mardi 26 octobre 2010

Run Drag Queen, Run !...

La Gazette de DC - N°3
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Édito
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Voilà déjà plus de deux mois que je suis à Washington !
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- Deux mois que j'arpente les mêmes rues et que j'apprivoise peu à Foggy Bottom, Dupont Circle, Georgetown, le Mall, Capitole Hill...
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- Deux mois que j'ai pris l'habitude de siroter des grands cafés dans un thermos en travaillant à la bibli.
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- Deux mois que je prends le New York Times tous les matins dans le hall des dorms en me disant « je le lirai ce soir », puis « je le lirai demain », avant de finalement l'ajouter à la pile de journaux dans mon salon, sans avoir rien lu d'autre que la une (j'ai arrêté le Washington Post depuis que j'ai appris que c'était un journal à tendance Républicaine, ndlr).
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- Deux mois que je parle indifféremment anglais (passionnément), français (beaucoup), espagnol (un peu), arabe (pas du tout !).
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- Deux mois que je rencontre des gens aux nationalités peu courantes : Uruguay, Curaçao (Antilles néerlandaises), Palestine, Moldavie, etc.
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- Deux mois que je m'arrête toujours quand je vois un écureuil (ce qui se produit à peu près tous les 10m).
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- Deux mois que je pousse toujours des cris perçants chaque fois que je vois un rat (ce qui se produit maintenant en moyenne une fois par soir vu que le temps se rafraîchit).
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- Deux mois que je m'escrime toujours à faire mes heuuuuuures de readings pour chaque matière.
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- Deux mois que je ponds des essais sur tout et n'importe quoi.
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- Deux mois que j'observe et cherche à comprendre tout ce que je découvre ici... sans toujours y arriver...
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... parce que Washington n'est pas une ville comme les autres !
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(Wahouuuu !!!! C'est beauuuuuu !....)
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Page « Société »
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Ce que j'ai appris en deux mois ici, c'est que d'un point de vue fédéral, Washington correspond à une entité on ne peut plus complexe.
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En effet, la ville jouit d'un statut « bâtard », puisque le District of Columbia n'est pas un État fédéré considéré et comptabilisé comme les 50 autres États américains. Il n'est pas représenté au Sénat ; uniquement à la Chambre des Représentants, grâce à un unique représentant à valeur d'observateur. En outre, les habitants du District of Columbia n'ont le droit de voter aux présidentielles que depuis 1961. Ironiquement, ils sont quand même invités à payer des impôts à l'État fédéral.
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Cette situation quelque peu paradoxale est résumée dans la devise des plaques d'immatriculation de DC : « Taxation without representation ». Pour les malchanceux qui n'auraient pas eu le plaisir d'assister au cours du génial Philippe Boutry à Pipo en 1ère année : cette devise est un clin d'œil aux federalist papers parus en réaction contre le Stamp Act de 1765 - imposé par l'occupant anglais – et qui clamaient au contraire : « No taxation without representation ». Comme quoi, les Américains ont le sens de l'auto-dérision...
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Ce que j'ai appris en deux mois ici, c'est qu'on peut difficilement faire plus international que Washington.
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C'est évidemment la résidence principale/secondaire des représentants, des sénateurs, des administrateurs d'État, des officiers haut-gradés américains... Mais c'est aussi et avant tout le siège de tant de lobbies internationaux, de think-tanks, d'ONG, du FMI et de la Banque Mondiale pour ne citer qu'eux. Washington est donc largement une ville peuplée de « citoyens du monde ».
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Ceci ne se manifeste pas qu'à coups de grattes-ciels et de logos connus ; cela transparaît aussi dans l'existence de quartiers vietnamien, latino, chinois, éthiopien... ainsi que dans la représentation d'un nombre incroyable de cuisines du monde. (Trois restaurants polonais rien qu'à DC !) Je pense qu'à ce niveau-là, même Dubaï ne rivalise pas, parce qu'elle garde malgré tout ce côté « arabe », et hiérarchise la diversité des nationalités qu'elle abrite, contrairement à DC.
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Ce que j'ai appris en deux mois ici, c'est qu'on n'est pas obligé d'aller dans un pays du « Sud » pour voir se côtoyer misère noire et richesse tapageuse.
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Washington est une ville de contraste, brutal, frappant, indécent même. Entre les quartiers aux maisons coloniales telles celles que j'ai longées l'autre jour près de Massachussetts Avenue, et les ghettos de Noirs, dangereux et insalubres tels ceux qu'on trouve à Anacostia et où l'on m'a défendu de me rendre, rien ! Pas de classes moyennes !
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Les employés de bureaux, les petites professions libérales, les petits commerçants... Tout ce monde-là vit au bout des lignes de métro : dans le Maryland ou en Virginie. Depuis les années 1950/60, la gentrification n'a cessé de drainer ces gens-là vers les banlieues verdoyantes et aux taxes immobilières plus supportables que dans le centre-ville, alors en plein boom économique et architectural. Le rêve américain du John Doe en chemise aux manches retroussées qui passe la tondeuse sur son carré d'herbe pendant que sa p'tite femme enfourne une tarte aux pommes dans une cuisine rutilante et bien équipée, en robe digne d'Ava Gardner et talons aiguilles, est devenu la triste réalité. Cf. "Desperate Housewives" pour les connaisseuses !
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D'où l'absence de ménages « moyens » à Washington aujourd'hui, et cette ségrégation sociale (voire raciale) choquante. Quand vous vous promenez derrière Capitole Hill, entre la 14th et la 15th rue précisément, vous passez subitement d'une zone résidentielle paisible aux jardins proprets à un quartier malfamé où l'espérance de vie d'une jeune blanche solitaire est assez compromise (dixit Trevor).
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Quant aux nombreux homeless qui mendient et dorment sur les trottoirs à Georgetown ou Foggy Bottom, ce qui nous a frappées Marine et moi en arrivant ici, c'est qu'ils sont TOUS noirs (je n'ai jamais vu de clochard blanc depuis mon arrivée !), et cumulent bien souvent handicaps physique et mental...
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Ceci me permettant d'embrayer sur...
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Le roman-feuilleton de la semaine
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Lucile, tu parlais dans un article de cette espèce de ghetto de riches dans les faubourgs de Buenos Aires où tu avais été goûter, et du sentiment de gêne voire d'écœurement qui en avait découlé. J'ai expérimenté à peu près la même chose dimanche soir...
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J'étais invitée à dîner avec Hyuna chez un ami américain qu'elle s'est fait ici, dans un immeuble début XX°, face à la Maison Blanche, avec petits buis et canapés en osier sur roof-top au 12ème étage et lobby embaumant les orchidées au rez-de-chaussée. Brett est né à Chicago, il est le fils de deux avocats internationaux. Brett a grandi entre Los Angeles, Miami, Boston. Brett vit dans une bulle. Brett dépense $120 de lasagnes et nourriture thaï au marché couvert de Georgetown quand il veut manger « vite fait » parce qu'il est à la veille d'un midterm exam et qu'il doit réviser. Brett dépense $80 de chocolats chez Godiva parce qu'il a un p'tit creux et que c'est l'heure du goûter. Brett voyage uniquement en première classe. Sur un coup de tête, Brett achète à Hyuna un foulard en soie bleue importé de Paris parce qu'il « aimait bien la couleur ».
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Malgré ce, Brett a une vie difficile : Brett ne sait pas ce qu'il veut faire plus tard. Brett est blasé. Il n'aime aucune des villes qu'il a habitées. New York n'est pas sa tasse de thé ; la Floride non plus. C'est pour ça qu'après son année de freshman, Papa et Maman lui ont payé une année sabbatique, l'histoire qu'il aille passer 5 mois à Séoul et 5 mois à Paris (dans le Marais), l'histoire qu'il s'ouvre au monde, qu'il prenne son temps pour réfléchir, et surtout, qu'il traîne dans des cafés et des maisons de thé. Attention ! Brett n'a pas travaillé cette année-là, ni même pris des cours de langues. Mais le bon point dans tout ça, c'est que Brett en a appris plus sur Paris que moi en 3 ans là-bas. Du coup, Brett peut décréter la tête haute que : « La vie à Paris n'est pas stressante du tout... Oui, il y a le boulot/les études, c'est sûr, mais quand tu as fini le soir, paf, tu descends manger dans une brasserie de Saint-Germain, et puis tu sirotes un Château-Margaux avec les copains... Ça va quoi ! »
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Bref, Brett a manqué de paires de claques dans sa jeunesse. Brett ferait mieux de partir en Érythrée ou au Bangladesh, la prochaine fois qu'il veut « se donner du temps pour réfléchir »... En bas de l'immeuble de Brett, il y a des sans-abris qui commencent à grelotter la nuit en cette fin d'octobre. Mais le plus drôle dans tout ça, c'est que Brett a assez d'aplomb pour me dire que j'ai « l'air typiquement française... Bien sapée, bien élevée, mais un peu snob quoi ! ». No comment !
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Ainsi s'achève cette petite « gueulante » contre cette grosse blague qu'est Brett, et qui malheureusement, est loin d'être un cas isolé à George Washington apparemment... Trevor m'avait pourtant prévenu ; je continue de tomber de haut !
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Ndlr : Brett parle français, alors j'espère qu'il n'aura jamais ouï dire de ce petit portrait...
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Page « Évènements sportifs »
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Ce soir, Trevor nous a emmenées, Marine et moi, à un événement annuel que j'attendais avec impatience depuis que mes copines du foyer m'avaient offert le "Lonely Planet" sur Washington (merci Floflo, Camille, Astrid et Julieta de amor !) : la drag race. Le principe : la 17th rue, entre Dupont Circle et Logan Circle ; une foule de flics et de spectateurs massée sur les trottoirs, aux fenêtres et sur les toits environnants ; une centaine de drag queens en talons hauts.
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Au final : 2 heures d'attente pour 2 minutes de course ! Mais purée, ça en valait la peine ! Je n'avais jamais rien vu de semblable... Lady Gaga, Cruella, des épouses de mineurs chiliens, Liza Minelli, Wonderwoman, des écolières anglaises, une Écossaise en kilt, des sufragettes, une mouette mazoutée par la marée BP, des divas, une reine des cartes, des danseuses du Crazy Horse, des sluts en tous genres... Une grande créativité pour certain(e)s ; une absence totale de prise de tête pour d'autres. Des tonnes de poils aux pattes ; zéro vrais seins. Un p'tit sentiment de malaise au début vite oublié par de grands éclats de rire. Un point commun à tous les coureurs (ou coureuses ? ;-) : du mauvais goût à outrance ! Mais qu'est-ce que c'était drôle !
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Ah oui, le résultat sportif ? Un petit gringalet, barbu, à la robe légère s'ouvrant sur une vraie moquette, sur des talons aiguilles pas très hauts !
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NB : Pour ne pas choquer certaines âmes sensibles, je n'ai mis ici qu'un échantillon de mes photos « soft ». Si vous avez envie de rigoler davantage et que vous avez le cœur bien accroché, let me know...
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Le Courrier des Lecteurs
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1°/ Joyeux Anniversaire Grand-Mère !!! Une carte postale est actuellement quelque part au-dessus de l'Océan Atlantique à ta recherche... Mille bisous doux ainsi qu'à "ton ours" ;-)
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2°/ Merci ma Luciole pour ta carte postale d'Iguazú ! Petite surprise et grand sourire à l'ouverture de la boîte aux lettres. Épatant paysage que j'espère voir un jour en vrai... Mil besos también querida.
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Sur ce, la gazette s'achève. Merci de l'avoir suivie ! Bonne nuit les petits !

