jeudi 23 juin 2011

Boston Crepe Party

3ème et 5ème étapes : Boston
Moyen de transport : bus
Mes acolytes : Noémie et Marine, puis Noémie toute seule

Après Providence, je reprends un bus toute seule. Direction : Boston, encore un peu plus au nord, dans le Massachusetts. Cette fois, je retrouve Noémie (qui passe sa 3A ici, à Boston College, et qui nous accueille chez elle très gentiment) et Marine (de retour d'une escapade "sanfranciscaine"). Arrivant tard le soir, aucune visite possible. On se contentera d'aller boire une bière à Cambridge, la commune qui fait face à Boston, juste située de l'autre côté de la Charles River, et dans laquelle se trouvent Harvard et le MIT. Va pour la John Harvard's Brew House, véritable institution pour les étudiants locaux, et qui a le mérite de brasser elle-même sa bière comme son nom l'indique. Un décor sombre, boisé mais chaleureux, agrémenté de tables de billards...
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Nono conmigo...
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Une pinte de trop ! :-)
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Le lendemain matin, Marine et moi laissons Nono à ses révisions et examens de latin. Nous partons downtown Boston pour la journée. Après un petit-déjeuner dans un café mignonnet face au Boston Common Park, nous attaquons notre première étape : le Freedom Trail.
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Le principe ? Un circuit de 2,5 miles dans le quartier historique de Boston matérialisé par une ligne rouge-brique continue sur le sol. Chacun va à son rythme, tout seul ou avec un guide, à pied ou à vélo... C'est LE moyen de passer devant tous les bâtiments ayant eu une importance quelconque dans l'histoire de la ville, et surtout, de la guerre d'Indépendance contre les rosbifs.
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Dans l'ordre de la visite :
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- la State House : construite en 1798 sur la pâture des vaches de John Hancock (l'un des Founding Fathers), en haut de Beacon Hill, elle se distingue par son dôme doré. A l'origine, celui-ci était en bois. Ensuite, Paul Revere le fit recouvrir de cuivre. En 1874, on y plaqua de l'or 24 carats. Et pendant la Seconde Guerre mondiale, on le peint en noir pour qu'il passe plus inaperçu en cas de bombardement. Depuis la fin de la guerre, il a retrouvé son teint d'éclat. Quant à sa fonction, il s'agit du "Congrès" local, où travaillent et votent les représentants, les sénateurs et le gouverneur du Massachusetts.
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- Le Granary Burying Ground : ce cimetière datant de 1660 est désormais la résidence de nombre de Bostoniens ayant marqué l'Histoire. Il doit son nom de "Grenier" à l'entrepôt à grain qui se dressait à côté de lui à l'origine. 3000 tombes ? 8000 ? On ne sait pas trop combien de squelettes il renferme... Ce qu'on sait, c'est que sous la tombe n°203 se trouvèrent enterrés 500 enfants, et qu'entre autres Bostoniens célèbres, on trouve les parents de Benjamin Franklin, John Hancock, Paul Revere, Samuel Adams (oui, avant d'être une bière, Samuel Adams était l'un des signataires de la Déclaration d'Indépendance), Robert Paine, etc. Inhumés dans la tombe familiale de Samuel Adams, à sa requête, se trouvent aussi les victimes du célèbre Boston Massacre.
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[Hors Freedom Trail, on passe aussi devant la Suffolk University sur Tremont Street. Celle-ci a plus le type "Renaissance italienne" que "cottage de l'East Anglia" mais bon...]
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- Old City Hall : l'une des anciennes mairies de Boston (1865-1969), transformée en resto, salles de réunion et bureaux luxueux dans les années 1960-1970. Très similaire au Eisenhower Building de DC (le bâtiment de l'exécutif fédéral) ou encore aux mairies de Philly, Providence et Baltimore, ce bâtiment s'inscrit dans le style "Second Empire" très en vogue aux US dans la deuxième moitié du XIX°.
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Et comme nous sommes à ce moment-là sur School Street, la ruelle dans laquelle se dressa un jour (en 1635) la première école de latin de Boston, le Old City Hall en garde le souvenir dans son hall d'entrée...
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Dans la cour, je m'identifie aux 20 des 38 maires de Boston passés ici, Démocrates, en partisane du p'tit âne...
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- Old South Meeting House : construite en 1729, ce lieu de réunion hebdomadaire des Puritains en vit de toutes les couleurs pendant la guerre d'Indépendance. C'est là que se réunirent des milliers de Bostoniens au soir du 16 décembre 1773 pour discuter de la nouvelle augmentation des taxes sur le thé importé par la Couronne britannique. C'est là par conséquent que Samuel Adams leur adressa un speech mémorable pour leur annoncer que la rébellion contre la tyrannie anglaise venait de commencer, via le passage par dessus le bord de 342 caisses de thé britannique dans le port de Boston. C'est là qu'on apprit que la plus grande Tea Party de l'Histoire venait de se produire.
