Ca y'est ! L'automne a bien commencé à Washington... Il y a une semaine, j'étais en p'tite robe à fines bretelles sur le Mall. Aujourd'hui, la température maximale annoncée est de 14°C. Il fait désormais très froid la nuit. La pluie se fait plus fréquente. On a d'ailleurs assisté à une belle tempête en milieu de semaine dernière. Mais j'aime ça ! Parce que parallèlement, les pelouses reverdissent, les arbres roussissent et jaunissent, leurs feuilles commencent à tomber, les écureuils roux et gris (ou noirs, j'ai découvert qu'il y en avait aussi...) sautillent toujours dans l'herbe et sur les troncs... Bref, les couleurs changent. L'atmosphère aussi d'ailleurs. En entrant dans le Trader Joe's l'autre jour, je suis tombée nez à nez avec un amas de potirons, citrouilles et courges diverses et variées aux couleurs d'automne, en vue d'Halloween sans doute. Je me suis laissée tenter par un petit pot de pumpkin butter pour étaler sur mon pain le matin ; je vous raconterai ce que ça donne... Tout ça pour dire que, du peu que j'en ai vu, je sens que je vais aimer l'automne ici...
Bon, après cette petite envolée lyrique dont je n'ai pas pu m'empêcher, il est temps que je rattrape le grand retard que j'ai accumulé depuis 2 semaines dans le récit de mes découvertes et aventures outre-Atlantique.
La Gazette de Washington - N°1
Page "Sports"
Mercredi dernier, dans le cadre du programme d'intégration des étudiants internationaux, j'ai eu l'occasion d'aller pour la première fois de ma vie à un match de base-ball.
De g. à d. : Tim (australien), Hyuna (coréenne), Eve (française) et moi
A 19h05, le signal du départ a été donné dans le grand stade de Washington. Les équipes ? Ahlala... C'est là que ça sucks. Les Nationals, l'équipe de Washington dans les bas-fonds du classement national depuis des années, devait affronter les Phillies, l'équipe de Philadelphie qui, elle, parade régulièrement dans le top 3 du classement, du haut de ses 127 ans d'existence. Champions de la série mondiale en 2008, autant vous dire que le jeu des Phillies était nettement supérieur à celui des Nationals, qui se sont faits tout bonnement laminer : 7 à 1.
N'ayant pas les talents de Nelson Monfort, je ne vais pas être en mesure de vous raconter le match en détail. Je peux vous dire que ce fut long... très long... trop long ! Mais alors, ne connaissant que les règles de base, je serais bien en peine de vous expliquer tous les rebondissements de ce match passionnant et plein de suspense... ou pas !
En revanche, parce que ça vaut le détour, petite description de l'ambiance qui règne dans un stade de base-ball lors d'un match comme celui-ci :
1° C'est bruyant. Très bruyant. On a l'impression que les gens viennent dans les gradins davantage pour papoter allègrement que pour soutenir leur équipe ou regarder attentivement le match. Les cris et les rires se superposent à une musique de supermarché diffusée à fond les ballons.
2° Ca bouffe. Ca bouffe beaucoup. Etonnamment d'ailleurs, quand on voit les prix prohibitifs des barquettes de frites, hot-dogs, hamburgers...
3° Ca boit aussi beaucoup. Avec bobonne et les enfants ou bien entre copains, qu'importe, ces messieurs picolent. Ca sent la bière, ça rigole fort, ça vous fonce dessus complètement éméché... Ca s'amuse à sa façon quoi !
4° C'est un grand moment de patriotisme. Au début du match, deux hélicos de l'armée survolent le stade. L'hymne américain retentit à plein tube. On commence à être habitué, alors cette fois, on se fige immédiatement et on met la main sur le coeur, tout en faisant semblant de chanter.
5° C'est un grand moment de tartignolerie. Etant donné que la plus grande partie du match se déroule dans un même coin, le coin opposé est occupé par un écran géant diffusant en boucle des images des mascottes des équipes, des interviews bidon de supporters, des portraits et vies détaillées des joueurs ayant la balle au moment X, la course de 4 bonhommes avec des têtes géantes de Washington, Jefferson, Teddy Roosevelt et Lincoln pendant les arrêts de jeux...
En une phrase : même si je n'ai pas été conquise par le match en lui-même donc, je ne regrette pas d'y être allée, d'avoir vu "ce que c'était"...
Page "Evènements culturels"
Le WE dernier s'est tenue à Washington la 10ème Book Fest de Washington, sur le Mall et sous le haut-patronage de Mr & Mrs Obama.
Explication : une multitude de tentes blanches, sur les pelouses au pied du Capitole, mettant à l'honneur quelques grands auteurs étrangers et américains, biographes, poètes, romanciers, historiens, gagnants du Prix Pulitzer ou pas... ainsi que les grandes sorties littéraires de l'année, Etat par Etat, dans le Pavillon des Etats. Une occasion supplémentaire d'accumuler des livres donc, de les faire dédicacer, et de se faire offrir tout un tas de produits émanant de chaque Etat essayant de vous courtiser.