samedi 23 octobre 2010

Into the wild

Cet après-midi, Connie et moi avons décidé de nous aventurer un peu en dehors de Washington, dans la nature... par le biais du Potomac ! [le fleuve qui borde DC pour rappel] Avec un grand soleil et une eau à 13°C, nous nous sommes élancées sur l'eau dans un kayak biplace vert ! Et là, nous avons ramé, ramé, ramé... jusqu'à nous éloigner de l'agglomération en direction du nord...
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Au début, nous avons longé quelques bâtiments/sites connus. Ci-dessous, vous allez voir le Watergate Complex, le fameux bâtiment dans lequel se trouvaient les locaux du parti démocrate où ont été posés les micros espions avec l'aval de Richard Nixon au début des années 1970. Aujourd'hui, le complexe - qui devait être révolutionnaire par son modernisme quand il a été construit, parce qu'il est circulaire - a très mal vieilli et il est devenu de loin l'un des bâtiments les plus ugly de DC. Vous noterez aussi le Washington Monument sur la droite, qu'on voit décidément de très loin.
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Nous avons aussi longé Rosslyn, une grosse agglomération séparée de Washington uniquement par le Potomac. Vous noterez d'emblée tous ces grattes-ciels de verre et d'acier qu'on ne voit pas à Washington, puisque la loi selon laquelle "aucun bâtiment ne peut dépasser le Congrès en hauteur" ne s'applique plus une fois sorti de la commune de Washington.
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Et puis peu à peu, les immeubles disparaissent, laissant place à de rares petites maisons abritant des snacks et des locations de bateaux... Encore une spéciale cacedédi à Angie : les clochetons derrière les arbres, ce sont ceux de Georgetown University.
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Et puis tout à coup, plus rien... Nous, toutes seules... Deux/trois kayaks ou petits bateaux de plaisance au loin... Plus un bruit à l'exception du clapotis de l'eau contre la paroi du kayak et le bruit des rames. Et là, c'est très TRES beau !
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Des petits îlots avec des arbrisseaux plantés dans le roc...
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Des espèces de grands hérons noirs ou gris foncé. On arrête de ramer, on se tait, on attend de se rapprocher d'eux en étant juste portées par le courant, l'histoire de ne pas les effrayer, l'appareil-photo autour du cou prêt à tirer... Et puis quand on est à 15m d'eux, ils s'envolent, en rasant l'eau sur plusieurs mètres... Une impression de liberté, d'indomptabilité... C'est très émouvant pour la Josée Bové que je suis ! (Grand-Mère, je sais que toi tu me comprends...)
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Résultat : malgré des crampes dans les bras, ma peau arrachée entre l'index et le pouce de chaque main, les pieds dans la flotte et les sweat-shirts et pantalons complètement wet, une super après-midi passée "en dehors de Washington" ! A refaire absolument... dès le printemps prochain, puisque la saison est finie cette semaine ! Bisous les p'tits loups...
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vendredi 22 octobre 2010

Il est venu le temps de la cathédrale...

Bon, étant donné le jeu de mots pourri que j'ai fait sur le titre de mon post, vous vous doutez aisément de ce que j'ai fait cet après-midi. Accompagnée d'Hyuna et d'Irene (une autre Coréenne), j'ai fait une petite marche à pied d'1h30 dans le froid soleil d'automne pour aller du campus à la Cathédrale de Washington, à l'extrême nord-ouest de la ville, dans les quartiers chicos.
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L'occasion de remonter Massachussetts Avenue, alias Embassy Row, en raison de toutes les ambassades qui s'y trouvent. Un petit air européen pour certains bâtiments : des maisons victoriennes, néogothiques, Renaissance, haussmanniennes... Une grande modernité digne de l'ambassade de France à Mascate pour d'autres... Illustration :
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L'occasion de voir aussi quelques très jolies maisons particulières qui ne doivent pas se donner...
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... et puis une église progressiste qui ne rejette pas les homos ! (c'est assez rare pour être souligné !)
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Une mosquée... La première que je vois aux Etats-Unis en deux mois ! (ça change de Dubai et Mascate !)
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Et puis partout, un parfum d'automne et d'Halloween qui se prépare... On n'y est pas encore, mais à voir les jardins customisés et les citrouilles partout, Halloween a l'air d'avoir un côté moins "commercial de mauvais goût" qu'en France. Pour l'instant, c'est joli comme tout... Des cultivateurs installent leurs potirons et leurs chrysanthèmes à vendre sur des pelouses en bord d'allées... Des gens décorent leurs perrons... Jugez par vous-mêmes !
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Après ce long périple donc (ça n'avait pas l'air si loin sur le plan évidemment...), nous arrivons ENFIN devant la Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul. D'inspiration "gothique anglais" - bien qu'elle ait été commencée en 1907 et finie en 1990 à peine - c'est la 6ème plus grande cathédrale au monde. Je dois dire que d'extérieur, elle est somptueuse... même si elle manque de pierres noircies, usées et de crottes de pigeon pour paraître complètement authentique.
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Malheureusement, nous n'avons pas vu l'intérieur, parce qu'avec la poisse qui me caractérise, quand nous sommes arrivées sur le parvis à 15h40, la cathédrale venait de fermer, 10 minutes plus tôt, "due to exceptional circumstances". Du coup, on y retournera, mais cette fois, on pourrait bien prendre le bus !

