City, alors je vous laisse...




DC et les zanimaux...

Le Welcome Program continue et avec lui l'impression de ne pas faire grand-chose d'utile de nos journées... Les formalités administratives se règlent l'une après l'autre : immigration, compte en banque, téléphone portable, certificats de vaccination, etc. On se moque de l'administration française mais l'administration américaine n'est pas terrible non plus ! Que de paperasse inutile, répétitive...

Fort heureusement, le Welcome Program, c'est aussi : de nouvelles connaissances tous les jours, des cookies à gogo, de bonnes séances de rigolade vis-à-vis des Chinois (je suis désolée, c'est plus fort que moi... Ils sont teeeeeellement nombreux, on ne peut pas faire comme s'ils n'étaient pas là...). Jusqu'à présent Mathilde, Marine et moi avons essentiellement sympathisé avec des graduates, c'est-à-dire des étudiants de Masters (Ramzi, un Canadien d'origine palestinienne, et Joseph, un Allemand) ainsi qu'avec les roomates de Marine, vraiment adorables (Sophie, l'Anglaise ; Flavia, l'Argentine et Constanza, alias Connie, la Chilienne).

Petit récit en vrac de quelques épisodes intéressants de ces derniers jours et de quelques récentes découvertes sur Washington :


- L'hippopotame de GW alias Hippo :




Sculptures au coin des rues, en peluche, sur les sweatshirts... L'hippopotame est omniprésent sur le campus car c'est la mascotte de l'université. L'explication à ceci est douteuse, bien qu'unanimement donnée par les administrateurs et les étudiants de GW. Il semblerait qu'à l'époque de ce cher George, soit à la fin du XVIII° siècle, les hippopotames étaient monnaie courante dans le Potomac et s'aventuraient même fréquemment jusque dans son domaine de Mount Vernon, pour le plus grand bonheur de Georgie et sa femme, qui les affectionnaient beaucoup. Impossible de démêler le vrai du faux pour l'instant. Ne m'y connaissant pas assez en histoire naturelle, je ne sais pas si ce phénomène est plausible ou si c'est une légende urbaine (Juliette, si tu me lis...).

- Les rongeurs


Ils sontAjouter une image omniprésents à DC, et encore plus dans notre quartier, du fait de la proximité alléchante des pelouses du Mall. Pour mon plus grand bonheur, les écureuils sont plus nombreux que les chiens et les chats (étonnamment absents en fait). Je ne peux pas me lasser de les regarder gambader dans l'herbe et dans les arbres, ce qui amuse d'ailleurs Marine et Mathilde. En revanche, on se passerait bien des gros rats, qui courent sur les trottoirs dès la nuit tombée, qu'il s'y trouve des poubelles ou pas. Depuis notre arrivée, on en a vu en moyenne 2 tous les soirs, ce qui nous vaut de faire travailler régulièrement nos cordes vocales. J'ai eu beau être attendrie par "Ratatouille" dans l'avion, quand ils courent sur le trottoir à 1m de mes pieds, z'aime pas trôp ça...





Suite à venir dans quelques heures... Le petit déjeuner m'appelle...

mardi 24 août 2010

"George, here I come..."

24h se sont déjà écoulées depuis mon arrivée à DC, et pourtant, tout s'est passé si vite que j'ai l'impression de n'avoir encore rien vu de la ville, excepté des milliers d'administrateurs en costard/cravate de GW...

Petit aperçu chronologique de ma folle journée :

Tout a commencé hier aux environs de 16h. Après 8h30 de vol, des litres de cartouches d'encre consommés, des rames entières de papier bousillées, des tonnes de formulaires remplis, une fouille corporelle, un certain pactole d'euros offerts au gouvernement américain, et j'en passe, c'est avec les mains moites et un noeud dans la gorge que j'ai passé avec succès les redoutables services de l'immigration ! (Popi, ma soi-disant tête d'Iranienne leur est revenue finalement...) L'officier de service nous a même gratifiées, Marine et moi, d'un "Have fun in the US !".

Armées de nos énooooormes valises et après avoir retrouvé Mathilde, une autre Pipo en échange à GW que Marine connaît bien, nous avons pris notre 1er cab direction Foggy Bottom, le quartier où se trouve l'université, véritable campus urbain. Excitées comme des puces à la vue du Washington Monument (comprendre le grand Obélix), du Lincoln Monument, du Potomac (le fleuve qui enserre Washington), nous avons fait nos 1ères photos kitsch devant nos dorms : le Philip Amsterdam Hall.




