mardi 21 septembre 2010

The lady came TO Baltimore

Vendredi dernier, Marine et moi nous sommes rendues dans le Chinatown de DC, mais pas pour y manger des nems... Seulement pour y prendre un bus chinois, de la compagnie low-cost Megabus, direction Baltimore, le temps d'un WE ! Objectifs : rendre visite à Louise, mon amie qui effectue sa 3ème année à Johns Hopkins University, Aymeric un autre Pipo qui était dans la classe de Marine l'an dernier ; manger des crab cakes, LA spécialité culinaire de la ville ; voir le port, autrefois le premier port américain sur l'Atlantique ; voir les gratte-ciels au bord de l'eau.

Après pas loin de 2h passées dans le bus en raison des bouchons à la sortie de DC (la distance DC-Baltimore n'est pourtant que de 65km, ndlr), nous arrivons enfin à Baltimore, livrées à nous-mêmes non pas dans le quartier chinois de la ville comme nous nous y attendions, mais sur le parking d'Ikéa (prononcer « Aïe-qui-ah » ici...) à une bonne trentaine de minutes encore du downtown de Baltimore. Louise étant en train de faire du bateau quelque part dans la baie de Baltimore, Aymeric étant sans voiture, nous sommes un petit peu dans la panade. Fort heureusement, 20 minutes plus tard, un taxi passe miraculeusement sur le parking... Après moult péripéties, après $25 dollars dépensées chacune et pas $8 comme c'était initialement prévu, notre bienfaiteur à roulettes nous dépose enfin sur Charles Street, au cœur de Baltimore. Il est 18h et nous sommes devant le domicile d'Aymeric, qui nous attend tout sourire avec du cranberry juice.

Nous visitons sa charmante petit maison en briques rouges, qu'il partage avec une autre Française de Pipo, un Américain, une Américaine, un Péruvien, et un Français de l'ENS. Après ça, Aymeric nous emmène faire le tour du campus de Johns Hopkins University, à quelques blocks en amont dans la rue. Là, c'est l'immersion totale dans le cinéma américain : un campus très vert, clairement délimité par des grilles contrairement au nôtre, vallonné, alternant pelouses, parterres parfaitement soignés et vieilles bâtisses en briques rouges, avec des clochetons et des fenêtres à croisillons blanches. Un stade, une piscine, une salle de sport, des dorms, des cafétérias... Des écureuils partout, pour ma plus grande joie. Bref, le doux cliché du campus américain. Nous en regrettons presque d'avoir demandé GWU et pas JHU.

Le temps passe, la carte-mémoire de mon appareil-photo se remplit. Il est temps de rentrer chez Aymeric et de préparer des pâtes, avant que Louise et les autres Pipos débarquent pour le dîner. Joyeuses retrouvailles, rencontre des autres Français en échange et des colocataires américains d'Aymeric... Bref, dîner bruyant mais bigrement tordant. J'apprends alors que Louise habite elle aussi off-campus, c'est-à-dire non pas dans les dorms, mais dans un appartement qu'elle sous-loue avec deux Américaines, Chelsea et Claire. Ceci ne signifie pas pour autant qu'elle doit se lever tôt pour aller à la fac, puisqu'elle n'a que la rue à traverser, au sens propre. Claire étant partie en WE, c'est dans sa chambre que nous allons dormir pendant deux nuits.

Ce soir-là, après le dîner, nous réitérons l'expérience frat-party. En effet, John-Arthur et Clément, deux des autres Pipos, ont miraculeusement trouvé un appartement à louer dans l'une des frat-houses de JHU. Si officiellement ils ne sont pas devenus membres de la fraternité en question, ils sont très bien intégrés parmi les Américains qui la composent. Pour un loyer dérisoire (... en comparaison de ceux de DC !), ils ont accepté de renifler une odeur de moquette imprégnée de bière 24h sur 24 pendant un an. La fête en question s'avère être très différente et bien plus sympa que celle que nous avions « testée » à GWU. Il faut dire qu'un point joue entre notre faveur : à JHU, les étudiants internationaux sont loin d'être aussi nombreux qu'à GWU. En outre, ils viennent quasiment exclusivement de France ou d'Asie. Aussi, les Américains sont bien plus curieux vis-à-vis de la bande de frenchies que nous formons qu'à Washington. Ils viennent nous parler, nous interroger, nous complimenter pour notre accent français so cute. Très bonne soirée donc...