Je m'y suis rendue avec Connie, la Chilienne. En bonnes fans d'Isabel Allende, nous avons assisté à la conférence/interview d'1h qu'elle a donnée. Déception... Je ne sais pas si elle a oublié que c'était ses lecteurs qui lui permettaient de vivre, mais en tout cas, elle fait comme si. Très sûre d'elle et de son talent, très distante et hautaine avec ses lecteurs, à part "Moi je...", elle n'avait pas grand-chose d'intéressant à raconter. Je lui ai fait me signer "La casa de los espiritus" mais j'aurais pu tout aussi bien lui mettre le dernier numéro de Glamour sous le nez, elle n'aurait pas remarqué, tant elle signait de façon mécanique, froide, industrielle.
Enfin, résultat des courses : je n'ai pas perdu ma journée puisque je suis rentrée aux dorms avec une immense affiche de la Book Fest, 4 ou 5 marques-pages, des autocollants "I love NYC" ou bien avec des jolis dessins d'oiseaux, 6 ou 7 crayons du Nebraska, de l'Arkansas, un CD de musique folk de Floride, un thermos "Make waves at your library", des pin's du Dakota du Sud et du Mississippi... Bref, tout un tas d'objets publicitaires kistchouilles mais que j'aime bien...
:-)
Page "Mode"
Pas de panique, je vais pas me transformer en rédactrice d'Elle. Je voulais juste caser 3 constatations sur les tendances du moment aux States...
1° Les garçons ici sont TOUS épais. Ils prennent tous des protéines dans leur biberon depuis leur naissance je pense. Quand on va dans des appartements d'Américains, que ce soit à Baltimore ou à DC, on voit partout des espèces d'immenses boîtes de conserve qui sont en fait des protéines. Je ne sais pas si c'est pour se conformer à une certaine idée de la beauté ou de la sexytude, mais résultat : ils ne sont pas très grands, ni vraiment trapus, mais alors ils ont tous des torses épais, des cous de boeufs, des trapèzes balaises, et des gros bras et avant-bras qu'on dirait contractés en permanence... Ici, les maigrichons ou les gars fins ne font pas vraiment fureur.
2° Les bracelets en cahoutchouc. LA grande tendance du moment côté filles, c'est le port de bracelets qui ressemblent à de vulgaires élastiques en cahoutchouc, bleus, verts, roses, fluos, oranges... et qui, ôtés et posés sur une table, représentent quelque chose : une chaussure à talon, un pot de fleur, un éléphant, un coeur... C'est teeeeellement moche et inutile ! Pourtant, ils ont l'air fier de leur trouvaille : TOUTES les filles en portent, par dizaines ou par 1 ou 2... Personne leur a dit qu'il fallait mieux suivre les idées européennes en matière de mode...
Page "Gastronomie - Restaurants"
Mes 3 dernières découvertes culinaires géniales du moment, c'est :
1° Le clerico. Merci Flavia ! Je ne sais pas si tu connais Nina, si tu as déjà goûté Lucile, mais alors c'est BON. Explication : le clerico, c'est typiquement argentin d'après ce que m'a expliqué Flavia. C'est un peu comme la sangria, mais en blanc... On prend un délicieux vin blanc argentin, et on laisse mariner des fruits coupés (bananes, pommes, fraises, kiwis, melon...) dedans pendant une heure ou deux. Le résultat est délicieux !
2° La nourriture coréenne. Et oui ! Pour rappel, je partage ma chambre avec Hyuna (prononcer le h aspiré - iiiii - o - na), une adorable Coréenne originaire de Séoul. Parce quand elle cuisine, ça a toujours l'air délicieux, Marine, Mathilde et moi lui avions demandé de nous mijoter quelque chose un soir. Et elle l'a fait ! Elle y passé l'après-midi et quand nous sommes rentrées de cours, un vrai dîner coréen entièrement fait maison nous attendait. Des boules de riz gluant renfermant du kimchi, (une espèce de chou rouge un peu fort qu'on ne trouve qu'en Asie de l'est d'après ce qu'elle m'a dit) et roulées dans des brocolis hâchés, des carottes réduites en purée, du jaune d'oeuf dur ou des algues, l'histoire de leur donner une couleur verte, orange, jaune ou vert foncé complètement naturelle. Des steaks de tofu, soja, farine, petits oignons, oeufs, eau, sel, grillés à la poêle. Bref, des papilles agréablement émoustillées à la fin du repas, et une affirmation : la cuisine coréenne n'a rien à voir avec la cuisine chinoise ni avec la cuisine japonaise !