J'ai découvert mon appartement : bien plus spacieux que ce qu'un étudiant peut espérer trouver à Paris (à tel point qu'on se demande à quoi toute cette place va servir, quand on débarque avec une valise pour un an...), pas très neuf et vraiment pas clean (Maman, ça te plairait pas ;-). Et surtout, j'ai découvert mes collocs.
- Hyuna tout d'abord, la Sud-Coréenne avec qui je vais partager ma chambre, un peu follette mais adorable... Elle m'adooooore littéralement depuis la minute où elle a appris que je venais de sa "city of dream" (j'ai d'ailleurs une chambre encombrée de sacs à main Looouuuis Voooouuuuiiton désormais).
- Charlotte, une anglaise de Newcastle, pas très bavarde mais visiblement sympa.
- §"#3%, une Chinoise au nom imprononçable qui ne me fera malheureusement pas changer d'avis sur la bizarrerie des Chinois en général...

Vue l'heure tardive après avoir unpacked nos affaires, Marine, Mathilde et moi, accompagnées d'une Anglaise adorable (née à Muscat, ndlr), Sophia, avons décidé d'aller manger une salade dans le snack/resto le plus proche. Pas de bol : la salade en question était vraaaaiment fat et vraaaaiment pas bonne. Welcome in the States ! Le pays où même la salade verte est calorique étant donné les 60 mL de sauce César qu'ils y déversent !

Après quoi, nous avons poussé la balade à 2 blocks des dorms, où nous avons vu la Banque Mondiale, très moderne, toute vitrée, très imposante mais attractive... ainsi que le FMI, qui vend moins de rêve extérieurement parlant.

Crevées par le décalage horaire et effarées par le début du Welcome Program fixé à 8h le lendemain matin, nous nous sommes couchées assez tôt...

Ce matin donc, direction le Marvin Center, l'un des nombreux bâtiments gigantesques qui composent l'université à 4 minutes à pied de mes dorms. Petit-déj' offert par la fac puis enchaînement de présentations toutes plus barbantes les unes que les autres sur "Comment maintenir mon statut d'immigrant légal aux US", "Comment trouver un emploi tout en restant dans la légalité", "Comment rendre une dissertation tout en respectant la propriété intellectuelle", "Comment être en sécurité sur le campus", et patati, et patata... Je vous passe les détails et j'en viens vite à ces quelques conclusions :

1° Je suis plus en sécurité ici que n'importe où dans le monde : étant donné la proximité de la Maison Blanche et des grandes institutions mondiales, l'université possède sa propre police, en plus de la protection des services secrets dont elle jouit... Petite anecdote : il y a un an, il y a eu un incendie dans l'un des dorms en pleine nuit ; et bien la CIA était présente sur les lieux avant les pompiers et avant même les administrateurs de l'université !

2° Les Américains ont des goûts de chiotte en matière de costard, y compris les hauts-placés, j'ai nommé le Président de l'Université, pourtant un ancien de Yale, Cornell, Berkeley et Johns Hopkins (rien que ça !).

3° Si j'envisage de lever un p'tit doigt ou d'aller aux toilettes dans les semaines qui viennent, il est capital que j'en informe au préalable le service des étudiants internationaux, qui en référera ensuite les Services de l'Immigration, qui m'accorderont cette autorisation ou non.

En fin de journée et parce que je ne pouvais pas faire autrement, j'ai séché avec Marine l'un de ces topos pour aller à Georgetown, chercher le package qu'Angèle a eu la bonté de me céder (merci Angie !) avant qu'il ne soit bazardé. Première impression très agréable du quartier : toutes ces petites maisons en briques rouges, très vieilles pour certaines (XVIII° s.)... On se sent bien plus dans un village que dans DC. L'université est magnifique ; le bâtiment ancien en pierre de taille grise, avec un clocheton et tout le tralala... Tu m'étonnes que tu aies aimé ton année là-bas Angie ! (Popi, j'ai croisé par hasard notre ami Henri, du cours de Doulet de 1ère année... Je ne savais pas qu'il était là-bas... Il était complètement surexcité par son Welcome Program, c'était vraiment drôle...)

Résultat : après une journée très très loooooooooooongue, ma chambre ressemble ENFIN à quelque chose ce soir. Je vais ENFIN pouvoir m'éclairer, dormir dans de vrais draps, imprimer une énième paperasse réclamée par la fac...

Et cela en ayant ENFIN vu la Maison Blanche, puisque Marine, Mathilde et moi avons décidé d'y aller coûte que coûte à la nuit tombée....
Impressions en vrac :
- Elle a taille bien plus humaine que l'Elysée, le Palacio Real de Madrid, le Palais du Vatican où je ne sais quoi... C'est une maison où l'on doit se sentir bien !...
- Même si je sais que ce ne sont que des apparences et qu'en réalité, elle est bien gardée, on peut s'en approcher vraiment très très près, se coller à la grille, passer les bras au travers... On est à 100m à peine des fenêtres...
- Fenêtres qui ne sont étonnamment pas toutes voilées, de sorte qu'on peut clairement voir ce qui se passe dans plusieurs pièces du rez-de-chaussée et de l'étage... Comme si là où la France préfèrait le secret et la dissimulation, ici tout était plus transparent et accessible...

Sur ce, Morphée m'appelle alors je vous laisse...