Le lendemain matin, pleines de courage malgré notre coucher très tardif (voire matinal), Louise nous tire du lit pour nous emmener au Farmers' Market. A quelques blocs à peine du campus et des apparts/maisons de nos amis, ce marché ressemble beaucoup à l'Eastern Market de Washington dont je vous avais déjà parlé. Les producteurs y sont moins nombreux mais les fruits et légumes tout aussi appétissants. Dans un stand de smoothies, pour le petit plaisir de nos papilles, Marine accepte de pédaler sur un vélo fixé au sol et entraînant un mixeur... Yummy yummy ! C'est un régal !



Après un déjeuner léger de nos victuailles achetées au marché, Louise, Marine, John-Arthur, Guillaume (un autre Pipo) et moi nous mettons en route pour le port. A pied, le trajet représente une sacrée trotte. Mais là n'est pas le problème !... Le problème réside dans notre sécurité. Baltimore est la ville au second plus haut taux de criminalité aux États-Unis ; « la capitale du vice et du crime », comme l'appellent les Pipos étudiants là-bas... [T'auras qu'à raconter ça à Roger Pantoufle, Papa... Il ne va plus en dormir...] La violence n'est pas seulement le lot des gangs qui sévissent dans les ghettos ; elle se trouve partout dans la ville, ou presque. Plus concrètement, pendant qu'à GW, la police de l'université nous envoie de fréquentes alertes par mails « Attention aux vols de vélo ! », « Tentative de racket au coin de la 23th St et de E St lundi dernier », la police de l'université de JHU (parmi les polices privées les plus puissantes et les mieux entraînées des États-Unis, avec celle de l'Université de Chicago et celle de l'Université de Pennsylvanie), envoie tous les jours aux étudiants des communiqués nettement plus sérieux : « Homme poignardé sur la Xth rue hier soir », « Échange de tirs dans le quartier de X », « Jeune femme violée sur le parking de X aux environs de 17h hier soir »... Aussi, quand Chelsea a appris le soir que nous nous étions rendus à pied au port, en passant par des quartiers pas forcément tous favorisés, elle a écarquillé les yeux et s'est exclamée : « Never ever do that again ! Take a cab... or a shuttle... But don't do that again ! »

Quoi qu'il en soit, nous aurons finalement survécu à notre imprudence, qui nous aura par ailleurs permis de nous promener le long de petites rues plus ou moins cossues. Ce qui est frappant à Baltimore, c'est comment, en deux blocks à peine, une rue où s'alignent de magnifiques maisons en briques aux jardins proprets, peut soudainement se transformer en une rue nettement plus modeste, avec des maisons ou des boutiques aux devantures miséreuses, délabrées. L'absence de gradation de la richesse dans l'organisation géographique des quartiers est flagrante : le fait que la misère côtoie littéralement l'aisance saute aux yeux.

A noter, parmi nos quelques arrêts sur le chemin du port :

- un mini-vide-grenier individuel sur un trottoir, où John-Arthur s'entiche d'un beau vélo vert dégonflé pour $50. Il paraît que c'est une habitude pour les habitants de Baltimore de sortir leurs vieux trucs sur le trottoir le week-end et d'attendre là que des passants s'arrêtent pour acheter un ramasse-poussière de plus. Ça marche ; la preuve...