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jeudi 21 octobre 2010

The slaps' week

Cette semaine, j'ai reçu deux claques en pleine figure... Une claque artistique mineure. Et une claque humaine décisive.
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Je m'explique...
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I. The artistic slap
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Samedi dernier, en plus d'être allée au cinéma, je suis allée à la National Gallery of Art de Washington... chose que je vous avais cachée pour mieux vous en parler ensuite ! Cette visite faisait partie de mes projets depuis longtemps, je l'attendais avec impatience, mais je la repoussais sans cesse, pour y aller avec Marine et Mathilde. N'y tenant plus, j'ai donc passé 3h dans ladite galerie samedi après-midi, toute seule. Et je dois dire qu'après avoir été plus ou moins déçue par deux des musées que j'ai déjà vus à DC, celui-ci a comblé toutes mes attentes !
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Il n'est ni à la hauteur du Musée d'Orsay, ni du Musée du Vatican, ni du Musée Thyssen-Bornemisza (ça n'engage que moi !) mais il est quand même magnifique ! Deux ailes reliées entre elles par un tunnel souterrain couvert de diodes scintillantes, digne de Star Wars :
- une néoclassique (cf. la photo qui précède), construite par Pope en 1941,
- et une contemporaine, construite par Pei, dans le même style que la pyramide du Louvre et le carrousel (cf. la photo qui suit).
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Étant donné le nombre impressionnant de toiles que possède le musée, on pourrait facilement y passer une 4 jours. J'ai donc sélectionné un-quart-d'un-étage-d'une-des-deux-ailes et je me suis concentrée dessus. J'ai ainsi pu faire :
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- la peinture espagnole des 18th et 19th siècles. Étonnamment, les Américains n'ont pas grand-chose dans ce domaine. 4-5 Goya se courent après dans une unique petite salle. Et puis, je veux pas jouer les blasées, mais après Madrid, difficile de rivaliser...
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- la peinture française des 18th et 19th siècles. Là par-contre, il y avait un paquet de jolis Fragonard (et non Popi, Fragonard, ce n'est pas qu'un magasin chic à Saint-Germain... ;-) et Chardin, ainsi que quelques belles sculptures. Petit aperçu en images :
* Jeune fille lisant, par Fragonard
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Alexandre Brongniart, par Houdon
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- la peinture anglaise. J'ai beau ne pas être une huge fan de Turner, je dois avouer que certains tableaux sont vraiment beaux ; il y a une lumière vraiment particulière... Et puis des beaux portraits et paysages par Constable, Gainsborough, Reynolds... Les classiques quoi ! J'ai vu un portrait en pied de deux jeunes filles anglaises ; celle de droite ressemblait comme deux gouttes d'eau à Eva. C'était saisissant !... Impossible de retrouver son nom et donc de la « googliser ». Quand je retournerai à la NGA, je regarderai.
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Venise, le Palais des Doges et Saint-Georges-Majeur, par William Turner
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- la peinture américaine enfin, du 18th siècle à la première moitié du 20th siècle. Entre autres :
Des portraits des premiers présidents. Je vous mets Georgie quand même... Mais pas Tomtom, parce qu'il n'est pas à son avantage sur le tableau de Gilbert Stuart je trouve. Et je vous mets pas non plus Monroe ; j'avais jamais vu sa tête... Il est laid ! On dirait un rat musqué...
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Celui qui m'a beaucoup plu et que je n'avais jamais eu l'occasion de voir dans aucun musée : George Catlin, un peintre qui a beaucoup peint les Indiens d'Amérique. Le section américaine du musée compte ainsi de très beaux portraits de chefs indiens, de scènes de danse indienne, etc. C'est peu courant...
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Autre chose, qui n'était pas très beau mais vraiment impressionnant, c'était cette sculpture taille réelle d'Augustus Saint-Gaudens : le « Shaw Memorial », censé commémorer un valeureux colonel mort près de Charleston vers la fin de la guerre de Sécession ainsi que son bataillon. La spécificité de la sculpture ? Le 54° régiment emmené par Shaw était la première unité de l'armée américaine à inclure des Noirs-Américains. A l'époque, l'idée de sculpter un mémorial à la gloire de ces soldats était assez révolutionnaire !
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Enfin, pour terminer, je vous mets... des poires ! Non pas en référence à mon pseudo, mais parce que moi qui ne suis pas sensible aux still lives en général, je ne sais pas pourquoi mais j'ai beaucoup aimé celle-ci. Elles sont tellement bien peintes, en termes de proportions, de couleurs, de finesse, qu'on croirait presque pouvoir les toucher. Je vous assure, ça ne rendra peut-être pas grand-chose avec une image du tableau piquée sur Internet, mais en vrai, le réalisme de ces poires est frappant !
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George Washington, par Stuart
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Boy-Chief, Ojibbeway, par George Catlin
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Ripening Pears, par Joseph Decker
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Enfin, pour terminer ce petit tour virtuel d'une toute petite partie de la NGA, je voudrais vous mettre aussi deux photos du Sculpture Garden, qui jouxte l'aile néoclassique, et dont je vous avais déjà parlé, à l'occasion des concerts de jazz le vendredi soir en été.
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Mon gros coup de cœur, cette arbre nu tout en acier, qu'on dirait sorti tout droit d' « Edouard aux mains d'argent » ! C'est l'œuvre de Roxy Paine, intitulée Graft.
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Et puis House I par Roy Liechstenstein : cette espèce de sculpture est faite de trois plans (correspondant aux trois aplats de couleur) assemblés de façon concave, ce qui fait que, selon où l'on se place, on a toujours l'impression de voir une maison proportionnée mais dans une perspective différente.
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Cécile, je suis gentille, je ne mets pas la sculpture de l'araignée géante en métal...
