samedi 5 mars 2011

Chicago - Hélène et le haricot magique - 2/5

Bien que lassées des Brits et des Ibères, Marine et moi décidons pour commencer notre deuxième journée de nous inscrire à une activité proposée par l'auberge : un tour du Loop guidé par un retraité né et ayant toujours vécu à Chicago. Voilà comment, par un beau soleil mais emmitouflées jusqu'au cou, nous nous retrouvons à suivre un vieux monsieur passionnant de place en place pendant 2h.
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A cette occasion, je multiplie les photos...
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Sur Michigan Avenue, LA grande avenue de Chicago s'il n'en était qu'une !
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Reflets des buildings dans un autre building, dans Millenium Park (le fameux parc longeant le lac Michigan où Obama a fait un discours mémorable et la fiesta, le soir où il a été élu !)
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Michigan Avenue encore, vue du Millenium Park...
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Agrégat de grattes-ciels de tous âges... (toujours Michigan Avenue !)
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Le Smurfit-Stone Building, qui ressemble vachement à un de Dubai (même architecte ? Possible...)
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... et j'essaie de mémoriser les tas d'anecdotes croustillantes dont il nous fait part sur sa ville chérie ! Récit en vrac de celles dont je me souviens...
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1) Si Chicago constitue aujourd'hui encore l'une des capitales mondiales des cabinets d'architectes et concentre à elle seule tant de grattes-ciels, c'est pour plusieurs raisons.
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- On attribue la naissance de Chicago "en hauteur" à un coup de pied de vache. Oui, parfaitement ! Maire Castor, raconte-nous une histoire...
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Au 17ème siècle, la "ville" existait déjà... sous la forme d'un un amas de tipis appartenant aux Indiens Potawatomi. Ceux-ci ont d'ailleurs inventé le nom Checagou, qui signifiait alors... "oignon sauvage" ! Super, merci... Au fil des siècles, attirés par la position stratégique de Chicago pile entre la Mississippi Valley et le Lac Michigan, les colons européens et leurs esclaves noirs sont venus se greffer à la population indienne, transformant ainsi les tipis en baraquements en bois. Problème : en 1871, la légende veut que la vache de Mrs O'Leary, lors de la traite, ait donné un coup de pied dans une lanterne suspendue à proximité, déclenchant ainsi "le Grand Incendie de Chicago", ayant réduit en cendres la totalité du centre-ville et ayant donné lieu à 90,000 sans-abris. Les architectes chargés de diriger les travaux de reconstruction ont alors pensé qu'il serait peut-être judicieux d'utiliser des structures en acier à l'avenir... Voilà comment et pourquoi les premiers grattes-ciel américains ont fleuri à Chicago, habillés de pierre sculptée d'abord, plus "dénudés" et honorant les matériaux "froids" par la suite. Voilà pourquoi jusque dans les années 1990, 3 des 5 plus hauts grattes-ciel au monde se trouvaient à Chicago. Voilà pourquoi aujourd'hui encore, le plus haut gratte-ciel au monde imaginé par UNE architecte se trouve à Chicago.
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- Pour pouvoir payer des buildings pareils, il faut de sacrés budgets... Et c'est là que les compagnies d'assurances interviennent ! Très nombreuses à Chicago, leurs sièges coïncident avec déjà peut-être 8 des 10 plus hauts grattes-ciel actuels de la ville (dont la Willis Tower !).
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2) Complètement anecdotique mais rigolo... Une telle hauteur a parfois un prix ! Le restaurant panoramique tout en haut du John Hancock Center met en moyenne une demi-heure à servir du bon vin à ses clients, puisque les bouteilles sont stockées dans les caves du gratte-ciel, et que par conséquent, il faut du temps pour descendre les y chercher et les remonter !
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3) Créé très récemment, Millenium Park doit son nom au fait que son aménagement a nécessité tellement de temps, que les habitants de la ville se demandaient s'il serait prêt en l'an 3000. Bien que préféré par Obama aux parcs historiques, il n'est cependant pas le seul parc célèbre à Chicago. Pour n'en citer que deux autres, il existe aussi Grant Park et Lincoln Park qui, hasard de l'histoire, abritent respectivement des statues-hommages au Président Lincoln (originaire d'Illinois d'ailleurs !) et au Général Grant.