3° Le ice-cream sandwich. Vous vous en douterez au nom, ça c'est un fat dessert. Vous pourrez également deviner qui a apporté ça quand on a fait un dîner aux dorms : Trevor. Le principe : deux gros cookies aux pépites de chocolat, entre lesquels se trouve une glace à la vanille elle-même cerclée de pépites de chocolat. C'est gros, écoeurant, pas vraiment raffiné, absolument pas diététique, mais c'est pas mauvais non plus à petite dose. Et puis, c'est typiquement américain, alors il fallait bien qu'on goûte... En tout cas, Trevor était tout fier de nous avoir fait partager sa "gastronomie" à lui.
Page "Cinéma"
Pour les cinéphiles, passage en revue rapide de mes dernières découvertes de petits bijoux cinématographiques.
- All That Heaven Allows / Tout ce que le ciel permet
Une vieillerie de Douglas Sirk (1955) avec Jane Wyman et Rock Hudson. Pourquoi le (re)voir ? 1° Parce que Rock Hudson. 2° Parce que Rock Hudson (il compte pour deux, vraiment...). 3° Parce que même si ce mélo paraît un peu dépassé aujourd'hui, à l'époque, l'histoire était révolutionnaire, socialement parlant. 4° Parce que c'est le film qui a inspiré le remake Loin du paradis, avec Julianne Moore, en 2002. 5° Parce que les paysages d'hiver hollywoodiens valent le détour. 6° Parce que les scènes avec le daim sont à mourir de rire.
- 12 Angry Men / 12 Hommes en colère
Une autre vieillerie (1957), de Sidney Lumet cette fois, avec Henry Fonda. Pourquoi le (re)voir ? 1° Pour le charme du noir & blanc. 2° Pour le charme d'Henry Fonda. 3° Parce que pour le coup, ce n'est pas un film cucul du tout ; en témoigne d'emblée le fait qu'AUCUNE femme n'apparaît dans le film. 4° Parce que le fait qu'il est quasiment filmé en temps réel et dans une unique pièce, comme dans La Corde d'Hitchcock, lui donne un petit côté plus théâtral que cinématographique.
- Little Town of Bethlehem
Un film-documentaire de Jim Hanon récent pour le coup, tellement récent que j'ai été à l'avant-première à Georgetown University, dans le cadre de mon cours sur le conflit israélo-palestinien. Pourquoi foncer le voir quand il sortira dans les salles ? 1° Parce qu'il est magnifiquement filmé et que les scènes de rue, d'aube et de crépuscule, sur la petite ville de Bethlehem pourtant délabrée sont envoûtantes. 2° Parce que contrairement aux média, qui se plaisent à véhiculer en permanence des images de violence, de représailles perpétuelles, etc. ce film met en lumière le fait qu'il existe aussi des mouvements non-violents croissants en Palestine ; non-affiliés à aucun parti politique, ni aucune religion, ni aucune organisation, ni aucune nationalité... 3° Parce qu'on n'en ressort pas indemne ; à la fois choqué mais à nouveau plein d'espoir d'amélioration dans cette région du monde. 4° Parce que la musique hébraïque et arabe qui accompagne tout le film est superbe.
Rien que pour toi Angèle... L'université de Georgetown.
- The Manchurian Candidate
2 versions : une de 1962, une de 2004. Je n'ai vu que des extraits de la première. J'ai vu la deuxième en intégralité. Pourquoi les voir ? 1° Parce que Meryl Streep et Denzel Washington dans la deuxième version. 2° Parce que la perception diabolisée des communistes dans la première version est aujourd'hui bien risible. 3° Parce que les deux versions sont révélatrices des paranoids qui envahissent de temps en temps la scène politique américaine depuis la fin du XVIII° siècle : ces espèces de croyances extrêmes en la théorie d'un complot généralisé à l'échelle du monde pour détruire la démocratie américaine et ses valeurs ; le meilleur exemple étant bien sûr le maccarthysme.
Voilà ! C'est là que s'achève la Gazette de Washington. J'espère que vous êtes contents... A bientôt. Bisous à tous.
Il fait 12°C, on a froid alors ton "je vais aimer l'automne" je l'apprécie moyen là!
RépondreSupprimerSuper article, bien fidèle à ces derniers jours de septembre. Je partage notamment ton goût pour le clerico et la cuisine coréenne!
Par contre, concernant la mode, tu as oublié de parler du jogging rentré dans les bottes de pluie... tellement classy.
J'aime la gazette, super formule!
RépondreSupprimerQuelques remarques:
- j'adore "tartignolerie"
- je n'ai pas goûté le Clérico, je me mets à sa recherche très vite
- j'ADORE les bracelets-formes des Américaines, la corres' de ma petite soeur en avait un rose en forme de cochon et je trouvais ça trop drôle! Enfin Hélène il faut s'ouvrir aux nouvelles technologies, l'or et l'argent c'est dépassé!
Bisous!