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II. The human slap
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Bon, cette deuxième claque n'a absolument rien à voir avec la première. Elle correspond à une conférence à laquelle j'ai assisté hier soir à la Elliott School, qui fait que ça y est, j'ai pris ma décision quant à mon choix de Master ! Ça faisait un an que je balançais entre « Affaires publiques » et « Affaires internationales ». Et bien sans qu'il le sache, le monsieur que j'ai écouté parler hier soir comme s'il s'agissait de Père Castor, a été le déclic ! Nina, prépare-toi à me supporter encore deux ans de plus, parce que j'opte définitivement pour « Affaires internationales » !...
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Je m'explique. Le sujet de la conférence d'hier soir : « Let’s Start with Haiti : President Obama’s New Vision for Development Work ». L'intervenant : Ray Offenheiser, le Président d'Oxfam Amérique.
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« Oxfam » vient de « Oxford Committee for Relief Famine », une organisation fondée en Grande-Bretagne en 1942. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, ce groupe milita pour que des vivres soient envoyés, malgré le blocus naval des alliés, aux femmes et enfants qui mourraient de faim en Grèce, pays alors occupé par l’ennemi. Depuis, Oxfam s'est développé, sous la forme d'Organisations Non-Gouvernementales alliées implantées dans 14 pays. Œuvrant aujourd'hui dans 99 pays dans le monde, Oxfam est devenu le leader mondial en matière de mesures d'urgences pour lutter contre les catastrophes naturelles, la pauvreté, la maladie, le commerce non-équitable, et développer l'éducation.
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Quant à Ray Offenheiser, depuis 1995, il est donc le Président d'Oxfam Amérique. Entre autres titres pompeux, il est membre du Conseil des Relations Étrangères pour l'État, de la Fondation Carnegie pour la Paix Internationale (l'un des plus gros think tanks au monde) ; il est aussi un scholar intervenant régulièrement à Harvard, Notre-Dame (Illinois) et Columbia. Quinquagénaire frisant la soixantaine (c'est une estimation...), barbu, il a les yeux pétillants d'intelligence et de vivacité. Il parle très vite alors j'ai du m'accrocher, mais je crois que j'ai saisi à peu près 80-90% de son discours.
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La conférence correspondait en fait à un compte-rendu de l'état d'Haïti, neuf mois après le tremblement de terre. Offenheiser nous a décrit la situation géographique, économique et humaine d'Haïti avant la catastrophe. Il a également porté un regard très critique sur la responsabilité des pays européens (la France en tête) et des États-Unis dans le développement raté d'Haïti au cours des deux siècles passés. Il a décrit comment s'était passé le séisme et ce qui en a résulté, l'action d'Oxfam et des autres ONG sur le terrain dans les mois qui ont suivi, les rapports qu'entretiennent les Haïtiens avec ces « aides internationales »... Questionné sur la corruption qui règne trop souvent au sein des ONG, il n'a pas fait de langue de bois. Il a expliqué ce qu'il restait à faire à Haïti, à court et à long terme. Juste pour vous transmettre un chiffre très significatif qu'il nous a donné : 1 million de personnes, rien qu'à Port-au-Prince, n'ont toujours pas retrouvé de toit, et continuent par conséquent à s'entasser dans des tentes et des abris de fortune sur une place/avenue publique qui s'apparente au Mall en termes de superficie...
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Enfin, Offenheiser a expliqué en quoi consistait la politique de Développement d'Obama. Il m'a appris qu'Obama avait fait un discours au Congrès, il y a un mois ou deux, traitant uniquement des objectifs américains à atteindre dans les prochaines années, en matière d'aide au développement et de lutte contre la pauvreté. Le croirez-vous ? Un tel discours, axé uniquement sur ce thème, n'avait pas été fait depuis Kennedy en 1961. Offenheiser a vraisemblablement vu assez de misère dans sa vie pour être devenu quelqu'un d'hautement réaliste et pragmatique ; pourtant, il n'a pas l'air d'avoir perdu tout espoir de voir un jour les politiques et la population américaine placer le budget d'aide au développement au même rang, voire devant, le budget dévolu à la Défense. Il ne désespère pas de faire évoluer les comportements, ainsi que la théorie même d'aide au développement. Selon lui, on devrait inciter les gouvernements et la communauté internationale à agir davantage à la source du problème de la pauvreté, en mettant fin à l'assujettissement économique des pays du sud vis-à-vis des pays du nord, en apprenant à ces mêmes pays à s'auto-gouverner intelligemment. Plutôt que de toujours utiliser des pis-allers par à-coups pour lutter contre la misère une fois qu'il est trop tard, et de recourir à des ONG impérialistes qui déresponsabilisent les gouvernements locaux...
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Désolée si je ne m'exprime pas très bien ; je n'ai pas encore 35 ans de carrière derrière moi. En tout cas, Ray Offenheiser m'a inspiré beaucoup de respect et d'admiration. Grâce à lui, j'ai appris beaucoup de choses sur Haïti, et j'en suis revenue à mes premières amours : je veux passer ma vie à faire le travail qu'il fait, du concret, du pragmatisme, de l'utile... Pas des courbettes en mangeant des petits fours dans les salons Louis XVI d'un quelconque ministère, ni de la paperasse sans foi ni loi prétendument utile et en réalité destinée à finir dans une déchiqueteuse... Et sans même parler du long terme, je ne veux pas m'embêter encore deux ans de plus à mon retour à Paris à étudier de la comptabilité publique, du droit public, de la finance. Je ne veux pas me re-focaliser sur un concours que, soyons honnêtes, je n'ai aucune chance de décrocher ! Je veux faire ce que le génial Père Castor d'hier faisait...
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Voilà ! La grosse claque étant digérée, je m'apprête à savourer à nouveau chaque jour passé à Washington. Bisous les copains ! :-)
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PS : En me relisant, je réalise que l'anglais finit quand même par rentrer... J'ai perdu l'habitude d'écrire les siècles en chiffres romains, et je me trompe dans les suffixes... Les essays vont finir par payer ! :-)