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4) Chicago est surnommé la "windy city". Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ça n'est absolument pas lié au climat - bien que ça marche aussi, puisque les bourrasques de vent drainées par le Saint-Laurent et le lac Michigan s'engouffrent violemment dans les avenues rectilignes. Tout ceci est une histoire de gossip : de potins si vous préférez. Je ne sais pas pourquoi, historiquement, on a toujours prêté aux habitants de la ville de grandes qualités de commérages, si bien que les informations, réelles ou déformées, "volaient" de bouche en oreille, comme des courants d'air !
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5) Pour ceux qui comme moi ont regardé Urgences un jour, vous saurez que bien tournée en studios à Los Angeles, la série est basée à Chicago, et que par conséquent, pendant plus de 10 ans, une fois par an, toute l'équipe de tournage débarquait pour quelques heures à Chicago, pour tourner les scènes en extérieur. L'héliport censé être situé sur le toit du Cook County Hospital est en réalité un héliport bien réel situé sur le toit d'un hôtel de luxe le long du lac. Quant à l'hôpital en question, il existe vraiment : pas du tout dans le Loop mais dans le ghetto dans les quartiers sud de la ville... Et le bâtiment ne ressemble en rien au building glamour qu'on voit dans la série !
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Voilà pour les anecdotes de notre vieux bonhomme ! Entre autres trucs un peu particuliers qu'il nous a aussi montrés :
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Le Palmer House Hotel (aujourd'hui un Hilton) : l'un des hôtels de luxe historiques de la ville, aux plafonds d'inspiration Renaissance et au mobilier Art Déco... Classy !!!
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La maison d'arrêt de Chicago, où transitent les accusés en attente de jugement par exemple... Un gratte-ciel peu accueillant, en béton jaune, criblé de meurtrières... Etrange !
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A l'issue de cette promenade guidée fort instructive, Marine et moi sommes reparties de pied ferme sur les grands boulevards... Et Chicago, c'est tellement beau et chouette que malgré le froid, nous avons marché 6 heures non-stop SANS NOUS ASSEOIR sur un banc ! Nous avons regardé toutes les façades, essayé d'entrer partout où c'était possible...
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Les corniches de la bibliothèque municipale centrale de la ville
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Re le Chicago Board of Trade. Pour la p'tite histoire, il est surmonté de la déesse de l'agriculture Cérès (rien à voir avec le vinaigre :-p ), haute de 9m de haut. Son visage est tout plat car en 1930, quand l'immeuble était encore le plus haut de la ville, ce couillon de sculpteur ne se doutait pas qu'un jour, il y aurait tout autour des immeubles encore plus hauts, d'où on pourrait voir bien clairement qu'il avait bâclé son travail sur la fin...
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Et puis au pied des immeubles un peu plus modernes, on découvre pas mal de sculptures / fresques / horreurs pondues par des artistes français... Je vous épargne celles de Picasso et Miro. En revanche, je vous mets celle de Chagall : une fresque en mozaïques ayant pour thème les 4 saisons...
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Devant ce qui est, je crois, une salle de concert, vous avez aussi une belle me*** pondue par Jean Dubuffet, prétentieusement appelée "Monument avec une bête se dressant", mais que les habitants de la ville surnomment avec une humour : "Snoopy dans le mixeur" !
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Dans le gratte-ciel d'inspiration gothique qui suit se trouve au dernier étage la chapelle la plus "haute" du monde... Malheureusement, nous n'aurons pas pu la visiter...
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Une ville rétro, jusque dans les coins...
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Du vieux gratte-ciel comme j'adore...
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Et enfin, mon gros coup de coeur : le Chicago Cultural Center. Ayant parfois tenu lieu d'opéra, c'est en gros l'une des salles de spectacles historiques de la ville - on la voit à plusieurs reprises dans Les Incorruptibles, la version de De Palma. C'est un joyau de marbre blanc et de mozaïques dans les tons vert et or. Certaines pièces reproduisent le Palazzo Vecchio de Florence, d'autres le Palais des Doges à Venise. Deux salles sont surmontées d'immenses coupoles en verre travaillées par Tiffany au début du siècle... Un régal ! Jugez plutôt...