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[Autre parenthèse qui n'a rien à voir avec le Freedom Trail. Devant l'église se trouve un émouvant Irish Famine Memorial (les Irlandais étant historiquement l'une des communautés les plus importantes de Boston) en deux parties... AVANT le départ pour les US :
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... APRES leur installation ici ! Changement fulgurant ! :-)]
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[Sur Washington Street : le Boston moderne ! Celui des grandes chaînes de magasins, du Ballet et des cinémas...]
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- la Old State House : ce fut à la fois le siège du gouvernement britannique avant la guerre d'Indépendance, puis le siège du premier capitole du Massachusetts une fois l'indépendance obtenue. C'est sur son seuil qu'eut lieu le Boston Massacre de 1770, qui devint un symbole de la tyrannie anglaise. C'est à l'intérieur que Samuel Adams appela pour la première fois ses concitoyens à la résistance à la "taxation without representation". C'est de son balcon que les Bostoniens entendirent la lecture de la Déclaration d'Indépendance pour la première fois le 4 juillet 1776. C'est dans ce bâtiment que John Hancock installa plus tard son bureau, en tant que premier gouverneur de l'état indépendant. Aussi appelée la Townhouse, cette maison devint par conséquent le coeur de la vie civique, commerciale et politique de Boston. Sa petite tourelle, qui paraît bien modeste aujourd'hui, fut un jour le point le plus élevé de la ville.
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- le Quincy Market : construit en 1822 pour désengorger le marché couvert voisin de Faneuil Hall. C'est toujours un marché couvert aujourd'hui, bien qu'il s'adresse désormais davantage aux touristes qu'aux vrais Bostoniens. Des stands divers se succèdent, dans lesquels on peut manger d'à peu près tout. J'opte pour la spécialité du coin : le clam chowder servi dans une grosse miche de pain creusé. En outre, le lieu a un certain charme : les plafonds sont hauts, c'est lumineux, au centre se trouve une grande rotonde tapissée de briques et d'enseignes à l'ancienne...
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Direction maintenant : North End. Le quartier nord-est de Boston, le quartier italien historique aussi. On continue de suivre le Freedom Trail mais un peu plus vaguement... On s'aventure dans des petites rues, on se promène plus qu'on ne visite...
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- Old North Church & Paul Revere Statue : la première est dans le fond, on ne la distingue pas très bien, vu le temps de me*** qu'il faisait ce jour-là, la seconde est évidente. La plus vieille église de Boston qui existe encore aujourd'hui. Elle date de 1723. Haute de 191 pieds (soit 58 m à peine), elle était au moment de la guerre d'Indépendance le point culminant de Boston, d'où le rôle capital qu'elle y joua. C'est là qu'intervient "la p'tite histoire"...
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Début avril 1775, le général anglais Thomas Gage complotait pour envoyer ses troupes saisir les munitions des indépendantistes stockées à Lexington et Concord, et pour arrêter John Hancock et Samuel Adams. Or, les indépendantistes eurent vent des plans secrets du général et se préparèrent à accueillir les rosbifs proprement le moment venu. Le 18 avril, mandatés par les "Fils de la Liberté", Paul Revere et Robert Newman se retrouvent, et le premier indique au second combien de lanternes allumer dans le clocher de l'église pour rendre compte aux Bostoniens de l'avancée graduelle des troupes anglaises. Conformément aux instructions, Robert Newman s'installe dans le clocher et allume bientôt 2 lanternes. Selon le code instauré par Paul Revere, ça signifie que les Brits approchent par voie maritime, via la Charles River. Ces simples lampes permirent ainsi aux indépendantistes de se préparer aux batailles de Lexington et Concord, et marquèrent le début des hostilités armées de la guerre d'Indépendance.
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Retour au quotidien contemporain du quartier des Italiens...
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On découvre par hasard une mini-cour d'immeuble décorée à la gloire de tous les saints par un vieux papy très pieux et franchement bizarre...
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Sous la pluie fine qui tombe maintenant depuis plusieurs heures, la ville paraît maintenant franchement triste...
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Après un café revigorant au chaud (on a beau être début mai, on se PELE !), on décide de faire demi-tour et de reprendre lentement le chemin de chez Noémie, en arpentant des rues plus commerçantes, plus animées et peut-être plus larges... On traverse ainsi le Boston Common Park, créé en 1634 en plein coeur de la ville. On y découvre le Frog Pond, un étang bordé par une série de grenouilles rigolotes, comme son nom le suggère...
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On savoure la tranquillité du parc et on prend un peu de recul sur les immeubles, ce qui nous permet de contempler un peu la skyline, malgré le ciel menaçant.
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On s'engage sur Boylston Street, une grande artère bordée de grands immeubles et de quelques curiosités architecturales (dont Trinity Church, sur la 2ème photo).
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On passe ensuite à la rue parallèle à Boylston : Newbury St. Selon Noémie, c'est à la fois LA rue des grands magasins chics de Boston, et celle d'un nombre incalculable de friperies et boutiques bobos sympas.
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C'est sur cette avenue que l'on reprend le métro, pour retrouver Nono à Cambridge encore, l'histoire de dîner mexicain en sirotant une Corona.
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Le lendemain : départ pour Cape Cod. Ziiiiiiiiiip ! Retour 2 jours plus tard, sans Marine (je l'ai noyée dans la baie de Provincetown...).