lundi 18 octobre 2010

6 pieds 10 pouces

Bon, c'est parti les copains, au diable les papers ; je vous raconte les trucs pas mal que j'ai faits/vécus cette semaine !

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Savouré...

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Mercredi dernier, c'était le deuxième dîner de coloc' que Charlotte, Kei, Hyuna et moi organisions dans notre petit chez-nous. Cette fois, c'était au tour de Kei et Hyuna de nous préparer un repas. Je ne vais pas vous détailler le menu, parce qu'il ne comportait rien d'extraordinaire... à l'exception des appetizers préparés par Hyuna !

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Décidément, ma roommie est vraiment un cordon bleu (j'avais envie de faire une blague sur "cordon jaune"... Oh et puis zut ! C'est pas politiquement correct mais c'est pas méchant non plus, alors je la fais !). Cette fois, elle avait préparé une espèce de purée de patate douce, assez consistante, qu'elle avait transformée en boules, renfermant du kimchi (toujours ce chou rouge, qui est visiblement aux Coréens ce que les patates sont à Grand-Mère ;-) et des petits bouts de fromage. Une fois prêtes, elle les a mises au four pendant quelques minutes, de sorte qu'en les en ressortant, elles présentaient une fine croûte légèrement croustillante, et le fromage à l'intérieur avait fondu. Mmmmmmmm... Un régal ! Une tuerie !

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Avis à mes lecteurs : testez les restaurants coréens si ce n'est pas déjà fait ! En plus, si tous les cuisiniers coréens sont comme Hyuna, vous n'avez rien à craindre en termes d'hygiène ; elle prépare tout avec des gants transparents jetables, elle répartit tous ses ingrédients dans des petits bols impeccables à la façon de Joël Robuchon... C'est beau à voir... et c'est bon à manger !