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Dans tout le bâtiment, la culture est à l'honneur, d'où les noms de peintres, d'écrivains, de dramaturges...
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Et bah moi, j'aime Tiffany !
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Bon, de dehors, c'est un peu plus ordinaire...
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Après ça, Marine et moi retraversons Michigan Avenue, pour retourner dans Millenium Park, s'amuser comme des gamines pendant une demi-heure devant... le Bean ! Oeuvre d'art contemporaine réalisée par Anish Kapoor, cet haricot géant en plaqué argent pèse 110 tonnes et reflète le parc et la skyline avoisinant. On ne s'en lasse pas ! Je ne suis pas fan d'art contemporain en général, mais là je dois reconnaître que c'est du génie !
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Quand on se trouve complètement dessous, dans la partie incurvée, ça ressemble à un kaléidoscope géant dans lequel on se voit 12 fois si mes souvenirs sont bons.
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On ne se lasse pas de faire les andouilles...
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Bon voilà, j'arrête de vous embêter avec le Bean, officiellement intitulé Cloud Gate d'ailleurs : jolie porte aux nuages... Un p'tit tour dans Millenium Park et puis s'en vont...
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Voici le fameux gratte-ciel le plus haut au monde dessiné par une femme. 1) Je le trouve joli. 2) Il n'a absolument pas une forme phallique, contrairement à nombre de grattes-ciel conçus par des hommes... J'dis ça, j'dis rien...
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Le Jay Pritzker Pavilion : une espèce de salle de concert à ciel ouvert, fonctionnant à plein régime l'été, et conçue par le même architecte que le Musée Guggenheim à Bilbao.
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Le début du BP Bridge, conçu par Frank Gehry pour enjamber Columbus Drive et entièrement pensé pour les handicapés. Entièrement en alu et bois exotique.
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Suite à Millenium Park, on décide d'aller refaire un p'tit tour du côté de Magnificent Mile pendant qu'il fait encore jour.
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Coup de coeur pour le Wrigley Buidling !
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Impressionnée par la Trump Tower, sacrément haute (la 2ème plus haute à Chicago)... Je me demande si le cabinet d'architectes qui l'a conçue ne serait pas le même que celui à l'origine du Burj Khalifa...
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Une superposition des deux assez originale... (Notez la p'tite passerelle d'un gratte-ciel à l'autre... Kuala Lumpur n'a rien inventé !)
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Dans l'Intercontinental...
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Parmi nos infiltrations ni vues ni connues dans des halls d'immeubles :
- le Chicago Tribune
- l'Intercontinental, à la décoration rocambolesque / mauresque / médiévale / Renaissance... bref, bien américaine !
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Et enfin, la nuit tombe... On pousse jusqu'à l'ancien château d'eau de Chicago, seul bâtiment ayant survécu au Grand Incendie de 1871, dans le centre historique... Un p'tit château fort bizarroïde en plein milieu d'un boulevard ; étrange...
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On fait un p'tit détour par la cathédrale, non pas qu'elle ait quelque chose d'extraordinaire, mais parce qu'au temps d'Al Capone, un paquet de mafiosos y sont morts... abattus en pleine rue par un fleuriste bidon à proximité ou des tireurs planqués derrière des fenêtres aux étages des immeubles d'en face.
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Et puis on fait aussi un p'tit crochet par chez Bloomingdales, d'où l'on ressort les mains vides (quelle fierté !).
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Notre soirée s'achève par deux spécialités de Chicago :
- la deep dish pizza : une sorte de pizza faite dans un plat à tarte, donc très épaisse et "over-fromageuse". Je ne suis pas fan... C'est très écoeurant !
- un club de blues : Andy's. Bah oui, on est quand même dans la ville de naissance du blues alors... Musiciens excellents !... Atmosphère à la fois frétillante et tranquille... On y passe 2h30 avant d'enfin se décider à rentrer allonger nos jambes et dodoter.
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