- Donna's. Quand Louise nous a demandé à Marine et moi si on aimait les cupcakes, on a répondu « Pas tant que ça ». Les fabriques de cupcakes réputées les meilleures de la ville à Washington ne nous avaient pas laissé de souvenir impérissable... Louise insiste : « Je vous jure que ceux-ci sont excellents... irrésistibles. » Les autres Pipos renchérissent. Bon, d'accord, on se laisse tenter pour la 3ème fois depuis notre arrivée sur la côte est. On s'assoit, on commande chacune un « chocolate cupcake »... Et bien on ne l'a pas regretté ! Une véritable tuerie, comme dirait Juliette ! Un orgasme culinaire, comme dirait Lucile ! Un cake moelleux, chocolaté et pourtant léger, aérien... recouvert d'une ganache ni grasse, ni over-sucrée, mais sacrément cacaotée !... Encore un point qui nous fait presque souhaiter de remonter le temps pour changer nos listes de vœux...

- la découverte d'un café-librairie-bibliothèque communiste fort amusant aux États-Unis. Une odeur de papier et de marc de café, dans une sorte de soubassement éclairé par de minces fenêtres, où se côtoient quelques tables crasseuses et des rayons en bois foncé bien serrés sur les Black Panthers, les féministes, les anarchistes, les communistes...

- la plus vieille bibliothèque de Johns Hopkins University, aujourd'hui détrônée par la construction d'une bibliothèque plus moderne et fonctionnelle au plus près du campus, mais qui vaut néanmoins le détour. La preuve en images...

Après un long trajet, les petites maisons laissent place aux grands buildings de verre et d'acier. Coup de cœur pour un gratte-ciel de 1924, le Baltimore Trust Building, de style Art Déco, doté d'un joli toit vert pâle aux arêtes dorées qu'on repère même de l'autoroute en sortant de la ville.





Enfin, le port d'Inner Harbor apparaît, avec ses faux-vieux voiliers pour amuser les touristes, son petit port de plaisance, ses restaurants de crab cakes, ses gros paquebots en cale profonde plus loin... Il est 17h30 et la lumière tombante sublime la skyline (l'horizon délimité par l'alignement des grattes-ciel) au bord de l'eau. Les promeneurs sont nombreux. Comme eux, nous longeons les quais le plus loin possible, et nous ne nous lassons pas de la vue. Avant de venir, j'avais imaginé Baltimore comme Marseille ou Le Havre : avec des gros paquebots, des cales, mais aussi des plages et une vue dégagée sur l'immensité de l'océan par endroits. Il n'en est rien... Baltimore correspond en fait à une anse, donnant sur la baie plus large de Cheasapeake, donnant enfin sur l'océan Atlantique. Mais qu'importe ! Le simple fait de sentir l'air marin, d'entendre les mouettes, et de regarder les petits bateaux tanguer devant les grattes-ciel est largement satisfaisant aussi !...

Le temps passe et la nécessité de remonter sur le campus pour dîner apparaît. Nostalgiques de notre douce France, nous marquons une pause à un supermarché, à la descente du bus, afin d'acheter de quoi faire des crêpes bien franchouillardes en grosse quantité. Grande réussite ! Les voisins américains de John-Arthur et Clément, qui nous accueillent dans leur frat-house une fois encore, reconnaissent avec le sourire la nette supériorité des Français en matière de gastronomie. Fierté, régal, et fête jusqu'à tard dans la nuit, rebelote...

Dimanche matin, sachant désormais que notre arrêt de bus pour rentrer à Washington est loin du centre où nous nous trouvons, nous n'avons pas beaucoup de temps devant nous... Louise est malgré tout bien décidée à nous faire découvrir un dernier quartier de la ville que nous n'avons pas encore vu : Hampden. Le quartier bobo de Baltimore par excellence : maisons en bois multicolores, friperies en abondance, antiquaires, magasins de déco, coffee-shops... Le tout dans une ambiance de détente... On dit oui !... Et on fait bien... C'est joli, agréable, et bigrement tentant... Mais je résiste : il faut payer le taxi, alors pas de folies ! :-)

A 15h30, je dis au revoir à Loulou, bien triste de la quitter déjà mais heureuse à l'idée que, c'est sûr, on reviendra à Baltimore. Nous sommes loin d'avoir tout vu ; il paraît que le Musée d'Art de la ville est splendide (normal ; j'ai ouï dire qu'il nous avait volé nos impressionnistes...) et puis, on n'a toujours pas goûté les crab cakes...

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