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De g. à d. : Kei, Charlotte, moi et Hyuna

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Assisté...

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Vendredi dernier, c'était l'ouverture officielle de la saison de basket de GW. A cette occasion, un gros show avait lieu dans l'énorme stade couvert de l'université, à un block de chez moi. On ne savait pas trop en quoi ça consistait mais on venait de passer tout l'après-midi en bibli à travailler et c'était "free entrance" alors j'y suis allée avec Marine, Connie (la Chilienne) et Tim (un Australien)... Autant vous dire que ça en valait la peine ! L'Amérique dans toute sa splendeur et ses clichés ; l'impression d'être devenue une figurante dans une série-télé... Je m'explique...

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On a commencé par faire la queue, sur deux côtés du block ; on a cru qu'on ne rentrerait jamais... Et puis on y est arrivé ! Armés de canettes de Coca distribuées à l'entrée, on a pénétré dans le saint des saints... De la musique à fond les ballons, des projecteurs partout, des écrans géants à 4 côtés, des lasers, des cris, beaucoup beaucoup de monde, y compris des parents d'élèves...

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Comme toujours, on commence par l'hymne américain, avec pour image un immense drapeau américain tendu par les pompoms locales...

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Ensuite, on continue avec un numéro des cheerleaders en question, autrement impressionnantes que les pompoms telles qu'on se les imagine en France : vraiment souples, vraiment acrobatiques, vraiment en rythme, vraiment danseuses... Pas juste agiteuses de pompoms à ma façon quoi...! Des pyramides humaines, des portés, des sauts vertigineux, des pirouettes, et une grande synchronisation ! Je ne sais pas si elles sont entraînées par Sue Sylvester ;-) mais en tout cas, elles sont sacrément décoiffantes ! Ne pouvant pas vous mettre la p'tite vidéo que j'ai faite sur mon blog, je vous renvoie à Youtube, où vous trouverez la choré très similaire qu'avait faite la cheer team en 2005 : http://www.youtube.com/watch?v=UdgvqY8rZTQ. Génial !

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Après ça, le dean a fait son apparition, en maillot de basket par-dessus un pantalon beige tout ce qu'il y a de plus convenable... [J'ai du mal à imaginer Richie aussi décontracté au Crit'.] Il s'est retrouvé au milieu des capitaines des deux équipes (féminine et masculine) des Colonials, puisque c'est comme ça que s'appellent les sportifs de George Washington, qui faisaient bien 2 têtes de plus que lui... Accrochez-vous : la capitaine mesure 6 pieds, 5 pouces (soit 1m96) et le capitaine mesure 6 pieds, 10 pouces (2m08).

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Les joueurs de chacune des deux équipes ont ensuite été présentés individuellement, leurs nom, ville d'origine et taille étant hurlés dans le micro par le présentateur, sur fond de projections lasers et de fumée dignes de "La guerre des étoiles". L'équipe masculine a eu droit à un tapage particulier, étant donné qu'elle est très très bien classée au niveau national (dans le tournoi des universités). [Angèle, je ne sais pas où sont les Hoyas par rapport aux Colonials, mais je serais curieuse de le savoir...] Et puis, toutes les freshmen étaient hystériques face à ces grands Blacks hyper-musclés. Les basketteurs nous ont gratifiés d'un numéro de danse avec l'équipe féminine de danse de l'université. Et même s'ils sont vraisemblablement plus à l'aise avec des baskets et un ballon entre les mains, ils ne s'en sont pas trop mal sortis en costume trois pièces à se trémousser en rythme...

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A cela s'est ajouté un numéro de hip-hop tout aussi impressionnant et chouette que celui des pompoms. Et puis, un quatuor de percussions a aussi fait une super démonstration d'agilité : quatre Blacks assis sur des bidons, serrant des bidons plus petits retournés entre les jambes, et tambourinant à toute allure, tout en restant parfaitement synchro les uns avec les autres, en s'amusant à faire tourner leurs baguettes en l'air entre chaque battement... Dit comme ça, ça n'a pas l'air hors du commun, mais je vous assure que ça l'est : c'était un vrai numéro à cheval entre la musique et le jonglage ! Encore une fois, je ne peux pas mettre ma vidéo sur le blog, alors voici le lien Youtube par un groupe tout aussi similaire, originaire de Chicago comme celui que nous avons vu : http://www.youtube.com/watch?v=_kZf9mIJLew.

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En vrac : ajoutez à ça des fréquents lancers de t-shirts/pompoms (j'en ai eu un !!! même qu'il clignote...!)/tricornes en mousse/burritos au hasard dans le public... Ajoutez les fréquents passages sur le terrain d'un George Washington gonflable, d'un Hippo gonflable, et d'un deuxième George Washington gonflable plus gros surnommé "Big George" (allez savoir pourquoi...)... Ajoutez la projection parallèle de petits films à la gloire de nos deux équipes de basket au dessus d'un terrain et devant des gradins déjà bouillonnants et trépignants... Vous visualiserez un peu l'ambiance de folie qui règnait dans le stade ce soir-là !

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Ah oui ! J'oubliais... Tout ça s'est fini dans une ronde fraternelle de la plupart des participants au show, chantant l'hymne de l'université, notre Alma Mater à laquelle on reste attachée toute sa vie, en tant qu'ancien élève...

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Très bonne soirée donc, qui m'en a mis plein les mirettes ! :-)

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Vu...

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Samedi soir, je suis allé voir "The Social Network" à Georgetown, l'histoire de Mark Zuckerberg, le créateur de Facebook. Bilan en deux temps trois mouvements avant que je m'en aille dodoter :

1) Le cinéma coûte extrêmement cher à Washington ! $11 la séance, zéro réduction pour les étudiants. Autant vous dire que mon petit UGC Gobelins à 3,90€ la séance me manque...

2) Allez voir le film si vous en avez l'occasion : je ne sais pas s'il est véridique, en tout cas, il est très bien ! Bons acteurs, bon scénario, bonne intrigue... L'action censée se dérouler à Harvard a en fait été tournée à Johns Hopkins University, à Baltimore... là où j'ai été !