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Cette fois, je suis chanceuse : il fait un temps magnifique. Nono étant toujours dans les révisions, j'en profite dès mon arrivée pour re-sillonner des rues découvertes deux jours plus tôt, et m'installer sur un banc devant le Faneuil Hall pour bouquiner un peu en profitant du bourdonnement de la ville... D'ailleurs, le hasard fait bien les choses puisque depuis mon passage à Brown University, je suis plongée dans la lecture de "The Namesake", un prix Pulitzer trop chouette qui se passe exclusivement à Cambridge et à Boston.
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Je suis intriguée par le monument ci-dessous. Il s'agit en fait d'un Mémorial aux Déportés. Ces grandes colonnes de verre évoquent les cheminées des fours crématoires et exhalent une fumée dérangeante quand on les traverse. Sur le verre sont gravés très discrètement les noms de millions de victimes des camps. C'est extrêmement fort et extrêmement déprimant !
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Je prends ensuite le métro, direction Cambridge, pour découvrir la petite ville de jour (enfin !) et surtout Harvard. 4ème Ivy League que je visite cette année, je tombe amoureuse du campus, qui donne sacrément envie d'être bon(ne) élève. En 85 hectares à parcourir, je me prends à rêver d'y être étudiante. Je me balade entre les dorms, les salles de cours, les réfectoires, la grande bibliothèque (la plus grande aux US après celle du Congrès), la Memorial Church dans laquelle ont lieu toutes les cérémonies importantes marquant la vie universitaire... Depuis 1636, Harvard a formé une grande partie de l'élite politique, économique, scientifique, etc. des Etats-Unis. Avec une fondation riche de 27,4 milliards de dollars l'année dernière encore, elle peut se targuer d'être non seulement un lieu d'enseignement exceptionnel mais aussi un centre de recherche ultra-productif. Parmi ses alumni, on dénombre : 8 Présidents américains (sur 44 au total), 75 Prix Nobel, 62 milliardaires encore en vie. Rien que ça ! Et comme si ça ne suffisait pas aux petits génies, Harvard gagne ou arrive second (généralement derrière Yale) à la majorité des compétitions sportives universitaires à l'échelon national quasiment non-stop depuis sa création.
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Ci-dessous : la prétendue statue de "John Harvard, fondateur, 1638". Elle est plus justement appelée "la statue des trois mensonges", en raison de trois erreurs majeures pour qui connaît bien l'histoire d'Harvard.
1) John Harvard était l'un des principaux contributeurs financiers à la création de l'université, mais pas son fondateur ;
2) l'université fut fondée en 1636 et pas 1638 ;
3) la statue représente en réalité un illustre inconnu, et pas John Harvard, car le sculpteur n'a jamais vu John Harvard de près ou de loin et a donc embauché quelqu'un d'ordinaire pour poser.
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Attroupement de lycéens étrangers sur les marches de l'église. "Si tu cravaches bien mon enfant, un jour tu pourrais bien te promener à nouveau sur ce campus..."
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La bibliothèque...
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La Memorial Church...
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Et à l'intérieur...
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Le campus est délimité par plusieurs entrées, étant donnés les accroissement successifs et le développement parallèle de la ville même de Cambridge.
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Dans les ruelles de Cambridge, d'une partie du campus à l'autre...
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Un air d'Europe du Nord...
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Voilà : retour sur une autre partie du campus, plus "résidentielle" (les dorms quoi !)
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La journée touchant à sa fin, je me cale dans un salon de thé microscopique mais méga-chouette - Tealuxe - d'une petite rue animée de Cambridge, pour boire un thé et bouquiner en attendant de retrouver Nono et son coloc' allemand Conrad pour le dîner. Ensuite, c'est steakhouse authentiquement ricaine trois rues plus haut... ô joie ! :(
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Le lendemain - ma dernière journée complète à Boston - aura été essentiellement occupée par la rédaction de mon rapport de 3A, dû 3 jours plus tard et que je n'avais pas commencé jusqu'alors. Nono étant ENCORE en révisions et le temps dehors étant exécrable, je vis ma dernière journée dans le Massachusetts comme une vraie Bostonienne : en cocooning dans le salon de Noémie, Conrad, Gégé (un Espagnol, donc prononcez "Rhérhé"...), en sirotant diverses boissons chaudes, en me farcissant l'opéra chéri de Nono :-) et en clapotant sur mon clavier pendant qu'elle en fait autant...
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Heureusement, avant que je ne reprenne un bus de nuit pour rentrer à Washington le soir, nous avons le temps d'improviser une soirée crêpes. Je me mets aux fourneaux, pour nourrir toute la petite bande internationale que Noémie s'est faite à Boston College. Nous dénichons un vin on ne peut plus classe au liquor store du coin : "Bitch". Et on rigole bien ! J'aurai toute la nuit de bus (8h30 au total) pour digérer et cuver...
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C'est sur cette mémorable "Boston Crepe Party" que mon pluvieux mais néanmoins formidable trip en Nouvelle-Angleterre s'achève... Maintenant, retour à DC !

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