3) Mark Zuckerberg est un beau saligaud ! Il mériterait une bonne dizaine de paires de claques... Voler la propriété intellectuelle d'autres élèves d'Harvard, se servir de son "ami" pour parvenir à ses fins, le poignarder dans le dos un an après, quand la société commence à vraiment prospérer, prendre tout le monde de haut excepté un jeune businessman drogué et manipulateur nommé Sean Parker... Quel beau parcours pour en arriver là où il est maintenant !

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Sur ce, Morphée m'appelle... Alors je vous délaisse... Bisous tout le monde !

dimanche 17 octobre 2010

D'humeur peu studieuse un dimanche aprem...

Il est 18h06, nous sommes dimanche, je suis à la Gelman Library en train d'écrire mon maudit midterm paper pour mon cours sur le conflit israélo-palestinien... et j'en ai marre ! Alors c'est parti pour une petite pause blog !
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Bon, puisque je parle justement de papers, c'est l'occasion de faire un petit bilan sur déjà 7 à 8 semaines de cours, pour répondre à Marie qui s'inquiétait de savoir si je travaillais quand même un peu dans ce pays... La réponse est OUIIIII ! Je travaille même trop, comparativement aux récits de 3ème année que je peux lire à droite à gauche ; c'est pô juste... Trop de readings, trop de papers, trop d'heures indues passées en bibli depuis mon arrivée ! Fort heureusement, jusqu'à présent, la majorité de mes cours me plaisent, et mes premiers résultats sont plutôt encourageants ! :-)
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US Diplomatic History
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C'est le cours qui demande le plus d'investissement, mais c'est de loin mon préféré. J'apprends plein de choses, je lis énormément, les sujets de papers sont intéressants... Le programme du cours commence à la fin du XIX° siècle, avec les présidences McKinley/Teddy Roosevelt/Taft, etc. J'ai découvert en quoi consistait exactement l'application pure et dure de la doctrine Monroe en Amérique du Sud et dans les Caraïbes depuis la guerre hispano-cubano-filipino-américaine de 1898 jusqu'à son évolution vers une "good neighbor policy" dans les années 1930. Je me suis rendue compte à quel point le pataquès autour de la construction du Canal de Panama était amusant (j'ai soulé Marine avec ça tout un dimanche matin, elle s'en souvient encore...). J'ai étudié la politique idéaliste de Wilson, puis celle non-interventionniste de ses successeurs (Coolidge, Hoover, etc.) J'ai étudié la politique compliquée d' "Open Door" en Asie avant la guerre, avec les Japonais qui, ça se confirme, ne me plaisent vraiment pas ;-) Et là, mon dernier essai en date portait sur Truman et l'utilisation de la bombe atomique sur Hiroshima ; chose encore très intéressante à étudier d'un point de vue américain by the way... Voili voilou ce qui me captive ce semestre !
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The Israeli-Palestinian Conflict
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Aïe aïe aïe... La prof est teeeellement ennuyeuse ; elle parle d'une voix teeeeeellement basse et monocorde... Il y a teeeeeellement de readings à faire avant chaque cours (sérieusement, si je les faisais toutes, je ne dormirais plus...) que j'ai résolu la question en me mettant en grève (je reste française...). En plus, le cours est essentiellement basé sur un blabla de la prof, pas inintéressant mais complètement messy, sans queue ni tête, de sorte que j'ai lâché l'affaire... Ajoutez à cela qu'elle murmure presque plutôt qu'elle ne parle, ce qui fait que je ne comprends qu'une phrase sur deux, et vous comprendrez pourquoi j'ai du mal. Les seules choses qui me plaisent ? Les films et documentaires qu'on regarde de temps en temps sur le sujet, et l'intervention d'une jeune Palestinienne d'une ville mixte, la semaine dernière, et possédant par conséquent la nationalité israélienne...
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Film & Politics
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Bon, c'est pas si horrible que ce que je pensais... mais c'est pas non plus génial ! On a regardé quelques films très bien en début de semestre, et là, au fil du temps, on tombe dans les blockbusters américains type "Independence Day", "The Matrix", "Batman"... Sniffff... Le bon côté de ce cours, c'est que quand même, on ne fait pas que regarder des navets, qu'on a des textes philosophiques à lire à côté (Michel Foucault, John Stuart Mill, Henry Thoreau, ce bon vieux Alexis de Tocqueville, Hofstadter...) assez intéressants pour la plupart. J'apprends donc quand même des choses : sur l'individu et la société, sur l'utilisation de la paranoïa par les politiques, sur la démocratie, sur la discipline et la pénalité, etc. Niveau boulot, ça représente un court essai à rendre tous les lundis matins. C'est du travail, mais en même temps, c'est assez régulier, et du coup, je n'ai pas de gros stress avec un examen de mi-semestre par exemple... Pour la fin du semestre en revanche, on doit produire un long research paper sur un film et un concept philosophique propre à la politique américaine qui y est relié. J'envisage de faire le mien sur "Into the Wild" et l'individu coupé de la société dans Walden de Thoreau... Ca me botte assez !
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Spanish and Latino-American Literature
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L'un de mes deux cours préférés avec "US Diplomatic History". La prof est géniale : une jeune brunette Américaine à la coupe et au style "Années folles", qui a vécu longtemps en Espagne et en Amérique latine, hyper énergique et dynamique... Elle nous fait cravacher (déjà 4 essais de rendus) mais ça en vaut la peine ! Je n'ai jamais autant lu de poésie du Siècle d'Or ni de nouvelles de Cortazar en espagnol. Même si je reste plus ou moins insensible à la première, le cycle de lecture de l'écrivain argentin m'a beaucoup beaucoup plu ! Certaines nouvelles sont vraiment géniales ! Prochaines étapes : Borges, Garcia Marquez, et Garcia Lorca !
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Yoga
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Je zappe. La perspective de devoir tenir un "Yoga diary" toutes les semaines est déjà assez pénible... Je vais pas en plus vous en parler ! Juste pour info : les positions de l'arbre en fleurs et de la montagne renversée en équilibre sur un chimpanzé n'ont plus de secrets pour moi... =)
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Dance for Theater
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Epuisant, crevant, éreintant... mais bigrement satisfaisant ! Après pas mal de semaines passées à travailler le numéro "Steam Heat" extrait du Pajama Game, nous avons débuté la toute première chorégraphie de la comédie musicale Dreamgirls... Glamour au possible ! On porte ce qu'on appelle des "chaussures de caractère" (des chaussures à talon et bride, pour le flamenco, le tchatchatcha...) argentées... On adopte des poses d'actrice hollywoodienne sur un tapis rouge... C'est drôle et l'effet d'ensemble (nous sommes une petite douzaine de danseuses) est génial quand on se voit dans le miroir ! Anecdote amusante : Estelle, tu dois le savoir, mais moi j'ai découvert ça : le français n'a pas encore perdu toutes ses lettres de noblesse... Tous les mouvements de danse portent encore des noms français depuis Louis XIV, ce qui fait que la prof nous abreuve de "Pliiiiiiiiiiez", "Pas de bouuuuu'ééée", "Jeeeeeté"... C'est assez drôle !
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Sur ce, il est l'heure d'aller manger, alors je vous laisse... Je reviendrai peut-être ce soir vous raconter les quelques éléments intéressants de cette dernière semaine...

dimanche 10 octobre 2010

Arlington

Hier après-midi, armés d'un bon pique-nique, Mathilde, Marine, Flavia, Edmond (un Français de Johns Hopkins University en stage au Capitole) et moi avons entrepris un graaaaaand voyage. Nous avons décidé d'aller... en Virginie ! Dit comme ça, on pourrait s'imaginer qu'il s'agit d'un Etat lointain des US. Eh bien non ! La Virginie, c'est (avec le Maryland), l'un des deux seuls Etats américains frontaliers du District of Columbia. Sachant que ledit district recouvre la superficie de Washington uniquement, on accède à ces deux Etats en quelques minutes à peine de métro. Plus simplement, on traverse l'un des ponts qui enjambent le Potomac.
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Hier, direction Arlington (VA) donc ! Arlington, c'est quoi ? Arlington, c'est le plus grand et le plus connu des cimetières militaires américains. C'est un peu les cimetières américains de Basse-Normandie (Coleville et tout le tralala) puissance 10.
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Explication :
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Arlington Cemetery a été construit pendant la Civil War (ce que nous, nous appelons la guerre de Sécession) sur la propriété du Général Lee (bien connu des cruciverbistes), général à la tête des Confédérés. Pour la p'tite histoire people, amusante coïncidence : l'épouse du Général se trouvait être l'arrière-arrière-petite-fille de George Washington. Comme quoi, on en revient toujours à Georgie... :-)
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Bref, aujourd'hui, le cimetière s'est étendu, puisque sa superficie est d'un peu plus de 250 hectares, divisés en 70 sections. Et de la propriété de Lee telle qu'elle était dans les années 1860, il ne reste que sa mansion, une maison coloniale, encore qu'elle-même a été largement remaniée au fil du temps.
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Venons-en au fait : les tombes ! Ici, on trouve donc quelque 365 000 tombes de soldats (quelques-uns sont enterrés avec leurs épouses ou leurs enfants, mais ce ne sont pas les plus courants). Ils sont morts lors de la guerre de Sécession, la guerre hispanico-cubano-filipino-américaine de 1898, la Première Guerre Mondiale, la Deuxième, la guerre de Corée, la guerre du Viêt-Nam, la guerre du Golfe, etc., bref, toutes les guerres dites "nationales". Les tombes les plus récentes datent de la guerre en Irak et de la guerre en Afghanistan.
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Certaines sections sont un peu particulières. Ex : la section 21 regroupe essentiellement des infirmières ; la section 27 rassemble quelque 3800 esclaves affranchis ayant pris part à la guerre de Sécession, du côté des Nordistes bien évidemment. Et puis on trouve aussi un Mémorial dédié aux Soldats Inconnus, décédés au cours de chaque guerre. Depuis le 6 avril 1946, celui-ci est gardé par l'armée, sans interruption, ce qui donne lieu à la relève de la garde, très appréciée des touristes, toutes les heures.
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Du côté des "célébrités" enterrées/honorées dans ce "Père Lachaise" américain, on retiendra :
- les Kennedy (JFK, Bob, Jacki, Ted...) enterrés tous à proximité les uns des autres sous des dalles brillant de sobriété ;
- le jazzman Glenn Miller, disparu en mission en décembre 1944 ;
- Pierre L'Enfant, l'architecte à l'origine de la ville de Washington ;
- plusieurs des Présidents américains de la fin du XIX°-début XX°, dont William H. Taft par exemple ;
- les Américains décédés lors de l'attentat de Lockerbie ;
- ceux décédés lors du crash sur le Pentagon le 11 septembre 2001 ;
- ceux décédés lors du lancement raté d'une navette spatiale en 1986.
etc.
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Ici, la tombe encore assez "fraîche" de Ted Kennedy, enterré au pied de la maison du Général Lee.
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Etant donné que 27 enterrements en moyenne ont lieu chaque semaine à Arlington, le site compte aussi un immense amphithéâtre d'inspiration antique (1500 places), pour toutes les cérémonies/commémorations officielles.
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Voilà pourquoi ce qu'on peut voir dans ce cimetière, ce sont des dalles/croix blanches par milliers, aligné(e)s sans discontinuité, jusqu'à perte de vue. C'est très impressionnant, moving, ça force le respect... mais en même temps, ce n'est pas gloomy du tout. Le site est très vallonné et arboré, et surplombe l'agglomération de Washington par endroits, ce qui offre un très beau panorama. Comme vous pouvez le voir, il fait bon être enterré ici : c'est très calme, très serein, peaceful. J'ai trouvé que le cimetière n'incitait pas du tout à un appitoiement ou aux larmes ; simplement au "doux souvenir" des morts pour la patrie. J'ai vu quelque part qu'à Noël, quand il neigeait, ils plaçaient une couronne de houx enrubannée de rouge sur chaque tombe ; ça traduit assez bien l'état d'esprit qui règne dans ce site considéré comme le plus sacré des Etats-Unis...
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